Les amateurs de son œuvre le savent bien : Jacques Tardi est un boulimique de travail qui dessine matin, midi et soir. Or, « Dessins matin, midi et soir », c’est le titre d’un beau petit recueil édité par Oblique Art (structure dirigée par Pierre-Marie Jamet) qui nous propose pas moins de 160 pages rassemblant des illustrations réalisées par le créateur d’« Adèle Blanc-Sec », sélectionnées dans les nombreux carnets qu’il a noircis (voire mis en couleurs) tout au long de sa remarquable carrière d’auteur du 9e art : croquis, études de personnages… et même courtes bandes dessinées iconoclastes inédites.
Lire la suite...PLUS DE LECTURES DU 3 SEPTEMBRE 2007
Notre sélection de la semaine : “ La Théorie du grain de sable ” par François Schuiten et Benoît Peeters, “ Haute sécurité cycle 1 : Les gardiens du temple (2 vol.) ” par Gihef et Joël Callède, et “ Miss Endicott T.1 ” par Xavier Fourquemin et Jean-Christophe Derrien.
Cliquez sur l’appareil photo pour découvrir les couvertures des albums chroniqués.
“ La théorie du grain de sable ” par François Schuiten et Benoît Peeters
Editions Casterman (17,50 Euros)
Avec le cycle des «Cités Obscures», l’imagination fertile de Benoît Peeters et l’élégant style Hetzelien (proche de la gravure) de François Schuiten ont participé au renouvellement de la narration classique du 9ème art, tout en mettant en place un univers cohérent et original, en hommage aux grands architectes du début du XXème siècle. Chaque parution d’un de leurs nouveaux albums est un événement, et celui-ci ne déroge pas à la règle : leur passion pour les rapports entre le texte et l’image permettant, une fois de plus, d’apporter une nouvelle pierre à l’édifice de ce monde parallèle au nôtre, entre science et poésie. Or, justement, c’est de pierres (et de sable, bien entendu) qu’il s’agit dans cette 1ère partie d’un diptyque étonnant (proposé dans un subtil format à l’italienne) où la ville est, de nouveau, le véritable protagoniste de l’histoire. Brüsel, l’une des métropoles mythique des «Cités Obscures», est en proie à une série de phénomènes inexplicables : des pierres au poids identique se matérialisent mystérieusement, et sur un rythme de plus en plus rapide, dans les différentes pièces d’un appartement ; des quantités de sable, toujours plus importantes, envahissent l’intérieur d’une jeune mère de famille en proie à la dépression ; le patron et chef cuisinier d’une célèbre brasserie perd du poids, sans maigrir pour autant, jusqu’à se retrouver en état de lévitation ; un gigantesque haut dignitaire du Boulachistan est écrasé par un tramway… Ces étranges dérèglements nécessitent l’intervention d’une spécialiste des phénomènes insolites : Mary Von Rathen, celle qu’on a autrefois surnommée «L’enfant penchée»… Retour d’un personnage emblématique dans ce qui s’annonce comme le récit le plus fantastique et le plus innovant de ce duo d’auteurs vivant en Belgique.
“ Haute sécurité cycle 1 : Les gardiens du temple (2 vol.) ” par Gihef et Joël Callède
Editions Dupuis (9,80 Euros chacun)
L’efficacité des techniques narratives de certaines séries TV américaines contemporaines est, manifestement, en train d’influencer la manière de raconter de certains jeunes scénaristes francophones. Ceci est flagrant dans les thrillers fantastiques, au découpage déjà très cinématographique et tout à fait digne d’éloges, que Joël Callède nous concocte depuis quelque temps («Comptine d’Halloween», «Dans la nuit», «Tatanka» ou encore «Les enchaînés», BD également réalisée avec Gihef, dessinateur au trait un peu figé mais particulièrement bien adapté à ce genre d’ambiance réaliste). «Haute sécurité», leur nouvelle série (dont les 2 premiers albums sont publiés en même temps par les éditions Dupuis), se déroule dans le milieu carcéral et la comparaison avec des feuilletons télévisés comme «Prison Break» ou «Oz» vient d’emblée à l’esprit. Pourtant, si les auteurs se sont bien inspirés des recettes «made in USA», cette enquête du FBI, sur 2 meurtres dans la prison de Templeton Bay, se révèle originale par l’approfondissement du caractère de tous ces protagonistes évoluant dans un monde en huis clos !
“ Miss Endicott T.1 ” par Xavier Fourquemin et Jean-Christophe Derrien
Editions Lombard (15 Euros)
Profitant du relookage de la collection «Signé» (où l’on retrouve des one-shots, souvent remarquables d’Hermann, de Cosey, de Dany…) – Voir l’article de Laurent Turpin : Le Lombard relance Signé -, «Miss Endicott» est un diptyque fantastique, proche du steampunk, qui s’intègre parfaitement dans le prestigieux label des éditions du Lombard, tout en le renouvelant avec fraîcheur et densité. Les enquêtes de cette préceptrice émancipée, dans un 19ème siècle londonien un peu fantasmé, sont le point de départ d’un récit complexe et inattendu. Prenant la suite de sa conciliatrice de mère, Prudence Endicott règle les menus tracas des pauvres gens, mettant à profit les techniques de combat et les recettes culinaires qu’on lui a enseigné lors de ses nombreux voyages à travers le monde. Elle va se retrouver embarquée dans le soulèvement du petit peuple habitant les sous-sols de la ville et elle sera confrontée à sa génitrice… qu’elle croyait morte ! Pour l’occasion, Xavier Fourquemin arrondi les angles de son trait à
Gilles RATIER