Depuis 2021, chaque année, Tiburce Oger rassemble une belle équipe de dessinateurs et dessinatrices pour évoquer l’Ouest américain à travers des personnages authentiques – le Far West, donc – et l’exploitation de ces territoires par des individus qui oubliaient, bien souvent, qu’ils n’étaient que des colonisateurs assoiffés de richesses…
Lire la suite...« K-on ! » T1 par Kakifly
Aujourd’hui, je vais vous parler de la nouvelle série de Kazé « K-on ! ». Si au départ il y avait bien un manga créé par Kakifly en 2007, c’est avec la diffusion de la série animée, deux ans plus tard, que ce titre a vu sa popularité montée en flèche. À ce jour, il existe des centaines de produits dérivés : disque, figurines, artbook et un long métrage est annoncé pour la fin de l’année 2011, au Japon. Avec la sortie simultanée en france de la série animée et donc du manga, c’est l’occasion de revenir sur ce phénomène.
Le scénario du manga est simple, voire simpliste. Ritsu et Mio débarquent dans leur nouveau lycée et veulent s’inscrire au club de musique. Or, celui-ci est sur le point de fermer puisqu’il n’y a plus de membres et qu’un club doit au minimum est composé de quatre personnes. Ritsu, particulièrement entreprenante, trouve vite la solution en affiliant presque de force deux autres élèves : Tsumugi, jeune fille de bonne famille et Yui, qui ne sait pas jouer d’un instrument, mais qui est motivée. La suite n’est qu’une succession de gags pour que le groupe arrive, au final, à jouer sur scène durant les diverses manifestations organisées par l’école.
Musique et filles sexy, tout un programme. © 2008 Kakifly
Le titre de ce manga, « K-on ! « , est l’abréviation de ?Kawaii pOp baNd? (Groupe Pop mignon), mais vient à l’origine du mot japonais ?KeiONgaku?, (chansons légères, sous-entendues Pop). Ce genre de jeu de mots est courant au Japon. La version originale de « K-on ! » regorge de ce genre de blagues, car c’est avant tout un manga humoristique. Il appartient à la catégorie des ?Yonkoma? (histoires en quatre cases). Au Japon, le ?Yonkona? est un genre très prisé, extrêmement drôle et court, il est bien adapté à une lecture rapide, dans les transports en commun par exemple. Par contre, une fois arrivé en France, c’est une tout autre histoire. Le format est déroutant pour un Occidental, quatre cases posées verticalement l’une sur l’autre avec un déroulement répondant toujours aux mêmes règles narratives : le ?Kish?tenketsu?. Quatre phases bien établisse répétant strip après strip.
Première case, ?kiku’ : l’introduction . Seconde case, ?sh?ku’ : le développement. Troisième case, ?tenku’ : l’événement. Quatrième case, ?kekku’ : la conclusion comprenant la phrase censée faire sourire.
Construction typique d’un ?Yonkoma?. La lecture se fait verticalement puis de gauche à droite. © 2008 Kakifly
Les Japonais sont habitués à cette construction depuis longtemps, elle était utilisée bien avant l’apparition des mangas, dans la poésie notamment. Les Français eux ne peuvent qu’avoir du mal à rentrer dans cet univers minimaliste rempli de gags souvent intraduisibles et demandant un effort d’adaptation considérable. Du coup, la lecture de » K-on ! « devient pénible par moment. En premier lieu, le format vertical est particulièrement déroutant. Ensuite, on a souvent l’impression de passer à côté de quelque chose d’important, de ne pas avoir la culture nécessaire pour comprendre la chute du strip. Néanmoins, l’histoire avance tranquillement et ce recueil forme un tout cohérent qui devient agréable si l’on ne s’attarde pas sur les passages incompréhensibles, ce que font également les Japonais.
Faire rire par l’absurde. © 2008 Kakifly
Il faut dire que les mésaventures de ce groupe de lycéennes sont assez amusantes et bien mises en scène. Le dessin est extrêmement agréable et les personnages reconnaissables au premier coup d’œil. Heureusement, car les cases ne représentent quasiment que des plans américains (1) et quelques gros plans, le tout sans décors ou alors le strict minimum. Tout se joue dans les dialogues, la mise en scène et la personnalité bien marquée de chaque protagoniste : il y a la leader, la fille hypersensible, celle qui est tête en l’air, celle qui est un peu cruche et même la professeur(e) bien propre sur elle, mais au passé de rockeuse endiablée. Un joli panel de protagonistes offrant une large gamme de situations possible, tout ce qu’il faut pour faire un manga à succès.
Comparaison de la version française et Japonaise avec une des rares scènes de Fan-Service. Malgré le fait que ce manga ne soit composé que de fille, il y a peu de scènes équivoques à part quelques allusions à des costumes de soubrettes. © 2008 Kakifly
» K-on ! » est donc une œuvre réservée aux fans de l’animé ou aux amateurs d’humour décalé. C’est un ovni dans les traductions de mangas qui devrait néanmoins trouver facilement sa place pour plusieurs raisons : la popularité de l’animé, les graphismes superbes et le prix modique demandé. À suivre de près…
Gwenaël JACQUET
» K-on ! » T1 par Kakifly
Édition Kazé (6,95 €)
ISBN 978-2-82030-139-0
(1)Plan américain : terme de cinéma signifiant que les personnages sont coupés au niveau de la taille.