Dans le cinquième volume de ses aventures, « Le Grimoire d’Elfie T5 : Les Reflets de Walpurgis », la jeune Elfie découvre le marais poitevin (entre La Rochelle et Niort) et des festivités réservées aux magiciens et sorcières depuis le temps de la mystérieuse fée Mélusine. Une nouvelle enquête pour la jeune adolescente, avec l’apport non négligeable de son grimoire magique, à l’issue de laquelle elle en aura appris beaucoup sur les dangers contemporains qui guettent cette zone humide remarquable et sa propre famille.
Lire la suite...COMIC BOOK HEBDO n°10 (27/01/2008).
Cette semaine : spécial comic books à Angoulême, ou pourquoi Superman n’aura JAMAIS de prix au fameux festival
Hello, I just come back from Angoulême and je vais tenter de you dresser un little tableau de la présence du comic book au sein du festival of cette année. Avant d’être gentil et content (ce sera en toute fin d’article), je vais me permettre d’être désagréable et de pousser un coup de gueule. En effet, s’il est incontestable que le comic book prend de plus en plus d’ampleur dans le marché éditorial français, il semblerait qu’Angoulême (rejoignant en cela le consensus en place largement partagé par la profession) continue à mépriser tout un pan de la création américaine, celle-là même qui est la plus américaine. Car la « présence du comic book à Angoulême » n’est pas qu’une question de stand sous les bulles, mais bien d’un état d’esprit ouvert et lucide qui malheureusement continue de faire défaut. Comment ? Aurais-je perdu tout sens commun ? N’ai-je point vu qu’il y avait une expo sur les 4 Fantastiques ? Que Chris Claremont était présent ? Que le prix du meilleur album a été donné à un dessinateur australien ? Si si, j’ai bien vu tout ça. Mais la réalité est souvent faite de plusieurs vérités qui ne s’accordent pas forcément de manière cohérente et qui surtout n’expliquent rien si on ne les décortique pas en dehors de ce fameux consensus de rigueur. Mais je m’explique…
Monsieur Franck Bondoux aura beau clamer que le festival n’aura jamais été aussi international, il n’en reste pas moins que c’est un international très subjectif qui est mis en avant. Quel international ? Celui de la mouvance économico-artistique ? Celui de la bienséance intellectuelle qu’on manie avec suffisance pendant les rencontres professionnelles ? Celui qui arrange tout le monde ? Les postures et l’argent semblent toujours prévaloir sur le talent et la création… Attention, ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit, car effectivement entre la forte présence de l’Argentine à travers différentes manifestations très réussies, les rencontres internationales ou bien le prix du patrimoine qui revient à une œuvre finlandaise, par exemple, on ne peut que constater que la dimension internationale du festival est bien une réalité. Mais je ne peux m’empêcher de penser que malgré les exemples précités, l’accent est mis sur l’économiquement correct et laisse sur le bord de la route – avec un mépris insupportablement stupide – des œuvres et des auteurs majeurs, ou même pire : de véritables mouvements artistiques en plein essor.
