SUPER-HEROS D’ETE 2007

Super bonjour les super ami(e)s, j’espère que vous allez super bien après ce super été et que vous êtes super content(e)s de retrouver votre super chronique sur les super-héros, super en retard mais les choses ne dépendent pas que de super moi (qui a dit super nul ?).

Vous devez maintenant vous y habituer pour de bon, votre article sur les comic books en VF sera désormais plus une chronique rendant compte des dernières sorties incontournables plutôt qu’annonçant ce qui va être édité. Pour des raisons indépendantes de ma volonté, ce rythme est désormais celui auquel nous devrons tous nous tenir, mes petit(e)s chéri(e)s. Mais ce n’est pas bien grave : en parler avant, pendant ou après, ce qui est important c’est d’en parler du mieux que possible, non ? De quoi ? Mais des comics, bien sûr…

NEWS

* Avec un ami, dans un instant de folie inexcusable, nous sommes allés au cinéma voir le film de Tim Story (story ???), Les Quatre Fantastiques et le Surfeur d’Argent, afin d’être au courant de tout ce qui se passe dans l’univers des encapés (et ainsi de pouvoir parler de ce qu’on connaît). Eh bien je me demande si l’intégrité journalistique et la curiosité artistique valent de subir un tel spectacle… Si comme moi vous espériez sans y croire que les studios hollywoodiens feraient autre chose qu’un produit à effets spéciaux pour pré-ados fans de clips, que l’immense dimension poétique, philosophique, esthétique du Silver Surfer serait exploitée à sa juste mesure, que l’apparition de Galactus devrait être the big moment of the movie, que l’on creuserait un peu plus l’histoire et les caractères par rapport au premier film plutôt que d’en exprimer à nouveau une caricature évidente, lourdingue et sans saveur, qu’enfin Fatalis soit autre chose qu’un play-boy fadasse, eh bien comme moi vous êtes de grands naïfs. Car : le film n’est qu’une résultante de la culture clip/pub, au montage désastreux et aux effets spéciaux prépondérants, la dimension du Silver Surfer a été passée à la moulinette (avec même quelques contresens et invraisemblances), l’apparition de Galactus est… fumeuse, l’histoire est bateau et les caractères stigmatisés de manière vaseuse, et enfin on se demande si on parle vraiment du même Fatalis. Depuis Daredevil (qui est quand même ce qui reste de plus abominable comme film contemporain sur les super-héros), on n’avait pas eu l’occasion de s’ennuyer autant et d’être si écoeuré par les libertés débiles prises par rapport à l’histoire originale (qui n’apportent rien et qui nivellent par le bas). Les acteurs y sont horribles, la première demi-heure – digne d’une mauvaise sitcom pour ados lobotomisés – est proprement insupportable. Quand est-ce qu’Hollywood arrêtera de prendre les adolescents pour des débiles à formater, signalant au passage par leur démagogie ciblée que les super-héros ne peuvent pas être destinés aux adultes ? Seuls les films sur les X-Men ont su aller au-delà de tout ce… merdier ? Je n’ai pas l’habitude de parler ici d’œuvres médiocres, préférant consacrer cet espace à ce qui mérite d’être mis en valeur, mais quand on voit ça, vraiment, quand même, là, faut arrêter les gars, quand même, non, hein ?

* L’événement dans le monde des comics en VF, c’est bien évidemment encore Civil War chez Marvel/Panini Comics. Ce mois-ci le septième et dernier volet de la série titre sort dans les kiosques et les librairies spécialisées, mais l’aventure n’est pas terminée (elle commence, même) puisque ce n’était pas un effet d’annonce : tout l’univers Marvel s’en retrouve chamboulé sur ses bases mêmes. Dans les prochains mois, certains titres en kiosque de chez Panini vous permettront de lire les épisodes post-Civil War, et donc d’assister à des moments historiques où toutes les icônes de Marvel se redéfinissent pour ouvrir une nouvelle ère. Civil War est vraiment une œuvre passionnante, assez profonde, et pleine de sens en ces temps perturbés. En octobre paraîtra le troisième et dernier volume de Civil War Extra : ce sera l’occasion pour moi de vous proposer sur ce site un dossier dédié à cette série, cette idée, ce concept courageux et innovant. Hors Vertigo, DC a vraiment du mouron à se faire… Car il ne suffit pas de chambarder les dimensions, les réalités cosmiques et les héros parallèles pour faire de ce gigantisme une réelle révolution. En parlant de politique, de déontologie journalistique, de responsabilité pénale et civique, de télé-réalité, de la nature des lois et de la justesse du pouvoir (politique ou supranormale), de la liberté mais aussi des prisons, Civil War fait passer Infinite Crisis pour une baraque de fête foraine extra-terrestre un peu vaine… Pour le coup, 52 est beaucoup plus intéressant que la « série mère » : tout n’est donc pas perdu…

EN LIBRAIRIE

-CIVIL WAR vol.1 (Panini Comics, Marvel Monster).

