Dans le cinquième volume de ses aventures, « Le Grimoire d’Elfie T5 : Les Reflets de Walpurgis », la jeune Elfie découvre le marais poitevin (entre La Rochelle et Niort) et des festivités réservées aux magiciens et sorcières depuis le temps de la mystérieuse fée Mélusine. Une nouvelle enquête pour la jeune adolescente, avec l’apport non négligeable de son grimoire magique, à l’issue de laquelle elle en aura appris beaucoup sur les dangers contemporains qui guettent cette zone humide remarquable et sa propre famille.
Lire la suite...Spécial « super-héros et cinéma »
Cette semaine, pas de chronique d’album mais une petite rétrospective des adaptations de super-héros sur grand et petit écran avant la nouvelle vague des années 2000…
Les vrais super-héros (c’est-à-dire les êtres dotés de pouvoirs surnaturels apparus à la fin des années 30 après une longue suite de personnages survitaminés ou ultra costauds et de justiciers masqués en tout genre), les vrais super-héros, donc, n’ont pas attendu longtemps pour passer du papier à la pellicule animée.
Ainsi, les comics mettant en scène Captain Marvel (apparu en 1940 dans Whiz Comics, créé par C.C. Beck et Bill Parker) eurent tellement de succès qu’ils furent adaptés en serials seulement un an après leurs débuts, pour le plus grand bonheur de toute une génération qui – après avoir rêvé en lisant les aventures incroyables de cet être hors du commun – allaient se rapprocher toujours plus de leur fantasme d’identification par la nature réaliste qu’offre le cinéma. Enthousiasme des foules en manque de merveilleux à atteindre, mais aussi difficulté des réalisateurs à restituer sur la pellicule des événements aussi fantastiques avec des moyens réalistes.
Vous me direz, Méliès était déjà passé par là, la première et géniale version cinématographique du « Monde Perdu » de Conan Doyle avait été tournée bien des années auparavant (1925, par Ernest B. Schoedsack et Merian C. Cooper), et dans les années 40 une suite de procédés techniques permettaient déjà certains effets « spéciaux » type rayon lumineux ou lévitation, bien entendu. Mais ce n’est pas parce qu’un rayon surgissait de la main d’un acteur (avec toute la naïveté délicieuse des comédiens de cette époque, véritables pionniers candides de cette grande aventure) que le jeu de celui-ci était forcément assez crédible pour que le spectateur soit tout à fait capable d’y croire. Eh oui… La force et la puissance d’évocation du dessin est un redoutable adversaire pour le cinéma, capable d’engendrer des visions et des émotions intenses lorsqu’il s’agit de traiter de surnaturel, grâce à ses possibilités de représentations quasi infinies. À ce titre, l’exemple de Captain Marvel (interprété par Tom Tyler) est symptomatique de toute la difficulté de l’enjeu.
On ne peut décemment pas aller plus loin sans parler des deux premiers piliers absolus de l’univers des super-héros, j’ai nommé bien évidemment Superman (créé par Joe Shuster et Jerry Siegel dans le numéro 1 d’Action Comics en juin 1938) et Batman (créé par Bob Kane dans le numéro 27 de Detective Comics en mai 1939). Pour des raisons inhérentes au contexte de l’époque (la Seconde Guerre mondiale), ce fut Superman qui eut droit le premier aux honneurs du cinéma dans une série de dessins animés réalisés par les studios Fleischer de 1941 à 1943. En ces temps de guerre, le cinéma et son pouvoir sur les foules (« l’opium du peuple »), véritable moyen de propagande, trouva en Superman un super-héros lumineux et sans ambiguïté, une véritable incarnation de la puissance de l’Amérique. Car les efforts de guerre américains (qui s’exprimaient aussi par les comics : voir le cas de Captain America qui eut droit lui aussi à son serial en 1944) n’auraient pas pu avoir Batman pour ambassadeur afin de sensibiliser les spectateurs au patriotisme et à l’engagement. Homme habillé en chauve-souris arpentant la nuit en quête de justice mais aussi de vengeance, Batman était l’expression d’une période vécue comme extrêmement anxiogène alors que Superman était un antidote et une exacerbation positive : c’est donc pour des raisons politiques et sociales que Superman fut adapté au cinéma à cette époque, et non pour des raisons artistiques.
