SUPER-HEROS DE SEPTEMBRE 2007.

La sélection de ce qui se fait de mieux dans le monde des comics en parution française : les news, les sorties d’albums chroniquées et les parutions en kiosque.

 


Super bonjour les super ami(e)s, j’ai une bonne nouvelle pour vous : c’est la dernière fois que cette chronique paraît à un rythme anarchique, une vitesse de croisière pouvant enfin s’établir après de longs problèmes de calage avec certains éditeurs. L’actualité du comic book en VF va donc prendre un nouveau visage sur ce site. À partir du mois de novembre, vous pourrez suivre cette chronique de manière hebdomadaire, ce qui aura pour effet non négligeable de ne pas attendre de longues semaines avant de lire un papier rempli à ras bord et pour tout dire très long, de surcroît trop décalé dans le temps par rapport à l’actualité. Pour l’occasion, « Super-Héros de… » va changer de nom et s’intitulera désormais « Comic Book Hebdo ». Cette nouvelle chronique traitera des ouvrages les plus importants qui seront sortis dernièrement en librairie. Pour ce qui est de l’actualité en kiosque, vous retrouverez tous les mois une déclinaison de la présente chronique sous le nom de « Super-Héros en Kiosque ».


La bonne nouvelle, donc, c’est que vous me lirez moins longtemps. La mauvaise, c’est que vous allez me lire plus souvent. On ne fait pas toujours ce qu’on veut, dans la vie…


 


 


 


EN LIBRAIRIE


 


-FELL vol.1 : SNOWTOWN (Éditions Delcourt, collection Contrebande).


Âpre. Amer. Sombre. Rude. Incandescent. C’est Fell. De l’autre côté du pont, il y a Snowtown, une ville en proie aux constants sursauts de la noirceur humaine, cette violence sourde qui régit le quotidien d’êtres paumés à la recherche d’une issue, sans réel espoir. Une sûre et dure descente aux enfers, en contre-jour. Avec Fell, Warren Ellis nous offre l’un des meilleurs polars du moment, original tout autant que classique, un ouvrage qu’on lâche difficilement et qui reste longtemps en mémoire, suintant sa désespérance en demi teinte de manière persistante. Classique, Warren Ellis ? Jamais totalement, vous le savez, mais ici nous sommes bien loin des frasques de Transmetropolitan ou du gigantisme de The Authority, plus près d’œuvres telles que Desolation Jones, le fantastique en moins. Un Warren Ellis qui se dégage donc de sa hargne légendaire et providentielle pour se montrer plus sensible, plus mélancolique, nous laissant percevoir quelle blessure profonde, intime, fait de ce scénariste un créateur si révolté par tout ce qui se déglingue en ce bas monde. Ici la révolte est présente, elle est même centrale dans l’esprit de l’œuvre, mais elle se manifeste plus par un constat amer de la réalité que par une exacerbation des actes et des paroles. Amertume. Mais aussi le désir, et l’espoir, fragiles. Une profonde humanité se dégage de tout ça, et même si j’adore quand Ellis délire à fond la caisse, je crois que je ne l’aime jamais autant que lorsqu’il revient à lui dans un fondement sensible et lucide, perçant le secret des êtres par une narration extrêmement bien sentie et maîtrisée, alliant épiphanies et silences en contraste parfait avec l’émergence de moments intenses  ou d’éclats subits.


Ce qui frappe en premier lorsqu’on a l’album en mains, c’est bien évidemment le dessin et les couleurs de Ben Templesmith. Si les couleurs sont en corrélation avec les atmosphères lourdes ou éthérées du polar, le dessin est par contre tout à fait étonnant et faussement décalé par rapport au propos. Un propos qui aurait naturellement trouvé visage dans un dessin réaliste et sombre, implacable. Ici c’est tout le contraire. Le dessin est simple et frôle le grotesque assumé. Templesmith ne dessine pas de manière naïve, comme on pourrait le penser de prime abord, mais bien de manière outrancière, voire expressionniste, ne se souciant que peu des normes à « respecter ». L’exercice est périlleux mais fonctionne finalement à merveille puisque déformations et exagérations physiques, faciès caricaturaux, perspectives réinterprétées et simplifications cartoonesques ne nous extirpent jamais de ce quotidien ancré dans la réalité qu’est le récit d’Ellis. Mieux, cette expérience du réel interprété nous saute peut-être plus à la figure et nous touche de manière plus forte que si le dessin avait été réaliste. La réussite de ce genre d’alchimie est assez rare pour qu’on la remarque et l’encense.


