Apparue pour la première fois dans le mensuel Tchô ! en 2003, Lou est devenue un best-seller de l’édition, avec plus de trois millions d’albums vendus, une série d’animation, un long métrage, des traductions dans le monde entier… Un tel succès méritait bien cet ouvrage anniversaire, qui nous propose — en plus de 300 pages — de revenir sur l’histoire de l’héroïne qui a grandi avec ses lecteurs. Tout en ouvrant généreusement ses carnets de croquis, Julien Neel évoque — au cours d’un long entretien — son propre destin, lié depuis 20 ans à celui de la petite fille blonde devenue grande.
Lire la suite...PLUS DE LECTURES DU 24 AVRIL 2006
Après une petite semaine de vacances, nous ne résistons pas à continuer de vous proposer notre sélection hebdomadaire de 5 récents albums de BD : “ Agence Hardy T.4 : Banlieue blanche, banlieue rouge ”, “ L’intégrale Gai-Luron : l’intégrale T.1 ”, “ L’enragé T.2 ”, “ Après la guerre T.1 ” et “ Le bal des chimères T.2 ”.
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“ Agence Hardy T.4 : Banlieue blanche, banlieue rouge ” par Annie Goetzinger et Pierre Christin
Editions Dargaud (9,80 Euros)
L’Agence Hardy est une attachante série policière qui sent bon les années 1950 et qui nous rappelle un Paris disparu. Cette 4ème enquête, habilement menée, évoque particulièrement le site mythique de l’usine Renault, sur l’île Seguin, à Boulogne-Billancourt, dont il ne reste, aujourd’hui, plus grand-chose. Le scénario, très documenté, montre bien les fantasmes de l’époque et permet de faire revivre, avec un brin d’humour, la vie de l’usine au travers de l’élucidation d’un vol de maquette de prototype. L’héroïne, une élégante et mystérieuse veuve, va enquêter chez les cadres alors que son assistant se fait embaucher dans une des chaînes de montage, avec l’aide discrète de la CGT. Quant au dessin précieux et nostalgique d’Annie Goetzinger (une des grandes dames de la BD), il épouse parfaitement l’intrigue, autant influencée par les romans de Simenon que par ceux d’Eric Ambler : de la bonne BD classique, comme on aimerait en lire plus souvent !
“ Gai-Luron : l’intégrale T.1 ” par Gotlib
Editions Fluide Glacial (39 Euros)
Chien flegmatique (inspiré par le «Droopy» des dessins animés de Tex Avery), «Gai-Luron» apparaît dans le n° 1000 du journal Vaillant, le 12 juillet 1964. Il n’est alors qu’un des personnages secondaires de la série «Nanar, Jujube et Piette» (laquelle va bientôt être rééditée dans la collection «Patrimoine» des éditions Glénat), mais, petit à petit, il va leur voler la vedette et s’imposer comme l’un des piliers de cet hebdomadaire d’obédience communiste : son nom devenant alors celui du générique surmontant ces histoires en 1 ou 2 planches. En compagnie du renard Jujube et de la belle Lurette (caniche femelle), ce cabot quelque peu lymphatique se met dans la peau de toutes sortes de personnages célèbres quand il ne passe pas son temps à répondre au courrier que lui adresse un jeune lecteur du Var… L’humour déjà très moderne (à l’époque) de Gotlib est bien présent et, aujourd’hui encore, il provoque de nombreux éclats de rire. Les éditions Fluide Glacial (créées par Gotlib, lui-même) ont eu la bonne idée de réunir ces gags visuels époustouflants soutenus par des dialogues délirants dans une belle et volumineuse intégrale. Le 1er tome (300 pages dont 26 d’inédits) vient de paraître, en même temps qu’un drolatique et indispensable «Pop-Up» réalisé par l’équipe du journal : Binet, Tronchet, Solé, Mo et Julien CDM, Lamorthe, Hugot, Frémion…
“ L’enragé T.2 ” par Baru
Editions Dupuis (14 Euros)
Suite et fin de cet excellent diptyque de la superbe collection «Aire Libre» qui est situé dans le milieu de la boxe et qui nous dépeint l’ascension sociale (puis la disgrâce, la déchéance et la rédemption) d’un gamin des cités prêt à tout pour sortir de sa condition et jouant des poings pour se frayer un passage vers la gloire et l’argent. Canalisant sa violence en pratiquant ce sport de manière intensive, ce jeune homme ambitieux, orgueilleux, coléreux et rancunier, mais pourtant attachant, est devenu champion du monde, multipliant les déclarations fracassantes, faisant ainsi la une des magazines. Toutefois, cette vie remplie de frasques, de provocations et d’amours déçus va le conduire à comparaître devant la justice. Sans racolage et sans compromission, comme à son habitude, Baru sait nous parler au mieux du milieu ouvrier dont il est issu et nous raconte avec une rare force, et une étonnante tension, ce captivant destin d’un homme qui a la rage aux poings. Les scènes de ring sont particulièrement saisissantes et sont sublimées par le style vif, précis et dynamique de cet auteur engagé et atypique qui, par ailleurs, connaît très bien le milieu du sport puisqu’il fut professeur d’éducation physique, dans sa jeunesse. Avec une narration exemplaire et un dessin oscillant entre réalisme et caricature Baru (de son vrai nom Hervé Barulea) nous assène ici, certainement, l’une de ses plus belles œuvres, et ceci sans coup faillir !
