Depuis 2021, chaque année, Tiburce Oger rassemble une belle équipe de dessinateurs et dessinatrices pour évoquer l’Ouest américain à travers des personnages authentiques – le Far West, donc – et l’exploitation de ces territoires par des individus qui oubliaient, bien souvent, qu’ils n’étaient que des colonisateurs assoiffés de richesses…
Lire la suite...PLUS DE LECTURES n° 3 – Les 5 Critiques du 22 septembre 2003
Chansons de Bourvil en bandes dessinées (collectif) – Coq de combat (Tanaka & Hashimoto) – Le roi catastrophe 6 (Parme & Trondheim) – Barbara Wolf 1 ( Marivain & Maingoval) – Les Labourdet 3 (Graton Jean & Francine)
« Chansons de Bourvil en bandes dessinées » collectif
Editions Petit à petit (12,50 Euros)
Les éditions Petit à petit poursuivent leur excellent travail qui consiste, entre autres, à adapter en BD des chansons dues à de célèbres compositeurs ou interprètes, mettant ainsi en exergue de nouveaux talents graphiques. Ces collectifs de petites dimensions permettent donc de nous faire découvrir nombre de jeunes auteurs prometteurs comme Jérôme Bretzner, Didier Millotte, Eric Nosal, Mathieu Ménage, Sophie Chaumard, Valérie Vernay, Arnaud Bétend, Florian Bovagnet, Buster Bone… Pour ce 8ème volume, ces jeunes auteurs ont mis en images les textes du grand Bourvil, plus connu comme acteur que comme chanteur même si certaines de ses chansons font désormais partie de notre patrimoine. Signalons particulièrement les versions fort réussies de «C’était bien» par Marie Jaffrédo et Céka, des «Crayons» par Mathieu Vandermolen, de «Salade de fruit» par Eco et du «Hoquet» par Sandrine Revel…
« Coq combat : 4 tomes parus » par Akio Tanaka et Izo Hashimoto
Editions Delcourt-Akata (7, 25 Euros le volume)
Après avoir créé les éditions Tonkam, Dominique Véret s’occupe désormais de la société Akata (laquelle dirige un secteur consacré à la BD d’origine asiatique aux éditions Delcourt) tout en prônant une BD écologique respectant l’imaginaire et les traditions religieuses ou historiques de la société japonaise. Les efforts de ce José Bové du manga viennent d’être récompensés par l’attribution du meilleur manga 2003 à «Coq de combat» de Akio Tanaka et Izo Hashimoto. Avec ce trophée, le manga des champs (Dominique Véret s’est récemment replié au fin fond du Limousin, mais près d’un temple bouddhiste !) tente de supplanter le manga des villes ! Il nous incite surtout à jeter un coup d’œil sur cette publication à l’allure plutôt violente et cruelle. N’étant pas un amateur de BD japonaises, il m’a fallu faire l’effort de lire dans le sens inverse à mon habitude occidentale et faire l’impasse sur un dessin assez approximatif et grossier. Toutefois, si cette série hors norme n’est pas à mettre en toutes les mains (viols, tabassages, règlements de comptes et perversions en tout genres sont omniprésents), elle nous touche émotionnellement ; ne serait que par la personnalité et la détresse du jeune héros qui n’a d’autre ressource que de se replier sur lui-même tout en suivant les leçons de son maître d’arts martiaux. La rééducation, par le dépassement de soi, de cet adolescent traumatisé et en plein malaise existentiel, peut laisser dubitatif (il a quand même tué ignoblement ses parents !) mais elle nous éclaire sur une discipline ancestrale et ascétique.
« Le roi catastrophe T.6 : Adalbert fait du scandale » par Fabrice Parme et Lewis Trondheim
Editions Delcourt (8,40 Euros)
A l’origine était «Le prince Riri» du flamand Willy Vandersteen, une BD parue dans l’hebdomadaire Tintin et qui sentait bon les années 1950. Lewis Trondheim en a pris le contre-pied pour présenter un vilain garnement qui peut tout se permettre parce qu’il est le roi. Là où le Riri des fifties se contentait d’expérimenter son autorité, l’Adalbert du 21ème siècle exige que l’on exécute tous ses caprices : un peu comme la plupart des enfants d’aujourd’hui, non ? Cette amusante vision du règne de «l’enfant-roi» (qui fera autant sourire les plus jeunes que les plus âgés) est fort bien mise en image, avec un style cartoonesque, par le prolifique Fabrice Parme. Notons que ce dessinateur revient à ses premières amours (il avait publié un premier album de BD titré «Walter Polo» en 1991) après s’être frotté à une certaine renommée en travaillant pour les dessins animés («La famille Pirate» sur Canal +, entre autres).
« Barbara Wolf T.1 : Meurtre sans mobile » par Bruno Marivain et François Maingoval
Editions Glénat (8,99 Euros)
Barbara Wolf, jeune et belle franco-américaine, se prélasse sur la plage de Saint-Malo en compagnie de son amie Marianne ; elles terminent leur harassante journée en visionnant un bon film au cinéma mais, au retour, Marianne se fait sauvagement agressée et tuée, pratiquement sous les yeux de Barbara. Le temps de prévenir la police, le corps de la victime a disparu : plus de cadavre, pas de mobile et pas d’assassins… Voilà un bon vrai polar classique et efficace, tout comme le trait du dessinateur breton Bruno Marivain (entrevu sur la série «La mémoire des ogres» de Patrick Cothias, dans la même collection «Bulle noire»). C’est surtout le meilleur scénario (car solidement construit et parfaitement lisible) de François Maingoval, lequel ne nous avait, jusque là, guère convaincu, que ce soit avec son «Ada Enigma» ou avec son récent «Empreinte de Satan». Ici, il multiplie les fausses pistes, s’attarde sur la psychologie des principaux personnages et ne lasse jamais le lecteur qui est déjà sous le charme de l’énigme, dès la première page : à suivre, vite !!!
« Les Labourdet T.3 : La vérité vient du désert » par Jean et Francine Graton
Editions Graton (9,50 Euros)
Alors qu’on nous annonce avec fracas la sortie prochaine (le 19 novembre) de l’adaptation cinématographique d’un «Michel Vaillant» produit par Luc Besson et que le 65ème volume de cette BD sportive vient de sortir («L’épreuve», première partie d’un nouvel affrontement entre notre champion automobile et Steve Warson, son ami de toujours), les éditions Graton rééditent une histoire peu connue du créateur de cette célèbre série : «Les Labourdet». Cette saga familiale résulte d’une commande de l’hebdomadaire féminin Chez Nous, en 1965. Pendant dix ans, à raison d’une page par semaine, la vie quotidienne de cette famille, typique des années soixante, va enchanter les lectrices du magazine. Tout ce qui fait le succès des sitcom d’aujourd’hui y était déjà, vingt ans plus tôt, et c’est devenu, avec le temps, un véritable témoignage sur cette époque révolue. Trois albums avait été publiés entre 1967 et 1970 aux éditions Dargaud-Lombard, les prochains seront donc inédits et on s’en réjouit d’avance ! En effet, jamais le graphisme de Jean Graton n’a été aussi maîtrisé (il travaillait pourtant seul à cette époque-là !) et les histoires pleines d’humour et de bons sentiments conçues par son épouse sont toujours aussi divertissantes.