Le cheveu court et blond platine, l’inspecteur Fell apprend à vivre et à travailler dans un nouvel environnement qui le happe littéralement corps et âme. Nous suivons son parcours chaotique au fil de ses enquêtes, de ses pérégrinations au sein d’une faune inquiétante ou désemparée, où le sordide surgit d’une ombre qu’on n’attendait pas. Il y a dans Fell tous les archétypes du roman noir : flic obtus mais désabusé, commissaire dépassé par les événements, serveuse et fiancée du café du coin, salopards endurcis, tension et ambiance. Mais Ellis réussit à transcender le genre tout en le respectant à la lettre, créant ainsi un formidable hommage à toute une mythologie moderne, se le réappropriant dans l’élaboration d’un véritable univers contemporain qui se révèle néanmoins universel et intemporel. Bref, c’est de toute beauté, intelligent, profond, tragique, souvent poignant. Il est frappant de constater à quel point la violence que subissent ou traversent les héros se transforme dans leur nécessité de respirer en une teinte d’une douceur douloureuse qui ne manque jamais de nous étreindre dans notre sensibilité la plus cachée, sans sensiblerie ni cliché.


Il y aurait encore beaucoup à dire sur cette œuvre en clair-obscur où les couleurs absolument magnifiques de Templesmith, oscillant entre les bruns et les bleus dans un mouvement d’atmosphères redoutablement efficace, expriment génialement les profondeurs et les passages d’ombre à lumière, avec çà et là des incandescences et des fluorescences électriques. C’est en tous points magnifique. Si vous aimez les vrais polars, jetez-vous sur Fell. Si vous aimez simplement la bande dessinée, Fell vous fera aimer le polar.


 


-1602 (Panini Comics, Marvel Deluxe).


Voici la réédition d’un petit bijou, un ovni signé Neil Gaiman et Andy Kubert : 1602. En 2004, Panini Comics l’avait édité en deux volumes dans sa collection « 100% Marvel », et un troisième tome était même paru en 2006, une suite signée cette fois par Greg Pak et Greg Tocchini (à noter que les couvertures de cette suite ont été signées par le très grand Toppi). Ce sont les huit épisodes originaux signés Gaiman et Kubert qui nous sont aujourd’hui proposés avec cette réédition à la facture très réussie (la couverture est vraiment très belle).


Pour ceux qui ne connaissent pas cette œuvre atypique, sachez qu’avec Neil Gaiman les évidences sont souvent trompeuses ; ainsi, 1602 n’est pas une transposition de l’univers Marvel dans le passé comme on a pu le lire parfois. Neil Gaiman a bien plutôt élargi la temporalité de l’Histoire des super-héros qu’il ne l’a déclinée. Le postulat de Gaiman est que suite à un voyage temporel d’un super-héros du 20e siècle, la brèche spatio-temporel a engendré l’apparition des premiers « prodiges » au tout début du 17e siècle. Ces prodiges sont des hommes et des femmes qui possèdent des pouvoirs étranges, des pouvoirs que tout amateur de Marvel identifiera sans difficulté comme l’écho antérieur de ce qui se passera plus de 300 ans plus tard pendant le Silver Age du comic book. Jeu de miroir qui n’en est finalement pas un puisque la réalité s’étend plus qu’elle ne se répond, brouillant les pistes apparemment simples de l’intrigue. Sans avoir l’air d’y toucher, Gaiman ouvre de nouvelles possibilités à l’univers Marvel, dans une direction qui eut pu paraître accessoire ou isolée, mais qui au fond redéfinit une mythologie sans lui enlever de sa substance, sans la polluer ni l’amener à une impasse. Le talent et l’ingéniosité de Gaiman s’expriment efficacement et humblement dans ce récit très bien construit et mélangeant Histoire et fantasmes (un thème récurrent dans l’œuvre de ce scénariste brillant). Il y avait un vrai risque de cliché et d’imagerie d’Épinal à raconter l’histoire de super-héros au 17e siècle : Gaiman a évité les écueils pour garder une vraie cohérence dans le propos, ne versant pas dans le gadget ou l’heroic-fantasy. D’ailleurs, un détail esthétique met subtilement en valeur cette cohérence (fond et forme se rejoignent naturellement) : il s’agit du traitement de la couleur. Sur les couvertures originales (superbes), Scott McKowen a encré ses dessins par un processus de hachures pleines et déliées rappelant le résultat des gravures imprimées de l’époque. Eh bien à l’intérieur de l’ouvrage les couleurs sont traitées dans ce rappel visuel constant, régulièrement traversées par des hachures chromatiques faisant écho à ces gravures, donnant un cachet tout particulier aux images, de manière si subtile qu’elles ne figent jamais l’ensemble dans une copie figée du style de l’époque.


