PLUS DE LECTURES N°42 DU 12 JUILLET 2004

El Ni?o T.3 : L’archipel des Badjos, Daredevil : l’intégrale T.2 : 1982 , Sexual Killer, Grand vampire T.5 : La communauté des magiciens, Agatha Christie T.7 : Le crime du golf

Cliquez sur l’appareil photo pour découvrir les couvertures des albums chroniqués.

« Daredevil : l’intégrale T.2 : 1982 » par Frank Miller, Herb Trimpe etc.

Editions Panini/Marvel (25 Euros)

Les amateurs de super-héros américains seront bientôt beaucoup plus gâtés, par les éditeurs concernés, que les fondus de franco-belgeries, du moins en ce qui concerne les rééditions et l’entretien de leur patrimoine respectif. En effet, grâce aux efforts de Semic (qui se charge du fonds DC Comics) et de Panini (qui s’occupe de Marvel, comme de bien entendu), nous pouvons lire et nous émerveiller devant les classiques du genre illustrés par les plus grands : Bob Kane, Steve Ditko, Jack Kirby, Neal Adams, John Romita Sr., John Byrne ou Frank Miller. Le deuxième tome de cette passionnante intégrale «Daredevil» (un des super-héros les plus complexe de la galaxie Marvel) en est un bel exemple : dans un luxueux écrin fort bien relié, il propose la rencontre houleuse d’«Elektra», la super-héroïne Ninja, avec le justicier aveugle en collants rouges, leurs amours tourmentés et la mort de la jolie tueuse dans les bras de Matt Murdock : du grand art !

« El Niño T.3 : L’archipel des Badjos » par Boro Pavlovic et Christian Perrissin

Editions Humanoïdes associés (12,60 Euros)

Une infirmière de la Croix-Rouge, d’origine tzigane, apprend l’existence de son frère siamois, surnommé El Niño. Ce dernier est un brigand qui est à la tête d’un groupe de pirates et qui est recherché par la police. Après avoir fait évader et aider à accoucher la compagne et complice de son frère, laquelle lui a laissé la petite fille comme cadeau d’adieu, notre infirmière repart sur les traces de ce frère mythique sans foi ni loi. Cette haletante quête des origines de l’héroïne est surtout une étonnante odyssée contemporaine et humanitaire, soutenue par l’épais trait aussi réaliste qu’efficace d’un dessinateur croate qui vit désormais en Norvège.

« Sexual Killer » par Didier Eberoni et Patrick Raynal

Editions Albin Michel (12,50 Euros)

Ce torride polar de la collection «BD haute tension» est une accumulation de meurtres commis par une héroïne dont les atouts sont exhibés à longueur de pages : rien d’étonnant donc à ce que cette enquête marseillaise ait eu l’honneur d’une pré-publication dans L’Echo des Savanes ! On appréciera quand même les dialogues percutants et le savoir faire du romancier Patrick Raynal qui raconte efficacement des histoires bien noires et bien ficelées. Quant à Didier Eberoni, dont le dessin esthétisant mérite vraiment le coup d’œil, ce n’est pas un inconnu. Il a traîné ses crayons dans diverses revues dans les années 80 : Rock & Folk, Métal Hurlant (quelques fois sur scénarios de Rodolphe)…, sans, hélas, avoir rencontré le succès. Espérons que cet album sera, pour lui, un nouveau tremplin afin que les amateurs de belles images (et de belles femmes) puissent apprécier pendant longtemps son graphisme alléchant !

« Grand vampire T.5 : La communauté des magiciens » par Joann Sfar et Sandrina Jardel

Editions Delcourt (9,45 Euros)

Pour écrire ce nouvel épisode de Fernand, le vampire neurasthénique, Joann Sfar s’est fait aidé par son épouse (Sandrina Jardel), déjà auteur de quelques savoureux livres pour enfants. Ici, notre «Grand Vampire» accueille comme locataire une ravissante artiste, qui se révèle vite du genre pénible, dans son château déserté par son ex-copine : Liou la mandragore volage et jalouse. Dépité, Fernand s’envole vers Vilnius, la ville la plus proche, où il rencontre une sorcière étudiante qui l’invite à une fête. Les mésaventures sentimentales de ce vampire plus assoiffé d’amour que de sang sont toujours aussi envoûtantes et touchantes, malgré les nombreuses digressions par rapport à la trame principale. Le découpage des planches avec la technique du gaufrier accentue le côté spontané et improvisé du récit que l’on sent pourtant bien recentré grâce à la participation de Madame Sfar. Le temps de l’insouciance serait-il fini pour notre héros comme pour notre habile narrateur et dessinateur ?

« Agatha Christie T.7 : Le crime du golf » par Marc Piskic et François Rivière

Editions EP (10,50 Euros)

Critique de BD, romancier, journaliste, essayiste et biographe, François Rivière a toujours su s’imprégner délicatement du passé pour y mêler adroitement son érudition littéraire et bédéphile lorsqu’il s’attaque à la tâche de scénariste. Si son art narratif a atteint son sommet avec la série «Albany», réalisée avec Jean-Claude Floc’h, ses adaptations des romans policiers d’Agatha Christie méritent quand même le détour car Rivière connaît bien l’œuvre de celle que l’on surnommait «La duchesse de la mort». C’est pour l’éditeur Claude Lefrancq qu’il a commencé, en 1995, ces mises en cases des célèbres enquêtes d’Hercule Poirot, le détective belge créée par la romancière anglaise qui vend encore, chaque année, 2 millions de romans en France ! Aujourd’hui, la série est reprise par les éditions Emmanuel Proust (EP), lesquelles ont acquis l’exclusivité des droits mondiaux pour l’adaptation en BD de ces romans à énigmes qui sont lus, contrairement aux idées reçues, par un public jeune et féminin. Toutefois, pour nous, le principal intérêt de cette entreprise, outre le fait de faire découvrir les plus grands succès de cette «reine du crime», est de permettre à de talentueux dessinateurs de réaliser leurs premières armes ; c’est d’ailleurs le cas avec ce septième volume élégamment illustré par Marc Piskic, encore un dessinateur d’origine croate, dont on reparlera certainement très vite !

Gilles RATIER

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