Dans les années 50, c’est encore Superman qui eut droit à une nouvelle adaptation avec une série télévisée où George Reeves interprétait le super-héros déjà mythique. Une décennie plus tard, ce sera Johnny Rockwell qui jouera le rôle de Superboy… Un must à dévorer sans modération tant le spectacle donne le sourire (ah, ces scènes où Rockwell, habillé en jeune Superman, saute par la fenêtre à l’aide d’un trampoline hors cadre !). La nature très spécifique de l’univers de Batman devra attendre la liberté, la folie, le peps et l’angoisse mêlés des sixties pour être enfin adaptée sur petit écran, dans des épisodes où le Chevalier de la nuit fut exploité sous un angle baroque et ludique, avec pour résultat un sommet du kitch que l’on ne peut regarder aujourd’hui sans halluciner ou mourir de rire : génial ! Accompagné de Robin, Batman creva même le grand écran avec le film de Leslie H. Martinson (1966), exactement dans la lignée de la série télé. Encore une fois, c’est bien le contexte et l’esprit de l’époque qui donnèrent le ton de l’adaptation, étonnamment ancrée en son temps au lieu de puiser dans une vision historique du personnage.
En 1967, les studios Hanna Barbera offriront des séries de dessins animés consacrés aux Quatre Fantastiques et à Spider-Man, dans une réalisation épurée, à l’animation sommaire, mais non dénuée de charme… quelque peu édulcorée pour plaire aux plus jeunes. Le Silver Age a définitivement relancé la carrière des super-héros, bien évidemment grâce à Stan Lee qui – en créant un univers qui continue encore aujourd’hui à se déployer et à évoluer avec succès – a fait de Marvel l’un des plus formidables terreaux du comic book. Les Quatre Fantastiques, Spider-Man, Hulk, les X-Men, les Vengeurs… Tous auront droit à leur adaptation hollywoodienne des décennies plus tard.
Les années 70 seront marquées par les adaptations télévisées, avec deux séries phares : « Wonder Woman » et « L’Incroyable Hulk » (qui en plus de la série télévisée régulière eut le privilège de voir ses téléfilms spéciaux projetés dans les salles obscures). Mais honneur aux dames (et quelle dame, miam !) avec l’adorable Linda Carter qui incarna Wonder Woman avec malice et sex appeal. On sent clairement dans cette série télé le souffle de l’émancipation qui gagna les 70s, et l’incarnation de Wonder Woman par cette pétulante brunette exprima à merveille l’homosexualité féminine sous-jacente du personnage tout en brouillant les pistes avec de beaux mâles potentiellement consommables. Quant à la série consacrée à Hulk, son réalisateur Kenneth Johnson fit clairement le choix de s’éloigner du côté super-héros pour porter toute son attention sur le drame humain vécu par Bruce Banner (rebaptisé David pour l’occasion). Paradoxalement, cette série eut un succès monstre alors qu’elle tournait résolument le dos à tout ce qui constitue l’attrait « grand spectacle » intrinsèque à l’univers super-héroïque, lorgnant résolument vers le drame psychologique et la tragédie contemporaine de personnages considérés comme marginaux. La transformation de Banner en Hulk, normalement le clou du spectacle, n’était exprimée par aucun effet spécial, juste des plans rapprochés de tissu crevant sous le biceps en devenir, et le passage d’un acteur maigrichon à un culturiste peint en vert, Bill Bixby étant relayé par l’incroyable Lou Ferrigno.