On prend énormément plaisir à lire cette œuvre singulière et truffée de références incontournables ; Gaiman connaît l’univers Marvel, pas de doute ! Et on sent qu’il a pris un malin plaisir à explorer cet univers en y ciselant une nouvelle facette qui ne soit pas gratuite. Il y a beaucoup d’humour, beaucoup de gravité aussi, et l’ensemble ne cesse de surprendre. Les dessins d’Andy Kubert (oui, le fils de Joe) sont en parfaite adéquation avec le sujet, rehaussés par un joli travail de peinture numérique signée Richard Isanove.


Un album à avoir, donc, et à relire sans modération !


 


-L’ANTRE DE L’HORREUR (Panini Comics, Dark Side).


Quand Edgar Poe rencontre Richard Corben… Tout un programme ! Ce volume inaugure une nouvelle collection répondant au doux nom de « Dark Side », nous proposant des œuvres plus tournées vers l’angoisse et l’horreur que le reste des publications paniniennes. Une entrée en beauté pour cette collection, donc, avec deux maîtres de la trouille. L’album contient une dizaine de contes de Poe adaptés par Rich Margopoulos et mis en images par un Corben tourné vers le noir et le gris dans une atmosphère générale veloutée et vénéneuse. Les textes de Poe suivent in extenso chacun des contes, ce qui permet de se rendre compte du travail d’adaptation souvent décalé et audacieux de Margopoulos et Corben : une riche idée, d’autant plus que les traductions sont des incontournables Baudelaire et Mallarmé, mais aussi de Jean-Marie Maguin et de Claude Richard (un spécialiste puisqu’il avait supervisé la première édition française intégrale des contes, essais et poèmes de Poe chez Robert Laffont dans la collection « Bouquins » à la fin des années 80).


L’adaptation de classiques de la littérature en bande dessinée est toujours à double tranchant selon l’angle qu’on prend ; ne pas être redondant, ne pas faire de contre sens, être original tout autant que respectueux de l’œuvre. En cela l’album est une réussite, Margopoulos et Corben ayant réussi à garder un recul nécessaire tout en plongeant au cœur du texte, se permettant des audaces et des digressions renversantes.


Si vous êtes fan de bande dessinée américaine je ne vais pas revenir sur l’invraisemblable talent de Corben, entre hyper réalisme et outrance graphique, totalement envoûtant. Ici son dessin est noir à souhait, et ses grisés sont remarquables : des gris chauds et nuancés, de velours ou de tombe, agencés avec talent et un sens des valeurs certain. Bref, un album des plus intéressants !


Si vous aimez Corben et la littérature classique d’horreur, je vous conseille également la lecture d’un très bel album paru en 2003 aux ex-cel-len-tes éditions Toth : La Maison au Bord du Monde, adapté cette fois de l’œuvre homonyme de William Hope Hodgson, avec une chouette préface d’Alan Moore.


Bouh c’que ça fait peur !


 


-WOLVERINE : L’INTÉGRALE 1988-1989 (Panini Comics).


Wolverine est devenue une telle star qu’il est un peu inutile de lui faire de la promotion… Mais l’album dont je vous parle ici est tout à fait digne d’intérêt, donc…


Continuant d’élargir le champ de sa collection des Intégrales Marvel, Panini s’attaque aujourd’hui au mutant de mauvais poil dans ses aventures en solo, et enfonce le clou des œuvres contemporaines déjà classiques par leurs héros les plus emblématiques. Et lorsque ces héros sont portés comme ici par des auteurs tels que Claremont, Miller et Buscema, alors la chose prend inévitablement une autre dimension. Qui mieux que Chris Claremont, celui-là même qui le premier a forgé le personnage de Wolverine à travers la série des X-Men à partir des années 70, aurait pu créer les premières aventures en solo du mutant canadien avec l’acuité nécessaire pour explorer le personnage dans toute sa complexité ? Et qui mieux que Frank Miller pouvait exprimer la noirceur et la dynamique animale de Wolverine dans un trait brut, bestial, mais juste ? Enfin, Buscema a su entreprendre le personnage avec un plaisir visible et très à-propos.


