Apparue pour la première fois dans le mensuel Tchô ! en 2003, Lou est devenue un best-seller de l’édition, avec plus de trois millions d’albums vendus, une série d’animation, un long métrage, des traductions dans le monde entier… Un tel succès méritait bien cet ouvrage anniversaire, qui nous propose — en plus de 300 pages — de revenir sur l’histoire de l’héroïne qui a grandi avec ses lecteurs. Tout en ouvrant généreusement ses carnets de croquis, Julien Neel évoque — au cours d’un long entretien — son propre destin, lié depuis 20 ans à celui de la petite fille blonde devenue grande.
Lire la suite...PLUS DE LECTURES DU 16 OCTOBRE 2006
Voici une sélection toujours aussi éclectique avec, à défaut de mangas, un guide sur cette culture très prisée par les ados : “ La rose & la croix T.2 : Maître Dagélius ” par Luigi Critone, Nicolas Jarry et France Richemond, “ La loi du Kanun T.2 : L’amazone ” par Michel Chevereau et Jack Manini, “ Carême T.3 : Léviathan ” par Paolo Mottura et Christophe Bec, “ Aya de Yopougon T.2 ” par Clément Oubrerie et Marguerite Abouet et “ Culture manga ” par Fabien Tillon.
Cliquez sur l’appareil photo pour découvrir les couvertures des albums chroniqués.
“ La rose & la croix T.2 : Maître Dagélius ” par Luigi Critone, Nicolas Jarry et France Richemond
Editions Soleil (12,90 Euros)
Voici le 2ème tome (aussi passionnant que le 1er) de cette série conçue autour de la vie aventureuse de Johan Friedrick Böttger (personnage ayant réellement existé) : un garçon de 14 ans fasciné par l’alchimie, à la fin du XVIIème siècle. Initié par son grand-père prussien, il découvre les prémices d’un pouvoir lui permettant de transformer le métal en or. Envoyé à Berlin par un beau-père fatigué de ses frasques, notre héros est enlevé par des hommes en noirs, membres d’une confrérie obscure. Le seul indice pour identifier les ravisseurs consiste en une étrange bague : les voies de l’ésotérisme seront-elles impénétrables ? Cette épopée, au rythme enlevé, évolue dans un contexte rigoureusement documenté et est digne des feuilletons de cape et d’épée à la Michel Zévaco ou à la Alexandre Dumas. Quant au dessinateur italien choisi pour mettre le tout en images, il fait merveille dans les scènes d’action : son trait prometteur étant très bien mis en valeur par les belles couleurs de son compatriote Lorenzo Pieri : une réussite, dans le genre !
“ La loi du Kanun T.2 : L’amazone ” par Michel Chevereau et Jack Manini
Editions Glénat (12,50 Euros)
Un vieil ivrogne, exclu du parti, a recueilli l’enfant d’un fonctionnaire russe qui a quitté le sol de l’Albanie. L’orphelin, alors âgé de 13 ans, vit de rapines diverses, ou même de vente d’enfants, et assiste à l’application de la loi du Kanun, encore en vigueur dans le nord du pays : si une personne est tuée, un membre de sa famille doit assassiner un proche de l’agresseur, ceci afin de venger son honneur. Devenu adulte, de nos jours, il découvre une bibliothèque légendaire où est dissimulé un livre rare qui contient la liste des victimes de cette loi équivalente à la vendetta sicilienne : et son nom figure dans l’ouvrage ! Le scénario efficace, voire irréprochable, de Jack Manini (par ailleurs excellent dessinateur de «Mycroft Inquisitor» d’Arleston et Latil ou d’«Estelle» du regretté Maric) est magnifiquement mis en images par le trait réaliste de Michel Chevereau («K.O.», chez Soleil) : il serait vraiment dommage qu’une aussi bonne série se perdent au milieu des (trop ?) nombreuses parutions de ce trimestre !
“ Carême T.3 : Léviathan ” par Paolo Mottura et Christophe Bec
Editions Humanoïdes associés (12,90 Euros)
Ultime tome de cette superbe histoire d’amitié, «Léviathan» nous permet de retrouver Martinien, devenu éditeur à succès et qui souhaite conquérir d’autres horizons ; et puis, il y a Aimé, toujours rongé par le mal, mais aussi disponible que discret. De Lanmeurbourg, la cité impériale, à la Nouvelle York, leurs destins vont être encore étroitement liés, pendant quelque temps, alors que la montée du courant anarchiste leur amène bien des désillusions. Abordant différents thèmes comme la cohabitation des classes, la mort d’un être cher, ou l’univers de l’édition, toujours avec douceur, poésie, humour et ironie, ce drame fantastique, au rythme particulier, est sublimé par des dessins baroques, féeriques, et aux perspectives étourdissantes. Voilà qui promet pour le prochain projet à venir de Christophe Bec et de l’italien Paolo Mottura (qui a reçu le Prix Albert Uderzo du «Jeune talent», en 2005) : «Deus».
“ Aya de Yopougon T.2 ” par Clément Oubrerie et Marguerite Abouet
Editions Gallimard (15,50 Euros)
Le 1er tome a été signalé unanimement par la critique (Prix du 1er album à Angoulême et l’un des 20 indispensables du 1er semestre 2006 pour l’ACBD) et ce deuxième tome, toujours axé sur le quotidien d’un groupe d’ados de Yopougon (quartier populaire d’Abidjan), est du même tonneau ! La romancière Marguerite Abouet nous y raconte, avec beaucoup d’humour et en utilisant les tics de langages locaux, une Afrique bien vivante, loin des poncifs européens. Le lecteur se délectera des déboires d’Aya et de ses copines, lesquelles aiment bien s’amuser avec les garçons. D’ailleurs, l’une d’elles (Adjoua) a accouché d’un beau petit bébé et ce 2ème opus s’attarde sur le mystère qui entoure le vrai père du charmant rejeton ! Jouant sur plusieurs niveaux de lectures, ce récit enjoué est habillement mis en images, avec authenticité, par le style «nouvelle BD» (rien d’étonnant à cela, la collection «Bayou» où est publié «Aya de Yopougon» est dirigée par Joann Sfar) de Clément Oubrerie : dessinateur issu du milieu de l’illustration des romans pour la jeunesse. Vivement le tome 3, lequel est annoncé pour le printemps 2007 !
“ Culture manga ” par Fabien Tillon
Editions Nouveau monde (17 Euros)
Après avoir été longtemps méprisées, les BD japonaises font désormais l’objet d’analyses, de guides sur l’état des lieux ou de synthèses des spécificités narratives et graphiques du genre. Après les excellents «Le guide phénix du manga» chez Asuka, «Le manga» de Stéphane Ferrand et Sébastien Langevin chez Milan, ou le «Guide des mangas» de Julien Bastide et Anthony Prezman chez Bordas, voici un autre ouvrage indispensable qui s’intéresse davantage aux aspects culturels et sociaux de la production : «Culture manga» aux éditions Nouveau Monde. Le journaliste Fabien Tillon, qui travaille principalement pour Bo Doï et Phosphore, nous propose des pistes de lecture et analyse l’idéologie des mangas ainsi que leur interaction avec les évolutions de la société nippone. Il nous soumet ainsi des réflexions intéressantes sur l’impact géopolitique de la domination de cette culture sur le monde (en France, 42% des BD éditées sont des mangas et certains se placent régulièrement dans les meilleures ventes de livres). Fort bien illustré et maquetté, ce beau livre de 144 pages est accessible et utile à tous !
Gilles RATIER