Bon, allez, n’ergotons pas, commençons donc par ce qui fait l’événement… En plus des différents titres relayant la série dans les kiosques, Panini a eu la judicieuse idée d’éditer un album regroupant d’autres séries importantes touchées par Civil War et qui n’avaient pas encore été publiées. En kiosque, vous avez pu suivre les répercutions de la série sur Spider-Man, les X-Men, X-Factor, Wolverine, les Nouveaux Vengeurs, les Quatre Fantastiques, Iron Man, Captain America, le Punisher, les Jeunes Vengeurs et les Fugitifs, ainsi que certains autres héros croisés au détour d’un épisode.

L’album dont nous parlons aujourd’hui, paru dans la collection « Monster », propose quatre autres séries touchées par la tornade Civil War : Thunderbolts, Cable & Deadpool, les Héros à Louer, et Miss Marvel. Que ceux qui croient qu’à côté de Miss Marvel et Cable le reste ne vient que de séries secondaires moins emblématiques et donc sûrement plus gadgets dans l’intérêt de Civil War se détrompent : il n’en est rien. Chacune des quatre séries amène son lot de révélations importantes, de détails nécessaires à la compréhension générale du phénomène. C’est vraiment très chouette. Les ramifications opèrent de personnage en situation, de prises de position en éléments révélés. Bien entendu je ne vous dirai rien que vous ne sachiez déjà, pour ne pas éventer le suspense. La série Thunderbolts est très intéressante, surtout par le traité du personnage de Zemo par rapport à Captain America. L’épisode de Cable & Deadpool, lui, après des moments de franche rigolade, s’enfonce de plus en plus dans une tragi-comédie où l’intrigue atteint de grands moments de profondeur et de réflexion. En ce qui concerne les Héros à Louer (dont font par exemple partie Misty Knight et la Chatte Noire), l’histoire nous révèle beaucoup de choses sur les premiers protagonistes de Civil War. Enfin, parlons de Miss Marvel… Pffff… alors là moi de toute façon je suis écoeuré que cette super-héroïne dont j’ai toujours été amoureux rejoigne ce camp-là… Remarquez, les trois présents épisodes lui remettent un peu la réalité des choses en tête, et c’est assez douloureux. Allez, Carol, quoi… reprends-toi !

Un album indispensable si vous voulez vivre pleinement cette révolution que nous regardons encore les yeux encore écarquillés de surprise et d’étonnement alors qu’elle se termine, encore trop fébriles pour bien comprendre tout ce qu’elle va engendrer de changements dans un futur proche pour tout l’univers que nous connaissions à travers nos lectures (personnellement, je n’en reviens toujours pas…).

-B.P.R.D. vol.5 : LA FLAMME NOIRE (Editions Delcourt, collection Contrebande).

Je vous ai déjà dit beaucoup de bien de cette œuvre dans de précédentes chroniques, et je vais le faire encore aujourd’hui puisque B.P.R.D. reste vraiment une excellente bande dessinée, exploitant avec talent, respect et ingéniosité l’univers instauré par Mike Mignola dans Hellboy. Mieux, La Flamme Noire est sans doute l’une des plus sombres et plus impressionnantes aventures du B.P.R.D., traversée par des drames et des événements d’une grande force tragique dans l’obscur, emmenant la série dans des méandres qui ne laissent rien présager de bon. Les enquêtes du B.P.R.D. continuent, donc, dans ce cinquième volume où toutes sortes de réjouissances nous attendent : invasion de grenouilles démoniaques, groupes de néo-nazis allumés, héros dévorés par leurs propres démons, et autres étrangetés bien étranges… Mike Mignola, John Arcudi et Guy Davis font merveille, la folie noire de l’histoire et l’âpreté des dessins ne pouvant laisser indifférents ; on sort de cette lecture avec de fortes émotions en tête. D’autant plus que plane sur cet album l’éventualité d’une fin du monde, et donc… du B.P.R.D. !

-DAREDEVIL vol.13 : LE RAPPORT MURDOCK (Panini Comics, 100% Marvel).

Eh oui, tout arrive… même la fin de choses qu’on aimait par-dessus tout. Ainsi le duo Brian Michael Bendis/Alex Maleev nous livre ici ses dernières pages du diable rouge de Hell’s Kitchen. En reprenant ce personnage mythique, Bendis et Maleev ont révolutionné l’univers de Daredevil, creusant profondément la psychologie du personnage face à un environnement on ne peut plus concret. En un peu plus de quatre ans (précisément entre décembre 2001 et mars 2006), ils ont redéfini avec justesse et audace la moelle même de la série, nous montrant un Matt Murdock rarement autant émouvant et proche de la vie quotidienne, devant maintenant réellement prendre ses responsabilités par rapport à sa double vie et à l’articulation qu’il lui donne. Il y eut des postulats incroyables imposés dès le départ par Bendis, des dialogues assez intimes et courageux, et bien entendu des images noires et superbes où la couleur se révélait comme dans des vitraux.