Contrairement à ce qui est indiqué, le premier volume de cette intégrale ne couvre pas la période 1988-1989, mais 1974-1989 si l’on veut être juste et précis (oui, je sais, je suis pénible, mais c’est comme ça, veillons à ne pas répercuter des erreurs ou approximations si l’on veut une analyse réelle et sérieuse de la bande dessinée). L’année 1988 a été retenue car elle correspond aux débuts de la série régulière (en fait le vol.2 de Wolverine, six ans après la mini-série en quatre parties qui constitue le vol.1), mais l’ouvrage couvre bien l’intégrale de Wolverine solo puisqu’il s’ouvre sur l’épisode historique de sa première apparition dans Incredible Hulk #181 de novembre 1974, épisode signé Len Wein et Herb Trimpe. Puis nous pouvons relire la fameuse mini-série de 1982 par Claremont et Miller, magnifique. Certains se souviendront avec émotion que cette mini-série fut le premier titre de la collection « Un Récit Complet Marvel » lancée par les éditions Lug en 1984. Malheureusement, c’était une version censurée où la violence graphique de Miller avait été estompée ou tronquée. Ceux qui n’ont pas connu cette collection et qui avaient loupé sa réédition non censurée chez Bethy en 1998 peuvent donc aujourd’hui lire ce récit puissant et lancinant, presque chevaleresque, plongeant Logan dans le Japon de sa bien aimée Mariko: je les envie ! L’ouvrage se poursuit par une saga en dix épisodes toujours signée Claremont et Miller, parue dans Marvel Comics Presents en 1988, deux mois avant les débuts de la série régulière. Celle-ci sera réalisée par Claremont et John Buscema ; vous pourrez en lire ici les cinq premiers numéros.


À part l’épisode d’ouverture, la totalité des épisodes de cette intégrale se passe en Asie, ce qui donne une atmosphère tout à fait particulière à l’œuvre. Notre héros, loin de chez lui, semble trouver dans ces pays extrême-orientaux un environnement qui l’attire terriblement (sans parler de raisons de cœur). Ce qui est intéressant, c’est que nous avons plus affaire à des histoires flirtant avec le polar, l’espionnage et la saga asiatique plutôt qu’au récit de super-héros. Nous rencontrons plus de samouraïs, de ninjas, de contrebandiers et de pirates que de super-vilains. En prenant cette direction, Claremont a su comme aucun autre exprimer un pan primordial de la personnalité de Wolverine, libéré du rapport au fantastique pur et glissant vers des valeurs humaines plus concrètes. Nombre de scénaristes allaient par la suite emprunter cette brèche pour revisiter le personnage. À ne pas louper, donc ! Snikt.


 


-HULK vol.3 : PLANÈTE HULK 1/2 (Panini Comics, Marvel Monster).


Voilà un album aussi historique que jouissif, complètement dingue et pour tout dire passionnant. Ce troisième volume de Hulk dans la collection « Monster Edition » est consacré au début d’une nouvelle ère pour le colosse vert : Planète Hulk. Une ère directement liée au contexte de Civil War, ce qui nous permet une fois de plus de constater à quel point cette guerre civile est réellement un tournant dans l’histoire de Marvel. Et de constater aussi que même si ça nous fait mal, certains super-héros ne sont pas si super que ça, cette guerre révélant la nature profonde et l’éthique de chacun de nos héros de papier. Eh ben c’est pas joli joli… Car Bruce Banner devenant incontrôlable lorsqu’il se transforme en Hulk, les super-héros pro-recensement ont tout simplement décidé d’envoyer celui-ci dans l’espace, aucune prison terrestre ne pouvant contenir la furie de Hulk. Cette décision d’envoyer Hulk dans le cosmos, surtout de la part de ses congénères qu’il a si souvent aidés dans nombre de combats contre le mal, m’a profondément choqué. C’est carrément dégueulasse, non ? Ah ils ont un grand sens de l’amitié, les Reed Richards, Iron Man et consorts… Des enfoirés, oui ! Jusqu’à quel degré totalitaire de loi ces beaux héros continueront-ils d’accepter d’envoyer leurs proches dans le néant ? Une trahison de plus envers Hulk, peut-être l’ultime… Après il ne faudra pas venir se plaindre que Hulk écrabouiller chétifs humains. Bref. Le hic, c’est que Hulk n’atteindra jamais la planète « idyllique » qu’avaient choisi ses « amis » comme prison dorée : une erreur de navigation l’envoie au contraire sur une planète en proie à des mœurs sauvages tournées vers la guerre et la destruction, sous le joug d’un roi rouge absolument fasciste. Merci, Mister Fantastic !


