Dans le cinquième volume de ses aventures, « Le Grimoire d’Elfie T5 : Les Reflets de Walpurgis », la jeune Elfie découvre le marais poitevin (entre La Rochelle et Niort) et des festivités réservées aux magiciens et sorcières depuis le temps de la mystérieuse fée Mélusine. Une nouvelle enquête pour la jeune adolescente, avec l’apport non négligeable de son grimoire magique, à l’issue de laquelle elle en aura appris beaucoup sur les dangers contemporains qui guettent cette zone humide remarquable et sa propre famille.
Lire la suite...CONNAISSEZ-VOUS « TILLIE THE TOILER » ?
Une jeune secrétaire sténo-dactylo, Tillie Jones, apparaît le 3 janvier 1921 dans les journaux du King Features Syndicate (le 14 au New York American) en bande quotidienne, augmentée d’une planche dominicale le 10 octobre 1922.
Petite sœur de Winnie Winkle (Martin Branner, Winnie Winkle the Breadwinner), de Norah (Bringing Up Father de George McManus) ou de Polly (Polly and Her Pals, sous la plume de Cliff Sterrett), elle fait partie de ces femmes libres et indépendantes. Mais, à la différence de ses aînées, c’est moins par esprit de révolte ou d’indépendance qu’elle travaille, mais plutôt par nécessité. D’autant plus que vouloir acquérir son indépendance, c’est aussi savoir faire face, et
Tillie n’échappe pas au destin. Son nom nous le confirme : on la surnomme « the Toiler », la bosseuse, la trimeuse. (La fonction professionnelle régulière demeurait rare encore pour les femmes, dans les années vingt.) Le choix de ce titre, par opposition à « the Breadwinner », n’est pas innocent. Winnie fut en effet, du début à la fin, la représentation de la réussite professionnelle féminine ; Boots (Abe Martin, Boots and Her Buddies, à partir de 1924) sera l’incarnation de la maîtresse de maison parfaite, dans le milieu de la classe moyenne bien établie.
Tillie s’emploie, elle, à des fins plus modestes et plus immédiates. Anticipant sur l’avenir cependant, elle deviendra « chroniqueuse mondaine, chargée des relations publiques ». Elle est aussi, par exemple, un modèle occasionnel dans le magazine de mode dirigé par J. Simpkins. Tout en rêvant parfois d’une grande carrière et d’un mari aisé et bien portant, elle se contente finalement de bons et futiles moments d’agrément. Elle quitte de temps en temps son activité, espérant accéder à une vie plus glorieuse, mais y revient toujours, car là se trouve sa condition réelle. Si sa profession n’est pas toujours attrayante ni très bien payée, son existence ne manque pas d’aventures. À la sortie de son travail, elle reprend une vie de nature plus romantique. Ce qui la préoccupe en effet, ce sont les boucles de ses beaux cheveux noirs, l’éclat de ses lèvres rouges, l’attrait de son mignon petit nez retroussé, sa ligne de hanche autant que sa ligne de chance. Alors que les expressions de son visage ne changent guère tout au long de la série – signe d’un stéréotype volontaire –, elle est sensible aux modulations de son style vestimentaire et, bien qu’elle n’accède jamais à la fortune, elle s’arrange toujours pour être à la mode. Peut-être reçoit-elle quelques subsides de Mr J. Simpkins ?
Ainsi se trouve-t-elle imbriquée dans des affaires troublantes dont elle sort avec l’aisance d’une désinvolture toute féminine. Et les situations embarrassantes et équivoques ne manquent pas… Grâce à sa belle mise, elle se trouve dans la ligne de mire de jeunes et beaux soupirants.
Pendant la Deuxième Guerre mondiale, elle devient cependant plus responsable. Elle fut même parmi les premières à s’engager dans l’Auxiliary Army Corps en 1942. Elle laisse alors ses occupations, qu’elle n’avait jamais quittées depuis le début des années vingt, abandonne ses vêtements et prend l’uniforme.
Son jeune et pathétique fiancé, Clarence Mac Dougall, ou Mac tout simplement, lui aussi rejoint l’Armée peu après. Son drame, quant à lui, est de se confronter aux prétendants empressés et sportifs se pressant dans le sillage de la belle amoureuse qui sait jouer de ses charmes ; car son cœur est bien volage, par intérêt ou par une invétérée naïveté, mais, attention, malgré ses escapades, elle reste très chaste. Elle garde sous son aile son petit fiancé qu’elle couve d’attentions quand il s’agit de lui faire miroiter la vie commune. Il faut dire qu’il n’est pas bien beau, avec ses cheveux blonds, son nez gros comme une patate, ses joues empourprées, son air de simplet. Mais Tillie reste son éternel espoir, il a une foi incurable en elle et s’accroche, tolérant ses nombreuses fantaisies. À la fois admiratif et enthousiaste, il est flatté dans son amour propre de pouvoir se trouver aux côtés d’une si jolie fille. Et il aurait bien tort de laisser passer une si belle occasion. Toute l’histoire est là. Car si Tillie finissait par se rendre, si elle consentait à devenir sa femme, il n’y aurait plus lieu d’en faire un récit animé. Ce qui arriva le 15 mars 1959.
Tillie the Toiler représente ainsi la bande dessinée sentimentale par excellence, où l’humour ne manque pas, et exprime les frasques et désirs de la femme des années vingt. Tillie aime la vie. En cela, elle plaît autant aux lectrices qu’aux hommes.
Bien que d’un graphisme et d’une exécution simple et facile, limpide et modeste, malgré des répétitions dans les scénarios, la série reste très populaire tout au long de ses trente-huit ans de carrière. Embie Dist, après 1922, réalise des dessins pour des comic books (Cupples and Leon de 1925 à 1933, Dell de 1941 à 1949). Un film de Hobart Henley, avec Marion Davies dans le rôle de Tillie sortira en 1927. En 1940, on verra celui de Sidney Salkow, sur un scénario de Westover, avec Kay Harris (Tillie) et William Tracy (le fiancé). Parmi les nombreux assistants de Russell Channing Westover, on trouvera Alex Raymond (auteur par ailleurs de Flash Gordon), Joe Musial (souvenons-nous qu’il a aussi participé à Popeye et reprendra les Katzenjammer Kids), et surtout Bob Gustafson, en 1951. Dans ces années-là, le ton et l’aspect sont modernisés. En 1954, ce dernier s’attellera officiellement à la série, dans son intégrité, qu’il signera à partir du 4 octobre, et jusqu’à la fin de la bande quotidienne, le 9 mars 1959, et de la page dominicale, le 15 mars. NM