Je ne prêche pas pour ma chapelle car j’aime autant Crepax, Nine ou Franquin que Sienkiewicz, Maleev ou Byrne, mais je vous le dis : le festival d’Angoulême n’aime pas les comic books, méprise les comic books, ne reconnaît pas les comic books, ne connaît tout simplement pas les comic books car il ne les lit pas, et l’on dirait que rien ne s’est passé depuis Kirby, et l’on dirait que comic book sera toujours synonyme de super-héros débiles, et… et y en a marre. Par contre tout est fait pour profiter de la vague manga et dérouler le tapis rouge à la Chine et tout ce qui ressemble de près ou de loin à de la production asiatique. De même, surfant sur le succès de Persepolis (hum), il est de bon ton de mettre en avant une certaine production allant dans ce sens (je n’irai pas plus loin). Et puis sans même parler de prix (et je n’oublie pas que Gaiman a récemment eu un prix à Angoulême), si l’on s’en tient ne serait-ce qu’aux albums sélectionnés pour cette année, on voit bien que ce sont les auteurs qui créent les œuvres les plus « européennes » qui sont retenus pour ce qui est de la production américaine et anglophone (en ce sens où, à l’instar d’un Spielgelman, la nature même de leur travail, assez intellectuelle pour être considérée comme sérieuse et s’articulant sur une narration se démarquant d’une certaine Amérique, se rapproche des codes du vieux continent). On le constate avec évidence en ce qui concerne Shaun Tan qui a eu le prix du meilleur album pour Là Où Vont Nos Pères (magnifique album). Chris Ware, Peter Bagge, Joe Matt, Robert Crumb, Jules Feiffer, sont des auteurs respectables car ils sont underground, intellos, et peuvent donc se joindre aux festivités. Par contre, une pléiade d’auteurs et d’artistes ne semblent pas dignes de faire partie du cercle (je rappelle que je suis le premier à crier au génie en ce qui concerne Ware, Crumb ou Feiffer). Je dois être très con, car je croyais qu’Ashley Wood, Warren Ellis, Ben Templesmith, Brian K. Vaughan ou John Cassaday (par exemple) étaient de grands auteurs… Mais ce ne sont que de piètres américains qui ne sont même pas capables de faire 300 pages sur leur vie quotidienne inintéressante…En plus ils fricotent avec des récits où l’on croise des super-mecs en collants, alors… La honte ! Ce sont les sous-artistes de la sous-littérature, et même l’Homme-Taupe n’en voudrait pas pour esclaves.
Je vais me faire des ennemis, mais franchement, qu’est-ce qui est le plus intellectuel, le plus intéressant, le plus intelligent : la fatigue chronique de Joe Matt ou l’analyse des rouages de notre monde contemporain par Vaughan ou Ellis ? Qu’est-ce qui est le plus beau, le plus recherché, le plus talentueusement mis en scène par une narration comprise, assumée et novatrice ? Les gratouillages graphiques de l’Association et consorts ou la magnificence d’un J.H Williams III ? Ah bah oui, je sais, vu comme ça ça fait tout drôle, mais bon c’est comme ça c’est comme ça, hein, il faut bien appeler un chat un chat… Je pensais que des œuvres telles que The Filth, Ex Machina, Transmetropolitan ou Promethea apportaient plus d’intelligence et de beauté à la bande dessinée que les scribouillages informes et les histoires informes des nouvelles sfars de la bande dessinée française (y a une coquille, là ?). Sans parler de Civil War qu’on aurait pu classer au milieu de quelques fanzines dans la sélection alternative pour la révolution qu’elle apporte, ou du volume paru sur Stan Lee dans la catégorie Patrimoine. Et puis qu’on ne me rétorque pas ce sempiternel argument que le délai entre les parutions américaines et leur publication en France est trop long et qu’il rend la production anachronique avec la logique annuelle du festival : Delcourt a publié en septembre 2007 le fabuleux et magnifique Fell de Warren Ellis et Ben Templesmith, paru en TPB aux Etats-Unis en avril 2007. De même, les délais se sont considérablement raccourcis pour Panini Comics, au point que cet alibi du décalage éditorial ne tient plus la route une seconde (mais comment ont-ils fait pour ne pas retenir Fell dans la sélection, ou bien le génialissime Popbot vol.2 chez Carabas ?). Et encore, je parle ici d’un comic book de polar, mais je sais combien il est insupportable pour certaines oreilles d’entendre dire que même dans la production de comic books de super-héros se profilent des œuvres bien plus intelligentes et brillantes que dans bon nombre de productions « bien comme il faut de chez nous ».
Et l’exposition sur les 4 Fantastiques, me direz-vous… Non, je ne l’oublie pas, elle était même très intéressante et bien foutue. Mais ne nous leurrons pas, si cette expo n’avait pas eu pour but de présenter le travail du studio d’animation charentais Moonscoop sur l’adaptation en 26 dessins animés de 26 minutes de ce comic mythique, croyez-vous sincèrement que les FF auraient eu droit à une exposition au Conseil Général, mmh ? (la partie 3D est réalisée à Angoulême tandis que l’animation 2D se fait dans les studios parisiens).