Certains vont peut-être me taper sur les doigts, mais tant pis, je me lance : le Daredevil de Bendis et Maleev est sûrement l’un des meilleurs qui aient jamais été faits. Le meilleur ? Malgré mon amour pour Miller, Sienkiewicz ou Colan, il y a je ne sais quoi en moi qui me pousse irrésistiblement à dire « oui ». Sur le fond. Sur la forme. Une narration d’exception. Des cadrages et un découpage irréprochables. Un traité des décors hypnotique. Un sens du contraste de toute beauté. Une histoire dingue, essentielle, courageuse, sans concessions. Des dessins troublants et envoûtants. Le Daredevil de ces deux-là est ce qui est arrivé de mieux à ce personnage – et à Marvel – depuis très longtemps. Une réussite complète, ou comment rééquilibrer les éléments clés de l’univers de Daredevil pour explorer d’autres possibilités, des possibilités où le récit emprunte d’autres codes que celui du comic book de super-héros : polar, chronique judiciaire ou intimiste, réalisme, introspection psychologique. C’est indubitablement par ce type d’œuvre que l’univers des super-héros évolue de plus en plus vers son âge adulte, repoussant les frontières entre les genres pour créer une œuvre de bande dessinée tout court, et permettant à d’autres lecteurs que ceux habitués au comic books super-héroïques d’apprécier à leur juste valeur des créations intelligentes et puissantes.

Etant donné le caractère tout particulier de ce treizième volume de Daredevil, s’achevant sur les conséquences concrètes du fameux postulat de base de Bendis et marquant la fin d’une période primordiale pour Matt Murdock, vous comprendrez aisément que je ne vous dise rien de ce que contient cet album… Je peux tout de même vous parler un peu d’esthétique, en vous disant que les dessins de Maleev, souvent plus « relâchés » que dans les précédents volumes, restent très beaux grâce à son sens du noir et blanc et à la puissance d’évocation qu’ils engendrent. Par contre, je ne peux décidément pas m’empêcher de regretter la présence de Matt Hollingsworth aux couleurs, car Dave Stewart n’a pas sa subtilité ni ses connaissances chromatiques, même s’il s’en sort de manière très honnête, n’exagérons rien.

Je ne saurai trop conseiller à tout amateur d’œuvres fortes et vénéneuses de se plonger dans l’intégralité des volumes contenant le travail de Bendis et Maleev sur Daredevil (tous dans la collection « 100% Marvel », volumes 4 à 13). C’est beau, c’est téméraire, c’est intelligent, c’est fascinant. C’est génial.

Une fois la lecture terminée, lorsque l’on a refermé cet album, on se sent tout chose, avec ce sentiment partagé que plus rien ne sera comme avant. L’œuvre aborde ici une charnière éminemment importante de son évolution et de son histoire. Décidément, chez Marvel, ça ne rigole plus du tout, ça prend des risques passionnants… Il carbure à quoi, Quesada ?

-TOM STRONG vol.3 (Panini Comics, 100% ABC).

Un régal. Un vrai régal. Dingue, profond, inventif, drôle, décalé : pas de doute, on est chez Alan Moore ! Avec Tom Strong, Moore continue son travail d’invention par l’hommage, qui reste le principal leitmotiv traversant ses œuvres. Ici, l’hommage-invention est flamboyant et pour tout dire complètement jouissif. Tom Strong revisite tous les pans de la littérature populaire pour les triturer sous un éclairage faussement naïf puisque respectueux tout autant qu’irrévérencieux. Ce n’est pas exactement de la parodie, mais plutôt… un certain regard. Panini a eu la bonne idée de continuer à publier cette œuvre indispensable après que les deux premiers volumes aient été publiés chez Semic en 2000 et 2001.

Certains (comme moi, je l’avoue) pourraient être rebutés par le dessin – faussement naïf, lui aussi – de Chris Sprouse : si c’était le cas, je vous en supplie, dépassez votre première impression, et plongez-vous dans cette œuvre, vous ne le regretterez pas, surpris à chaque page par une idée délirante, un dialogue franchement décalé ou bien des histoires à tiroirs où Moore s’amuse comme un petit fou pour notre plus grand bonheur de fan de BD et de science-fiction. Et puis au fur et à mesure de la lecture, on se prend à réellement adorer le dessin de Sprouse, qui est finalement impeccable et pour tout dire parfait pour cette série, raffiné et puissant, esthétique et clair, permettant le réalisme tout autant que la fantaisie.

L’hommage le plus évident dans Tom Strong est bien sûr Captain Marvel (le premier de 1940 signé Parker et Beck, pas le deuxième de 1967 signé Lee et Colan). En effet, à l’instar du fameux Captain, Tom Strong a une super famille et même un super animal, qui d’ailleurs partagent avec Tom les titres et couvertures de certains numéros, comme au bon vieux temps. Des couvertures de Planet Stories aux fascicules de science-fiction des fifties et des sixties en passant par le cartoon ou les gravures de la Belle Epoque, Alan Moore revient sur les grands mythes fondateurs qui ont marqué les esprits de plusieurs générations du XXe siècle par la nouveauté des images et l’audace graphique de ceux qui ont voulu faire voyager les lecteurs dans des contrées lointaines et des espaces inconnus pleins de dangers. Le résultat est – pour tout réel amateur de SF et de fantastique – un formidable hommage à tout un pan extrêmement prégnant de l’imaginaire moderne, souvent mésestimé, traité de série B, mais qui a néanmoins forgé l’œuvre de grands artistes et de grands auteurs considérés comme « classiques » aujourd’hui.

Il faut noter que certains numéros regroupés dans ce comic book contiennent des épisodes dessinés par d’autres dessinateurs que Sprouse, ce qui est une idée superbe puisqu’elle permet à l’univers de Strong d’explorer de nouveaux territoires graphiques, dont l’exemple le plus génial dans cet opus est bien sûr l’histoire dessinée par Gary Gianni, un petit bijou dont vous me direz des nouvelles, flirtant entre Bernie Wrightson et des gravures populaires, dans une histoire courte mais intense, profonde, troublante, renouant avec les meilleurs contes d’angoisse fantastiques d’une époque maintenant bien lointaine.