“ Après la guerre T.1 ” par Freddy Martin, Etienne Le Roux et Luc Brunschwig
Editions Futuropolis (4,90 Euros)
Luc Brunschwig est le directeur littéraire de la toute nouvelle collection «32» des éditions Futuropolis, inaugurée avec cette série de science-fiction prévue en 15 volumes (le tome 2 est déjà prévu pour le mois d’août) dont il est aussi le scénariste inspiré. Comme son nom l’indique, «32» propose des récits à suivre de 32 planches, avec un rythme rapide de parution, le tout en fascicules souples, d’un format assez grand et d’un prix modique. Avec «Après la guerre», qui constitue une bonne initiation au concept de ce label innovant, le scénariste pose les bases d’un avenir crédible, en laissant naturellement évoluer les grandes tendances de ce début de siècle, prolongeant ainsi sa réflexion sur notre société, entamée avec ses séries «Le pouvoir des innocents» et «Le sourire du clown»… Alors que le libéralisme sauvage a transformé notre planète en un gigantesque état tiers-mondiste, Gordon Etchevaria et ses amis écoutent une chaîne de TV d’info qui leur apprend que trois vaisseaux, d’origine extraterrestre, se dirigent vers la Terre. Malgré les demandes de fraternisations, ces nefs semblent avoir des intentions belliqueuses et le président de l’O.N.U. mobilise tous les hommes en état de se battre. Un peu plus d’un an plus tard, notre «héros» est devenu enquêteur privé. Engagé pour retrouver une jeune fille, il est aussi en train d’essayer de comprendre ce que son monde est en train de vivre : peu de gens en étant conscients car trop préoccupés par la nécessité de survivre au jour le jour… Ce récit d’anticipation apocalyptique, qui s’annonce également comme une bonne enquête policière dans un univers assez glauque, est fort bien mis en images par l’illustration sombre et tourmentée de Freddy Martin et d’Etienne Le Roux, ainsi que par les couleurs de Vincent Froissard : du très bon travail !
“ Le bal des chimères T.2 ” par Fabien Lacaf et Nelly Moriquand
Editions Albin Michel (13,90 Euros)
Voici la seconde partie d’un dyptique, situé dans une impressionnante citadelle militaire fortifiée, à l’entrée des montagnes du Queyras. Le colonel-enquêteur, chargé de trouver le responsable des meurtres sanglants de deux jeunes officiers, soupçonne une jeune femme fragile et troublante, en proie à ses démons intérieurs et confrontée à son terrible passé. Cette dernière est revenue sur les lieux de son enfance pour accompagner son époux nommé dans la garnison où son père fût commandant… Le nouveau style graphique (croquis nerveux magnifiquement aquarellé) de Fabien Lacaf est proche du story-board. Cette technique, que le dessinateur connaît bien car il a travaillé sur de nombreux films comme «Le hussard sur le toit», «Les visiteurs II», «Astérix» ou «Monsieur N», met bien en valeur la belle et dramatique histoire de secret de famille imaginée par sa compagne (Nelly Moriquand, avec laquelle il avait déjà réalisé les excellents «Pêcheurs d’étoiles», série historique passée trop inaperçue dans la collection «Vécu» de chez Glénat) et restitue parfaitement l’ambiance romantique de cette fin du 19ème siècle : recommandé !
Gilles RATIER