PLUS DE LECTURES DU 21 JANVIER 2008

Et voici notre sélection de la semaine : “ Les sentinelles T.1 : Les moissons d’acier ” par Enrique Breccia et Xavier Dorison, “ London Calling T.2 ” par Phicil et Sylvain Runberg, et “ Tiffany T.2 : Célestine T 1867 ” par Herval et Yann.

 


Cliquez sur l’appareil photo pour découvrir les couvertures des albums chroniqués.


Les sentinelles T.1 : Les moissons d’acier ” par Enrique Breccia et Xavier Dorison Editions Robert Laffont (14,95 Euros)


A l’origine, ce «Robocop» de la Première Guerre Mondiale est né d’une proposition à Xavier Dorison, de la part des éditions américaines Marvel, consistant à écrire une histoire d’un de leurs super-héros. Le scénariste du «Troisième testament» leur avait proposé une aventure d’«Iron Man» qui se serait passée en 1917. Malheureusement, la Marvel a abandonné ses collaborations avec des auteurs européens, mais le concept de mélanger le mythe du super-héros et l’époque de la guerre de 14-18 a fini par germer…, chez Robert Laffont ; ceci grâce à l’éditrice Marya Smirnoff qui lui a soumis des dessins du fils d’Alberto Breccia, le célèbre auteur argentin. Son graphisme latin, à la fois réaliste et caricatural, colle parfaitement à l’authenticité de ce scénario qui introduit une pointe de fantastique dans un contexte historique bien particulier. Au milieu de cette boucherie, certains gradés tentent de redonner vie à un projet de super-soldats en usant de tous les moyens, malgré la raillerie de ses supérieurs. Détruisant le séduisant et généreux inventeur d’une pile au radium indispensable à sa terrifiante créature, le militaire fou va utiliser son corps mutilé pour lui greffer des membres métalliques qui vont le rendre invincible… Ce traitement sans concession nous rappelle certaines œuvres du génial Alan Moore : la classe !


 


London Calling T.2 ” par Phicil et Sylvain Runberg


Editions Futuropolis (14,50 Euros)


Issue de la regrettée collection «32» (certainement venue trop tôt dans le paysage éditorial), cette 2ème partie d’un road-movie urbain et initiatique tient toutes les promesses du 1er opus : lequel nous racontait le voyage outre-Manche, au début des années 1990, de deux jeunes Marseillais fans de musique rock et électronique. Alors que cette tentative de faire son trou, dans la cité des clubs et de la musique, ne se passe pas du tout aussi bien que prévu (les liens d’amitié que l’un des deux étudiants avait tissés, lors d’un premier séjour qu’il jugeait inoubliable, n’étaient pas aussi indéfectibles qu’il le croyait), les deux jeunes hommes sont confrontés à l’univers dur et brutal de cette Angleterre post-thatchérienne, socialement démantelée. Obligés de vivre dans un squat grouillant de cafards, qui vont finir par leur refiler la gale, ils tentent de trouver des petits boulots pour pouvoir bouffer : le passage de l’adolescence à l’âge adulte se fait donc, pour eux, dans des conditions particulièrement difficiles et violentes… Le scénario de Sylvain Runberg sent le vécu, et le dessin «nouvelle vague» de Phicil (alias Philippe Gillot, ancien pianiste de jazz) reflète parfaitement l’ambiance du récit : sa simplicité allant de pair avec son efficacité et sa lisibilité ! Enfin, signalons que nous avons également droit, en final-prime, à deux pages très drôles qui expliquent l’investissement et le soutien du scénariste Luc Brunschwig, en tant que directeur littéraire : un apport éditorial certainement indispensable à ces deux talentueux créateurs trentenaires.


 


Tiffany T.2 : Célestine T 1867 par Herval et Yann


Editions Delcourt (12,90 Euros)


Le 2ème tome de cette prometteuse série policière confirme tout le bien que l’on pensait de la précédente enquête de cette noble escrimeuse télépathe au caractère impétueux. Capable d’entendre les pensées des personnes qu’elle croise, la belle détective doit aujourd’hui retrouver le descendant caché du Général Sylvestre Icare de Sassy, que le richissime centenaire vient de désigner comme son unique héritier, juste avant son décès. Secondée par ses deux tumultueux adjoints, elle mène discrètement son investigation dans la haute société parisienne, loin de la presse à scandales. Mais le testament attise les convoitises crapuleuses… Lorgnant toujours du côté de la comédie de mœurs, le prolifique et éclectique Yann nous propose des personnages attachants et une intrigue relativement complexe, dosant savamment ses dialogues vifs et humoristiques (bourrés de private-joke en destination des aficionados du 9ème art). Quant à la ligne claire rondouillarde et semi-réaliste d’Herval, elle accentue le côté bon enfant de ce récit qui ne se prend pas trop au sérieux, mais qui dispose de nombreux atouts pour devenir un succès public, renouant avec l’esprit de bandes dessinées aussi sympathiques et réussies que «Jérôme K. Jérôme Bloche», par exemple !


 


Gilles RATIER


 

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