Autre participation remarquée et remarquable : un épisode complètement dingue (il y en a plusieurs, il serait même plus court de compter ceux qui ne sont pas dingues) signé Hilary Barta et intitulé Les Strong dans l’Espace !, un pur hommage à Wallace Wood, aussi drôle que le modèle, rappelant certaines grandes heures de ce magnifique dessinateur. Un épisode digne des meilleures parodies de « Mad », qui est vraiment très drôle et très bien dessiné, appuyé par une couverture sublime de Tom McWeeney. D’ailleurs, toutes les couvertures sont vraiment très réussies, et c’est une excellente chose qu’elles soient toutes reproduites dans cet ouvrage.

Pour ce qui est de l’ensemble des histoires, à part une aventure en deux numéros assez classique (mais très très bien), le reste est complètement barré… On rit beaucoup, on admire souvent, on palpite pour de faux et c’est jouissif ! Je vous conseille particulièrement les moments dessinés en cartoons (les dialogues y sont… ébouriffants !), mais aussi… tout le reste ! Tom Strong a déjà été récompensé par deux Eisner Awards. À acheter, à dévorer, à garder et à faire découvrir… Je vous envie vraiment, lecteurs qui allez lire Tom Strong pour la première fois !

-EX MACHINA vol.2 : TAG (Panini Comics, 100% Wildstorm).

Ex Machina est une grande bande dessinée.

Je ne sais pas s’il y a grand-chose à ajouter à cette évidence.

En même temps il y a tant à dire…Il y a quelque chose de réellement troublant dans le mélange que fait Brian K. Vaughan de la fiction et de la réalité, nous mettant dans une position de lecteur assez inédite, je trouve. Une œuvre culottée, il va sans dire, mélangeant réalisme politique et science-fiction, histoire contemporaine et fantasmes collectifs, miroir social et horreur, humour et engagement, le tout dans une narration à la temporalité fragmentée et alternée. Ex Machina ne ressemble à aucune autre oeuvre dessinée, et ce côté unique en fait une vraie curiosité qui ouvre bien des perspectives à la bande dessinée. Imaginez juste un instant que le maire de New York soit doté de super-pouvoirs, et pas n’importe lesquels puisqu’il parle aux machines et peut les contrôler. Imaginez cet homme tenter de ne plus être un super-héros une fois élu alors qu’il a réussi à sauver l’une des deux tours du World Trade Center en septembre 2001. Imaginez ses fonctions et ses prises de position sur l’art contemporain, le mariage homosexuel, l’éducation, la sécurité de sa ville. Imaginez le parcours de Mitchell Hundred, et vous découvrirez à quel point Vaughan entend traiter par cette histoire des sujets importants qui constituent notre monde actuel, ses dérives et ses angoisses, sa violence et sa complexité, mais aussi ses espoirs dans le poids de nos engagements.

Ce deuxième volume est riche en événements de toutes sortes, entremêlés, créant une lecture vraiment prenante. Tag démoniaque, histoires d’amour, crimes horribles, aléas politiques : le scénario est toujours aussi contrasté et touffu, construisant la trame du récit par petites touches se rejoignant hors pages, comme une vision incomplète qui se reconstitue au fil des chapitres.

Les personnages sont tous crédibles et finement traités, en particulier Journal (oui, c’est son prénom !), la stagiaire devenue conseillère jeunesse auprès du maire. Son aplomb, son humour, son impertinence et son intelligence en font une héroïne très attachante, et puis même si elle est jolie, blonde avec un charmant piercing, elle échappe aux physiques de bimbos vulgaires assez en vogue. Si vous ne connaissez pas encore cette série, je vous en ai déjà trop dit, mais je vous en conseille plus que vivement la lecture. Pour les autres, je prêche des convaincus, donc… Prix Eisner 2005 de la meilleure nouvelle série.

-THOR : L’INTEGRALE 1983-1984 (Panini Comics).

Le premier réflexe a été : « ah bah et le Thor des origines, celui de Lee et Kirby, alors ? ». Mais finalement le choix du passage de Simonson sur la série fait vite passer cette « déception » ! En ne respectant pas forcément une logique chronologique unique dans la sortie de certaines de ses intégrales, Panini semble vouloir éditer les périodes emblématiques les plus récentes pour que les plus jeunes lecteurs ne se sentent pas trop largués et qu’ils puissent peut-être par la suite mieux appréhender les séries des origines, ce qui est un choix qui peut se comprendre et qui n’est pas forcément absurde puisqu’il permet aussi aux vieux briscards dans mon genre de retrouver avec bonheur de grands moments super-héroïques. Espérons juste que les comics du Silver Age continuent à pouvoir être édités en intégrales sans que les productions récentes prennent trop le pas sur celles-ci, et que Panini enfoncera encore plus le clou même si certains ouvrages ne rencontrent pas le public escompté, comme ça a été le cas pour l’indispensable intégrale de Hulk pour l’instant en suspend car elle n’avait apparemment pas trouver son public (eh bien alors, les lecteurs, qu’est-ce qui vous arrive ? C’est l’intégrale de Hulk, quand même !). Mais revenons à notre fils d’Odin…