De Planet Hulk, vous pourrez lire ici les deux premières parties en quatre épisodes (Exilé et Anarchie), ainsi qu’un très intéressant épisode annexe au récit et paru dans Giant Size Hulk #1. La suite de cette saga sera publiée dans le volume 4 de cette collection. Et le moins qu’on puisse dire, c’est que ça décoiffe ! On dévore l’histoire avec une grande excitation tant le scénario de Greg Pak est contrasté et bien ficelé ; les dessins de Carlo Pagulayan, eux, sont vraiment excellents, fins et puissants à la fois. Et puis on ne peut cesser de penser inconsciemment pendant la lecture de Planète Hulk à cette trahison au nom de l’état que subit Hulk, à ce qui va se passer après, dans quelles conditions, et si le divorce entre Hulk et l’humanité est définitif. Tous ces paramètres font de cette maxi-série un grand moment de l’histoire de Marvel, et reflète combien la richesse du propos de Civil War se manifeste par un réel travail de création au sein de la rédaction de la Maison des Idées.


L’album propose aussi l’autre épisode constituant le Giant Size Hulk #1, une histoire nous replongeant au bon vieux temps des Champions et revenant sur l’une des nombreuses méprises qui parsèment l’histoire des relations entre Hulk et les autres super-héros. Enfin, cerise sur le gâteau (et quelle cerise !), vous pourrez admirer un superbe Hulk #82 – donc antérieur à Planet Hulk – réalisé par Peter David et Jae Lee. Peter David nous offre ici un scénario âpre et sensible, proche des grands thèmes de l’amour d’outre-tombe présents dans la littérature d’horreur classique (voir Poe plus haut dans la chronique). Une histoire vibrante et profonde, donc, transcendée par le génial, le grandiose, le magnifique, le talentueutissime dessin de Jae Lee. Lee est vraiment un très grand artiste, personnel et original, unique. Son sens de la noirceur et de la finesse en fait une signature de tout premier ordre dont on ne peut qu’attendre une évolution de haut niveau. Rien que pour ce petit bijou, vous ne pouvez pas ne pas acheter cet album d’ores et déjà incontournable.


 


-PLANETARY vol.4 : D’UN MONDE A L’AUTRE (Panini Comics, 100% Wildstorm).


Chouette ! Un nouveau volume de Planetary ! Je suis sûr que comme moi vous adorez cette série iconoclaste et ébouriffante dont je vous ai déjà grandement vanté les qualités. Mais je vais en remettre une couche, que voulez-vous…


Le présent volume est un peu atypique puisqu’il nous offre une parenthèse dans la continuité de la série en publiant la totalité des crossovers mettant en scène Planetary. Au sommaire, trois aventures en chassé-croisé, donc, avec trois autres univers. C’est Ellis qui a signé tous les scénarios, mais chaque crossover est dessiné par un artiste différent.


Le premier crossover se fait avec The Authority (on n’est jamais mieux servi que par soi-même), pour une aventure assez délirante où l’éclosion des œufs d’une créatures lovecraftienne engendre le chaos. On rencontre même Lovecraft en personne au détour de ce récit, et Ellis en profite d’ailleurs au passage pour revenir sur un demi tabou qui ne cesse de chagriner nombre d’aficionados, à savoir les idées fascisantes par ignorance de cet écrivain d’un autre monde. Comme toujours avec The Authority, ça dépote, ça jure, et c’est jouissif. Mis en images par Phil Jimenez et Andy Lanning, tous les deux en très grande forme.