Enfin, pensez-vous que si Panini n’avait pas eu de stand on aurait pu croiser Chris Claremont au festival ? Je ne crois pas… Scott McCloud est bien plus politiquement correct, bien plus sérieux, il était donc invité… J’adore McCloud, j’ai lu tous ses livres avec passion. Mais est-ce pour autant que Claremont est un petit rigolo, un auteur mineur ? Non. Car McCloud, LUI, a lu les ouvrages de Claremont. Je dirai des gentillesses quand le festival aura les… tripes d’inviter à la fois Spielgelman et Grant Morrison en connaissance de cause. Pas avant. Ou alors qu’on nous dise les choses clairement et qu’on ne se retranche pas derrière cette façade en trompe-l’œil de l’international. Il serait peut-être temps d’ouvrir les yeux, les gars : la bande dessinée, la vraie, va au-delà de ce que vous aimez et considérez.
Je sais qu’il est de bon ton, après les avoir encensés, de taper à tout va sur les Inrockuptibles. Mais même s’ils tombent eux aussi dans le panneau de la nouvelle BD « intellectuelle » française, ils présentent néanmoins dans leur numéro spécial 100 BD Indispensables à peu près 20% de comic books sur cette sélection de 100 bandes dessinées. Plus intéressant encore, sur ces 20% nous ne trouvons pas que Little Nemo, Polly and her Pals, Peanuts ou Krazy Kat (sans parler de Ware, Crumb, Burns ou Eisner), mais aussi Spider-Man de Lee et Ditko, Hellboy de Mignola, Fantastic Four de Lee et Kirby, Batman de Neal Adams, Superman de Siegel et Shuster, et même (bravo !) X-Men de Claremont et Byrne !
Bon, ça y est, j’ai assez râlé ? Je vais donc pouvoir finir sur une note plus optimiste. Cette édition du festival d’Angoulême fut des plus plaisantes et une très bonne surprise par rapport à la catastrophe de l’année dernière. Je parle bien sûr du retour du festival au sein de la ville, recréant une émulation de rencontres et de passions par ce simple fait géographique (en 2007, lorsque nous sortions dans la rue, nous ne parlions pas trop fort pour ne pas faire d’écho contre les façades des rues désertes où à chaque instant nous nous attendions à voir rouler ces boules d’herbes spécifiques aux westerns des grands espaces). La vie est revenue dans la ville, et une agréable sensation de partage à nouveau possible se fait plus tangible. Les rues étaient remplies de monde, les circulations entre les bulles nombreuses, et nous avons assisté à un retour en force de différents événements artistiques proposés au public. Bravo, car l’amertume de l’année passée eut pu être tragique, voire fatidique pour la superbe de ce festival.
Et pour revenir aux comic books, c’est vrai que l’expo sur les FF était très sympathique, et que les dédicaces du stand Panini ont réjoui de nombreux fans qui sont repartis – fébriles – avec de superbes dessins de Gabriele Dell’Otto, Niko Henrichon, Riccardo Burchielli, Hyeon-Sook Lee, Adi Granov ou Philippe Briones. Chris Claremont fut très sollicité.
Enfin, dans la bulle du Nouveau Monde, certains éditeurs indépendants et/ou étrangers proposaient sur leurs stands de nombreuses parutions anglophones, du comic book aux fanzine en passant par des ouvrages historiques ou monographiques. De même, dans la bulle Para-BD et Bouquinistes, les aficionados ont pu trouver quelques merveilles…
En cliquant sur le petit appareil photo (en haut à droite de cet article), vous pourrez voir une sélection de photos que j’ai prises de l’expo FF et des dédicaces.
À vendredi soir pour un Comic Book Hebdo à nouveau consacré aux dernières parutions importantes en librairie.
Cecil McKinley.