Cet ouvrage, préfacé par Simonson lui-même, reprend les épisodes de Mighty Thor #337 à #350. Le passage de Simonson sur Thor a été un vrai raz-de-marée, une bouffée d’énergie pure. Car il n’y a pas que la puissance graphique de Simonson, il y a aussi son sens aigu du découpage, son goût de l’invention et de l’onomatopée, et un second degré qui fait feu de tout bois (quand même, oser un titre comme Ragnarok & Roll, il fallait le faire !). C’est un vrai bain de jouvence qu’a amené Simonson sur la série. Thor y a alors retrouvé une énergie toute particulière, et l’ensemble de la mythologie nordique s’en est retrouvée comme revigorée.

L’esthétique de Simonson, aussi puissante qu’élastique, trouve dans cette série un espace et des personnages à sa mesure (et vice-versa), exprimant avec force les mouvements et certains gigantismes cosmiques ou architecturaux, faisant merveille lors de scènes d’action cadrées avec une parfaite acuité. Il y a tellement de puissance dans son trait que ses dessins semblent vouloir exploser les cases, que la planche semble trop étroite pour tant de furie graphique. Ce point précis nous amène à son art de la narration qui est assez soufflant. En effet, fort de ce dynamisme, Simonson doit aussi canaliser celui-ci afin de l’articuler de manière fluide sans en atténuer la vivacité graphique tout en servant le récit. Le choix de ses cadrages est certes l’une des solutions choisies et relevées de main de maître, mais ce qui est en tous points remarquable est son art de placer les bulles et d’envisager le texte comme élément esthétique et fonctionnel de la narration. En effet, l’agencement des phylactères de Simonson réinvente notre manière de lire par trop linéaire, et nous fait souvent passer de case en case non pas par le truchement de l’intercase mais par une bulle qui joint le temps de deux images par son existence physique. Nous ne passerons donc plus ici forcément par les cases pour avancer dans notre reconstitution de l’action, mais par l’endroit où est placée la bulle (ou le récitatif, qui est utilisé de la même manière). Ainsi, le texte devient aussi une dynamique de l’œuvre, pas seulement par son contenu, mais aussi par sa composition dans la planche. Ce qui par ricochet nous amène à l’onomatopée. On le sait, Walter Simonson est un fou de l’onomatopée, qu’il travaille et cisèle avec une jouissance plus que visible. En dehors de son goût à créer par les lettres des sonorités aiguisées et inventives, le dessin de ses onomatopées et la place que celles-ci prennent dans la case sont très spécifiques à cet auteur : les lettres sont très souvent dessinées de manière ultra-graphique, à la règle, ce qui les rend assez surprenantes mais qui – en contraste avec les ondulations du dessin – leur donne un relief saisissant dans l’image. Mieux, Simonson ne se contente pas de les inclure dans les images, il les fait aussi déborder des cases pour leur donner la même fonction de liaison que les phylactères : au bout du compte, c’est une remarquable leçon de bande dessinée à laquelle nous assistons en lisant cette œuvre. Parfois, Simonson dessine ses onomatopées dans des cartouches qu’il dispose à l’intérieur de la case, ou bien (et cet exemple est tout simplement génial) le « clop clop clop » d’un galop de cheval d’une première case vient déborder sur la seconde, et le bas du dernier « p » du dernier « clop » vient joindre l’espace d’un cartouche de récitatif chevauchant les deux cases : un chef-d’œuvre de narration.

Pour ce qui est du contenu, Simonson a respecté l’univers et l’esprit de la série tout en osant des coups de théâtre hallucinants, instaurant des idées qui font réellement évoluer la série vers autre chose qu’une mythologie figée. Vous pourrez entre autres choses folles relire avec joie la fameuse saga de Beta Ray Bill, aussi gonflée qu’improbable, et suivre un Balder complètement paumé.

Bref, un album de grande qualité que je vous conseille vivement.

Et cette fois-ci, dans les textes et les dialogues hauts en couleurs et quelque peu grandiloquents des us et coutumes asgardiennes, Geneviève Coulomb a enfin trouvé un terrain idéal pour ses traductions si… spéciales ?

-SUPERMAN 2 : 1959 (Panini Comics, Archives DC).

Panini continue de publier les aventures de Superman couvrant la période su Silver Age. Après un premier volume (1958-1959), voici donc l’année 1959 complétée par ce deuxième tome où l’on retrouvera entre autres artistes Otto Binder. Cet album reprend les épisodes de Superman parus dans les numéros d’Action Comics #248 à #254, et dans Superman #127 à #131. Une période riche en personnages pittoresques, comme Kryptonite Man, Metallo ou Bizarro, qui vous feront frémir au fil de l’ouvrage. Brrrrrr !

Un classique incontournable.

-APPRENDRE A DESSINER LES SUPER HEROS 2 (Editions Delcourt, collection Contrebande).