Les années 80 et 90 marquèrent le retour en force de Superman et de Batman au cinéma, tout d’abord avec les films hollywoodiens où le regretté Christopher Reeve incarna magnifiquement Superman dans une suite de films réjouissants. Quant à Batman, ce fut Tim Burton qui remit ensuite le héros de la nuit à l’honneur dans un film marquant qui ouvrira la voie à d’autres adaptations cinématographiques régulières jusqu’à aujourd’hui. Superman, lui, fut très en retrait par rapport à ce phénomène, Batman portant en lui des valeurs et un univers plus proches d’une certaine modernité désenchantée gagnant toujours plus de terrain. C’est l’occasion pour de grandes stars hollywoodiennes de se prêter au jeu du film costumé et de briller sous de nouveaux feux, comme Val Kilmer, Michelle Pfeiffer, Danny de Vito, Jack Nicholson ou encore Arnold Schwarzenegger. Devant ce nouveau succès remporté par les héros DC, Marvel n’allait pas tarder à riposter.
En effet, de la fin des années 90 à aujourd’hui, ce sont les super-héros créés par Stan Lee qui envahissent le grand écran avec un nombre toujours plus croissant de personnages adaptés au cinéma, bénéficiant des dernières avancées technologiques en termes d’effets spéciaux de plus en plus bluffants et performants. Ce dernier point change radicalement la donne (Batman demandant très peu d’effets spéciaux, finalement) en offrant aux spectateurs des images « réelles » de plus en plus proches de la fantaisie et des outrances qui ont cours sur le papier : nous avons bien affaire à une période charnière. Le hic, c’est que la qualité ne fut pas forcément au rendez-vous malgré le déploiement insensé de moyens techniques mis en œuvre. En effet, ces films furent tournés vers le pur entertainment en prenant des libertés incompréhensibles et n’apportant absolument rien à l’histoire, dénaturant même les œuvres originales pour les vider de toute substance intrinsèque (Banner devenant Hulk à cause de son père super-vilain et non à cause d’un accident militaire, Daredevil en latex rutilant alors qu’il devrait se fondre dans l’ombre, Fatalis en beau ténébreux insipide, j’en passe et des meilleurs…). À part les premiers films sur les X-Men, qui sont assez respectueux de l’œuvre, que dire de ceux consacrés à Daredevil, aux Quatre Fantastiques, à Hulk ou Ghost Rider ? Pas grand-chose… Il semblerait que la machine hollywoodienne ait broyé le mythe tout en l’exploitant toujours plus… Les dernières adaptations de « Wolverine », « Thor » ou « Captain America » n’ont pas réellement tenu leurs promesses de qualité… Devons-nous espérer un sursaut ?
Cecil McKINLEY
« les efforts de guerre américains n’auraient pas pu avoir Batman pour ambassadeur afin de sensibiliser les spectateurs au patriotisme et à l’engagement » : visiblement, le serial de 1943 vous a échappé : avec son vilain Japonais et ses slogans patriotiques, il ramait clairement dans les mêmes eaux que Captain America. Superman, en revanche, n’a été adapté en serial qu’après la guerre (1948).
Bonjour, et merci pour votre remarque courte et pertinente, contrairement au précédent commentaire que j’ai fini par enlever du site tellement il était long et n’apportait rien à part un déballage geek sans intérêt. Effectivement, à mon grand désarroi, j’ai oublié ce serial de 43 avec Batman et le vilain Japonais… Je vous remercie donc de me rappeler à l’ordre sur ce point. Je pense néanmoins que si Batman y ramait parfois dans les mêmes eaux que Captain America, effectivement, le message et la symbolique étaient moins directement exprimés; il se battait sans être un étendard vivant, contrairement à Cap. Vous avez raison, « Superman » a été adapté en serial en 1948, avec Kirk Alyn dans le rôle titre, mais pendant la guerre il y eut bien les cartoons Fleischer, c’est à eux que je pensais. En tout cas, votre commentaire aura permis un complément d’information bienvenu. Bien à vous,
Cecil McKinley