Le deuxième crossover met en scène la JLA et est dessiné par Jerry Ordway (pas mal !). Un bel épisode où nous croisons essentiellement l’ombre de Batman, Superman et Wonder Woman dans une puissante déclinaison de la logique dangereuse des Terres parallèles. C’est vraiment très bon et très agréable à découvrir, une très bonne surprise.


Pour le dernier crossover (et non des moindres), nous retrouvons le dessinateur attitré de Planetary : le talentueux John Cassaday. Un petit bijou où le trio de Planetary recherche à Gotham City un dangereux tueur ayant le pouvoir de faire se confondre en même temps plusieurs réalités terrestres au sein du multivers. Cet état de fait donne à Ellis l’occasion d’une idée géniale : au fur et à mesure de l’histoire, nos héros rencontrent un Batman appartenant successivement à plusieurs réalités, plusieurs périodes. Et, d’une case à l’autre, nous savourons de très beaux hommages graphiques au Batman de Kane, de Neal Adams, d’Infantino ou de Frank Miller (clairement orienté Dark Night). Un vrai régal…


Comme d’habitude dans Planetary, rien n’est vraiment normal, on pratique l’humour vachard et le mot qui tue, et les personnages ont vraiment de sacrés foutus p… de caractères. Clairement l’une des meilleures séries de ces dernières années.


 


-LES ÉTERNELS vol.1 : DESSEIN INTELLIGENT (Panini Comics, 100% Marvel).


The Eternals est une série mythique créée en 1976 par le gigantissime Jack Kirby pour Marvel Comics. Symptomatique des créations les plus personnelles de Kirby marquées par le sceau de la science-fiction technologique (prétexte à des délires graphiques monumentaux), The Eternals racontait l’épopée guerrière de deux civilisations opposées et pourtant toutes deux issues d’expériences menées par la race des Célestes, des entités supérieurement intelligentes qui peuplèrent la Terre il y a un million d’années et qui entendirent faire évoluer l’humanité vers des capacités mentales hors du commun, en liaison avec le cosmos. Kirby dessina cette série de juillet 1976 à janvier 1978, soit 19 numéros flamboyants, plus un Annual en 1977. Depuis, de manière plus ou moins fidèle, le titre de Eternals a fait quelques retours épisodiques au milieu des années 80 et assez récemment. Aujourd’hui c’est Neil Gaiman qui revisite le mythe, avec semble-t-il un souffle nouveau apte à relancer la série de manière moins accidentelle. Neil Gaiman et John Romita Jr sur les Éternels ? Voilà une rencontre pour le moins curieuse, vous l’avouerez. D’autant plus que cette résurrection des Éternels a lieu dans le contexte actuel très perturbé par les événements de Civil War. Non seulement Gaiman n’a pas gommé cette guerre civile, mais elle est bien présente dans l’œuvre, ce qui donne un relief nouveau à cette série au départ hautement cosmique. Le choc des idées est intéressant, et Gaiman réussit à rendre ces Éternels viables dans un présent mouvementé alors que ces personnages semblaient figés dans leur légende lointaine. Les scènes les plus belles sont évidemment celles où il est rendu hommage au gigantisme des compositions de Kirby et où de grandes silhouettes métalliques baroques foulent des sols en dévastation. C’est d’ailleurs là où Romita Jr est le plus efficace et le meilleur, parce que sinon, bon, ça fait un moment que ça me travaille, mais vous trouvez pas que Romita Jr dessine comme une patate depuis quelques années ? Oui, je sais, ça ne se fait pas, ça ne se dit pas, c’est Romita Jr, fils de Romita Sr, mais bon… J’avoue que quelle que soit la série contemporaine que je parcours et qui est signée par Romita Jr, un sursaut de sueur froide m’étreint de la tête aux pieds. Est-ce bien le même qui dessinait si somptueusement Iron Man dans les années 80 ? On est passé d’un travail d’orfèvre à un trait épais peu apte à retranscrire les émotions avec finesse, des dessins quelque peu stéréotypés et lorgnant vers une certaine mouvance manga. Bien sûr, il est naturel qu’un dessinateur évolue et ne reste pas figé dans un style ad eternam (héhé), mais on peut apprécier avec plus ou moins de bonheur certaines évolutions, et là moi j’avoue que… bof, quoi. Bof bof. Par contre les couvertures réalisées par Rick Berry sont de purs joyaux, des merveilles éternelles.