Après un premier volume consacré aux bases de la technique, les éditions Delcourt vous proposent maintenant ce deuxième volume où sont passées en revue la narration et les techniques avancées. Disons-le tout de suite, au milieu des méthodes qui fleurissent de plus en plus depuis un certain temps (et en relation directe avec le renouveau du comic book et le succès des mangas), celle proposée par Delcourt est certainement la meilleure. Certes, on aimerait que les choses y soient traitées plus en profondeur, plus longuement, mais il n’en reste pas moins que les professeurs ont pour nom Joe Kubert, Terry Moore, Phil Jimenez, Kelley Jones, Gerhard, George Pérez, Eduardo Risso, Walter Simonson, Frank Cho ou Terry Dodson, entre autres… Voilà donc un argument qui justifie ce que je disais plus haut, à savoir que les conseils de tous ces grands pros font de cette méthode la meilleure qu’on puisse trouver en France. Avouez qu’avoir Joe Kubert pour nous expliquer la narration ou l’encrage, c’est pas mal, quand même, non ? La préface est signée Michael Turner.

À noter que les éditions Delcourt vont bientôt republier des ouvrages de Scott McCloud sur la bande dessinée.

-SEVEN SOLDIERS OF VICTORY vol.3 : QUI A TUE LES SEPT SOLDATS ? (Panini Comics, DC Heroes).

Ca y est, le troisième des quatre volumes prévus pour Seven Soldiers est enfin paru ! Vous savez tout le bien que je pense de cette œuvre-puzzle du grand Grant Morrison. Je vous ai déjà expliqué le concept de Seven Soldiers dans une précédente chronique, donc je ne m’étendrai pas trop dessus aujourd’hui, mais pour ceux qui prendraient le train en marche et qui aimeraient lire la saga depuis le début, je ne peux que leur conseiller de le faire tant l’aventure est originale et vaut vraiment le coup d’être lue dans sa chronologie. Pour résumer très vite la chose, Morrison a repris des personnages oubliés de l’univers DC pour recréer dans une œuvre chorale le concept de l’aventure de super-héros. Les sept protagonistes vont vivre une aventure individuelle qui est en relation avec un danger commun à chacun des autres héros, et donc constituer une équipe qui ne combat pas ensemble. Le danger est ultime, puisqu’il s’agit de moissons d’hommes par les démons de Sheeda. Les mondes explorés par Morrison dans cette œuvre sont tout simplement passionnants, s’entrechoquant dans le contraste de leurs styles graphiques, se complétant par les éléments propres et communs de chaque récit. C’est étonnant et réjouissant. L’édition de Panini, respectueuse de la volonté de l’auteur, publie l’intégralité de la série dans la chronologie choisie par Morrison pour les sorties en kiosque, à savoir des épisodes se suivant en alternance pour chaque série, afin d’avoir réellement une approche en puzzle de cette œuvre.

Les aventures de Shining Knight et du Guardian ont pris fin dans le deuxième volume, et ce troisième opus nous propose la fin de celles de Klarion et de Zatanna (ouinnn ! moi j’veux pas qu’ça s’arrête, Zatanna…). Les trois derniers Soldats de la Victoire entrent donc ici en scène pour compléter le tableau bientôt final. Il s’agit de Mister Miracle, Bulleteer et Frankenstein, dessinés respectivement par Pasqual Ferry, Yanick Paquette et Doug Mahnke. On retrouve donc une dernière fois les très beaux dessins de Sook et Irving, mais la continuité est de qualité, car Mahnke nous propose des images très puissantes. Et les aventures de Bulleteer intéresseront fortement la gent masculine pour des raisons assez évidentes et… esthétiques dirons-nous…

Seul petit bémol à la présente édition du présent bouquin : mais pourquoi diable Panini n’a-t-il pas suivi la logique des couvertures originales où l’ensemble des Soldiers envahit peu à peu le même paysage au fur et à mesure des TPB, processus engagé pour les deux précédents volumes et soudainement arrêté pour laisser place à un dessin (très très beau) de Mahnke ? C’est absurde et va même à l’encontre du concept de l’œuvre… Bah alors ?

-THE AUTHORITY : HUMAINS MALGRE TOUT (Panini Comics, 100% Wildstorm).

Qui aurait cru il y a quelques années que The Authority trouverait à ce point son public? Du chemin a été parcouru, depuis Ellis… En bien, en mal ? C’est vrai qu’on peut regretter le travail de Warren Ellis ou de Mark Millar, mais avouons que The Authority reste une série atypique et très intéressante. Pour le retour de ces rudes héros, c’est John Ridley (venu du cinéma) qui a écrit le scénario et Ben Oliver qui dessine. Dans ce récit complet, l’équilibre de l’équipe est mise à mal, et les solutions pour sortir de cette crise sont loin d’être évidentes…

-Y LE DERNIER HOMME vol.5 : ALLIANCE CONTRE NATURE (Panini Comics, 100% Vertigo).

Suite de l’édition de cette très bonne série signée Brian K. Vaughan, avec Pia Guerra au dessin. Un cinquième volume où quelques réponses importantes vont vous être révélées. Apparemment, cette oeuvre devrait bientôt être adaptée en série TV aux Etats-Unis. Je ne sais pas où en est le projet d’adaptation (toujours pour la télé) de Global Frequency, mais il semblerait qu’il n’y ait pas que le cinéma qui se penche en ce moment sur les comic books. Les comics vont-ils devenir le nouveau terreau télévisuel après nombre de séries à succès flirtant déjà fortement avec le fantastique ? Ce ne serait pas étonnant.

Les couvertures d’Y restent de grands moments graphiques. Vraiment de toute beauté.

EN KIOSQUE

(Tous ces comics sont encore disponibles dans les librairies spécialisées, bien sûr…).

-INFINITE CRISIS : 52 #3 et #4.

Bon, vu l’importance de Civil War en ce moment, honneur à DC pour ne pas être trop injuste… surtout que 52 est vraiment une série intéressante et qu’il serait idiot de la bouder. Les numéros 4 et 5 sont sortis cet été, et le plaisir est toujours le même. Il faut dire que pas moins de quatre scénaristes (et quels scénaristes : Geoff Johns, Grant Morrison, Greg Rucka et Mark Waid) co-réalisent la série, et que c’est Keith Giffen (encré par plusieurs artistes) qui dessine. Nous continuons donc de suivre en alternance plusieurs parcours néanmoins liés et souvent assez dramatiques. Booster Gold supporte de moins en moins le nouveau héros des foules qui lui fait de l’ombre : le mystérieux Supernova. L’aventure se finira très mal pour Booster… L’Homme Elastique pleure sa femme morte et va tenter de la faire revenir à la vie. Black Adam, lui, va provoquer la naissance d’une nouvelle super-héroïne qui va le faire chavirer vers des terrains moins guerriers qu’à l’habitude…Ma partie préférée est celle consacrée à Renée Montoya et à Question, qui est vraiment très réussie : fine, non dénuée d’humour, intimiste, étrange, forte… Montoya est extrêmement touchante.

Vous pourrez aussi, dans le numéro 4 d’août, lire la suite et la fin de l’Histoire de l’Univers DC (quel sac de nœuds !), ainsi que deux planches qui racontent les origines de Wonder Woman, prélude à d’autres origines abordées dans les prochains numéros de 52.

-ULTIMATE FANTASTIC FOUR #19.

Eh oui, il faut vraiment nous le mettre dans la tête, mais Millar et Land sont bien partis d’Ultimate FF… Snirf ! Dès le prochain numéro, ce seront Mike Carey et Pasqual Ferry qui reprendront les rênes de la série. En attendant, vous pourrez vous délecter de ce numéro charnière nous proposant le deuxième Ultimate FF Annual signé Mike Carey et Stuart Immonen, avec la collaboration extrêmement talentueuse du dessinateur britannique Frazen Irving (celui qui dessine Klarion dans Seven Soldiers of Victory de Morrison). L’histoire est plaisante, souvent drôle, et décolle carrément quand Irving intervient aux pinceaux (c’est très très beau).

Mais ce qui rend ce numéro irrésistible, c’est, hormis quelques croquis de Greg Land, trois couvertures originales d’Ultimate FF signées Suydam dans le contexte « Marvel Zombies ». Ces trois couvertures génialissimes valent à elles seules la peine d’acheter ce comic.

-CIVIL WAR #5 et #6.

Ca y est, nous y voilà ! À l’heure où vous lirez ces lignes, le septième et dernier volet de Civil War sera déjà sorti et vous l’aurez certainement lu. C’est vraiment dingue, non ?

Vu que cette revue de presse est un peu caduque puisque tous ces comics sont déjà sortis depuis quelque temps, je ne reviendrai ci-dessous que sur certains points remarquables (de toute façon, avec Marvel, en ce moment, il est difficile de parler de quoi que ce soit sans dévoiler des secrets hitchcockiens, alors…). Notons le rôle inattendu du Punisher, et certains héros qui morflent vraiment : Spider-Man, sauvé in extremis, Captain America, le visage explosé, ou les Quatre Fantastiques, qui semblent définitivement imploser. Les coups de théâtre s’enchaînent, et l’on suit chaque page, chaque image, abasourdi par ce qui peut arriver, fébrile pour la suite des événements.

Et même maintenant que nous connaissons la « fin », la fébrilité ne s’estompe pas, au contraire : c’est en se rongeant les ongles qu’on envisage les prochains épisodes des grandes séries à venir. Mais bon dieu de bon dieu de bon dieu, comment tout ça va évoluer ?

Les deux séries annexes à Civil War (L’Accusé et Cellule Dormante) se poursuivent dans ces pages, s’enfonçant toujours plus dans le drame et les rebondissements qui décoiffent.

-CIVIL WAR EXTRA #2.

Ce deuxième numéro de Civil War Extra était très attendu par beaucoup d’entre nous tellement le premier a été passionnant à lire. Soyons honnêtes, à part Embedded qui reste très fort, le contenu des autres séries de ce numéro est un peu moins palpitant. On retiendra surtout le retour d’une véritable légende : Captain Marvel (le deuxième de 1967 signé Lee et Colan, pas le premier de 1940 signé Parker et Beck), mais on pourra s’interroger sur l’intérêt de ce retour plutôt bancal. L’épisode du nouvel Homme-Fourmi, lui, est carrément lourdingue, et ceux d’U.S. Agent et de Sentry un peu anecdotiques. Même le court récit de guerre (vous savez, ces Untitled qui parsèment les différents titres touchés par Civil War) est cette fois-ci plutôt démago. Mais bon… passée cette petite déception, il reste Embedded ! Ah, Embedded… quelle série ! Après les premiers épisodes où les choses se sont mis en place au fil des conversations des deux journalistes Ben Urich et Sally Floyd, les événements relatés ici nous plongent de plus en plus dans un engrenage inéluctable entraînant nos deux protagonistes dans des situations difficiles… De nombreux rebondissements sont au rendez-vous, et il nous tarde vraiment de connaître la fin de cette série intelligente et palpitante. Ce sera en octobre, dans Civil War Extra #3.