 


* Je n’ai pas lu les trois albums suivants, mais ce sont des parutions qui me semblent réellement dignes d’intérêt et que je vous conseille de découvrir :


 


-PREACHER vol.2 : JUSQU’A LA FIN DU MONDE (Panini Comics, Vertigo Cult).


Voilà un deuxième volume attendu par beaucoup de fans, je le sais. C’est vrai que Preacher est une série qui a du chien (rappelons qu’elle avait été partiellement publiée par les regrettées éditions Le Téméraire entre 1997 et 1999). Je pense que vous pouvez y aller les yeux fermés, hein, vu la qualité des épisodes du premier volume…


 


-DAREDEVIL/CAPTAIN AMERICA : DEUXIEME MORT (Panini Comics, Transatlantique).


Un an après le Wolverine : Saudade de Morvan et Buchet, le label « Transatlantique » se tourne cette fois vers l’Italie avec Tito Faraci (scénario) et Claudio Villa (dessins) pour un album haut en couleurs où Daredevil est en scène avec Captain America. Villa, vous savez, Martin Mystère, Tex


 


-SPAWN vol.3 : RÉFLEXION (Éditions Delcourt, collection Contrebande).


Suite de l’édition de cette intégrale impeccable. Encore une équipe d’enfer : Todd McFarlane, Alan Moore, Greg Capullo. Des émotions en perspective…


 


 


 


EN KIOSQUE


(Tous ces comics sont encore disponibles dans les librairies spécialisées, bien sûr…).


 


DELCOURT COMICS


 


-LES CHRONIQUES DE SPAWN #14.


Une couverture choc pour un numéro accueillant un nouveau dessinateur : Brian Haberlin.


 


PANINI COMICS


 


-CIVIL WAR #7.


Aïe aïe aïe. Ça y est. C’est fini. Vous le savez. Vous l’avez lu, les yeux exorbités et l’écume aux lèvres, en ce mois de septembre 2007. Le retard de cette chronique rend tout commentaire superflu, je préfèrerai donc m’étendre sur le sujet dans un article traitant en détails du problème Civil War, très prochainement sur votre écran.


Quoi qu’il en soit, on ne peut que rester coi devant le dénouement de cette saga historique tant Mark Millar a su éviter toute fin apocalyptique ou niaisement « heureuse ». Juste une fin en pointillés, très amère. Le rêve américain s’en retrouve bien entamé, sans démagogie ni tentation spéculative. Le recensement a « gagné », mais c’est maintenant que tout commence, sur un monceau de cendres et dans un contexte qui ébranle l’univers Marvel comme jamais.


Ce dernier numéro vous propose aussi la fin de la série annexe L’Accusé, étonnante elle aussi.


 


-MARVEL ICONS #29 : CRIMES DE GUERRE.


Marvel Icons est vraiment une très chouette revue. Cette fois-ci encore, elle nous permet par différentes séries phares de mieux cerner le phénomène Civil War dans ses ramifications les plus importantes, donnant souvent lieu à des révélations pour le moins surprenantes ! L’épisode des Fantastic Four nous dévoile ainsi la facette la plus… mathématique (!) de cette guerre civile, où Red Richards, complètement paumé, en vient à demander l’avis du Penseur (c’est vous dire l’état du mec). Puis nous avons au menu un épisode long et intense de la série annexe War Crimes nous racontant comment Captain America et Iron Man en sont venus à traiter avec le Caïd (toujours en prison) au sein de la guerre civile. Une aventure à rebondissements multiples qui s’avère carrément palpitante. Enfin, un épisode  du Soldat de l’Hiver assez poignant et historique puisque Bucky retrouve enfin le Submariner pour éclairer certaines bribes du passé, dans une atmosphère très sombre et de toute beauté (les dessins sont de Lee Weeks, Stefano Gaudiano et Rick Hoberg). J’ose à peine prononcer le titre Marvel Icons #30 du mois d’octobre tant vous voyez ce que je vois que vous voyez ce que je veux dire… La prochaine chronique aura un petit air d’oraison funèbre…


 


-SPIDER-MAN #92 : SIXIEME SENS.