-MARVEL ICONS #27 et #28.

Un des titres les plus importants dans l’épopée Civil War, puisqu’il regroupe des épisodes de New Avengers, Fantastic Four, Captain America ou Iron Man. Iron Man, justement, en bave ici des ronds de chapeaux (bien fait ! ah mince, maintenant vous savez dans quel camp je suis !). Quant aux aventures de Captain America, elles approfondissent le rôle et la personnalité de Nick Fury, Sharon et le Soldat de l’Hiver, tout en avançant les pions des ennemis, en l’occurrence Crâne Rouge, l’Hydra et quelques autres vilains vraiment très méchants (de très beaux épisodes servis par Ed Brubaker et magnifiquement dessinés par Mike Perkins, dont le sens du contraste est parfait). Notons au passage un épisode un tantinet kitch avec la Chose à Paris… qui ne laissera pas un souvenir impérissable.

Dans le numéro 28, vous trouverez deux perles. Un épisode des New Avengers signé Bendis et Maleev qui s’attarde sur Œil de Faucon et la Sorcière Rouge (les dessins sont merveilleux, l’ambiance incroyable, Wanda sublissimement belle, et les références à Klimt très réussies). Puis un récit diablement intitulé Rubicon et qui met en scène une rencontre entre Captain America et Iron Man afin de trouver un terrain d’entente pour arrêter le massacre : on y parle beaucoup, on s’y bat peu, c’est passionnant et émouvant, et un peu dur pour les nerfs.

En fins de volumes, vous pourrez lire les fameux petits Untitled, courts récits mettant en rapport Civil War avec d’autres guerres qui ont parsemé notre Histoire. Des petites œuvres intéressantes si l’on considère leur portée symbolique dans un contexte actuel où les Etas-Unis s’enfoncent toujours plus dans un nouveau bourbier armé. Mais nous en reparlerons dans le dossier que je vous ferai ici-même fin octobre sur le sujet.

-MARVEL ICONS HORS SERIE #11.

J’avoue n’avoir jamais été un grand fan du Punisher. Et ce Marvel Icons lui est entièrement dédié. Eh bien j’ai adoré. L’histoire principale en trois parties Comment J’Ai Gagné la Guerre est une grande réussite. Le scénario de Matt Fraction et les dessins d’Ariel Olivetti sont parfaits, et l’on dévore la chose (sans majuscule) avec allégresse et nervosité. De plus, l’optique du Punisher sur les événements est très intéressante quant à la compréhension globale du phénomène, facette riche d’enseignement. Les peintures d’Olivetti engendrent une vision du personnage qui lui ouvrent de nouvelles nuances graphiques et psychologiques. C’est très beau. C’est parfait. La seconde histoire, cette fois dessinée par Mike Deodato, est plus tragi-comique mais offre une complémentarité bienvenue au premier récit.

Bref, un titre à ne pas laisser passer !

-SPIDER-MAN #90 et #91.

Poor Peter Parker..! S’il y a bien un héros qui traverse plus que douloureusement ces événements, c’est bien Spider-Man… Normal, me direz-vous, puisqu’il est aussi l’un des héros les plus emblématiques de la Maison des Idées. Mais quand même ! C’est tout simplement incroyable ce qu’a décidé de faire Marvel avec Spider-Man à l’occasion de Civil War. Toucher ainsi à son identité, en faire un clandestin, mettre en danger tout son entourage, l’acculer à l’impossible (surtout après ces quarante années d’efforts acharnés pour sauvegarder tout cela), et tout ça pour… rien ? C’est incroyable, ce que fait Marvel avec Spider-Man. Une révolution. Un séisme. Dans les deux numéros de cet été, Peter Parker – après une baston d’enfer contre Iron Man – est revenu faire une déclaration à la TV afin de clamer haut et fort au monde ce qu’il pense et quelle est désormais sa position définitive dans le conflit (aïe aïe aïe), puis va rencontrer Captain America pour une profonde discussion. Au fil des pages et des différents épisodes des différentes séries arachnéennes, nous plongeons d’ores et déjà dans la vie clandestine de Peter, Mary Jane et tante May. Non mais combien de temps les fans vont-ils se ronger les sangs, comme ça ? Dur dur…

Bon, ben voilà, cette chronique est finie… Hum… Mais… Non mais euh, franchement… c’est vraiment dingue, ce qui se passe, là, hein ? Tous ces héros qui se battent, l’ordre politique, la nouvelle ère pour tous les encapés, et Urich et Floyd, et le contexte, et la clandestinité, et… Et vous avez vu, pour Captain America, ce mois-ci dans Civil War #7 ? Non mais c’est dingue, non ? Et Spider-Man, non mais c’est incroyable, ce que lui fait Marvel, non ? Et. Miss Marvel, mais c’est un cauchemar ! Et… et… et… Non mais dites-moi que je vais me réveiller !