Poor Peter Parker..! Mais ils ne vont pas le laisser tranquille, non ?  Encore un numéro riche en émotions fortes ! Les répercutions de la guerre civile sont de plus en plus dramatiques pour Peter Parker. Lui et sa famille subissent les assauts de snipers, de super-vilains, de tueurs : un véritable enfer. L’épisode de la série Sensational Spider-Man se termine sur un Spider-Man mourant, tandis que l’arc Conflit Interne a pour dernière image une Tante May en sang, touchée par une balle. Ah nan mais moi si ça continue je ne vais plus la lire, cette revue, hein, c’est trop rude pour les nerfs ! D’autant plus que pour une raison de calage avec la cohérence chronologique des séries par rapport à Civil War, le suspense va nous tenir en haleine deux mois au lieu d’un, le prochain numéro se portant sur d’autres événements en cours. Heureusement, dans l’épisode de Friendly Neighborhood Spider-Man, on se rend compte que Spider-Man peut compter sur quelques encapés récalcitrants pour le protéger le mieux possible : j’ai nommé Wolverine et le Punisher, des vrais potes, des purs, des durs.


 


-X-MEN EXTRA #64 : CRIMES DE GUERRE.


Avec ce numéro se clos le périple de Tornade et de la Panthère Noire, fraîchement mariés dans un contexte des plus défavorables. La guerre civile et ses conséquences géopolitiques instaurent une pression injuste sur l’union de nos deux héros, et après bien des mésaventures les voici finalement très isolés. Le dernier épisode se situe dans la période de la première phase de l’après Civil War : The Initiative. On n’a pas fini de trembler ! Le suspense sera malheureusement laissé en suspend pour les deux super-héros amoureux puisque le prochain numéro d’X-Men Extra de novembre sera consacré à la série First Class, revenant sur des événements inconnus de l’histoire des premiers X-Men. On n’y perd pas, donc !


 


-ULTIMATES #30 : ULTIMATE POWER 1.


Comme moi vous pleuriez le départ de Greg Land dans Ultimate FF juste parce que cet artiste dessine les femmes comme personne ? Oui, c’est un peu réducteur, mais il fait ça tellement bien ! La touche hyper réaliste et glacial de Land est un vrai bonheur pour les yeux, c’est ce que nous découvrons encore une fois dans Ultimates #30 qui accueille une maxi-série en 9 épisodes : Ultimate Power. Cette saga épique est un crossover assez démentiel qui met en scène la quasi totalité des héros de l’univers Ultimate ainsi que ceux de l’univers Supreme Power, traversé par des coups de théâtre et des faits et gestes complètement ahurissants. Lorsqu’on sait que c’est Brian Michael Bendis qui mène la barque, on est un peu moins étonné de l’audace qui règne en ces lieux !


Reed Richards a-t-il détruit le monde de l’Escadron Supreme en voulant guérir Ben Grimm ? C’est la terrible question qui met le feu aux poudres de cette série que je vous recommande chaudement. C’est beau, c’est prenant, ça chavire et ça pulse, dans une mise en page et un découpage scientifiquement impeccable.


 


-INFINITE CRISIS 52 #5 : DIEU EST MORT.


Quel titre ! Il faut dire que les événements tragiques et les rebondissements continuent de parsemer la trame générale de 52 à un rythme effréné ! Starfire, Animal Man et Adam Strange sont toujours en difficulté dans leur pénible voyage cosmique, et croisent la route de l’innommable Lobo sur une planète proche de la destruction. Lex Luthor continue ses dangereuses manigances et créé un groupe de jeunes super-héros. Booster Gold est mort ; son robot Skeets intercepte et élimine son « aïeul présent » : mais pourquoi, bon dieu ? L’ombre de Batman flotte autour de l’identité du mystérieux Supernova (est-ce vraiment lui ?). Celle du Dr Fate flotte autour de la folie de l’Homme Élastique. Quant à ma chouchoute, Renée Montoya, après avoir empêché un attentat à la Cour du Kahndaq elle se remet difficilement de cet épisode néanmoins meurtrier, quitte à emmerder le protocole et à s’attirer les foudres de celui qu’elle a sauvé : Black Adam. Sacrée renée… Quel personnage génial…


52 ne faiblit pas en qualité ni en rythme, et s’avère être LA bonne surprise venant de DC dans un contexte où la puissance exponentielle de Civil War a tendance à effacer tout le reste. Heureusement qu’ils ont 52, DC ! Encore une fois cette série est bien meilleure que la série mère, et apporte résolument quelque chose de neuf dans la logique de l’univers DC. Vraiment chouette…


 


 


 


Cecil McKinley.


 

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