« Léo Loden » T 20 (« Langoustines breizhées »)

Le privé marseillais qui ne porte que très rarement le loden qu’il a dans son nom est un voyageur, mais pas du genre pigeon ! Après des enquêtes autant cannebièresques que provençales, le Léo est allé voir ailleurs s’il y était. Et il était puisque on l’a vu à Lyon (T 5), à Toulouse (T 7), à Lille (T 9), à Strasbourg (T 13), à Bordeaux (T 16)… Pourquoi pas en Bretagne ?

C’est fait avec ces drôles de langoustines ! Pourtant, l’histoire commence ailleurs, au Mali. Une petite fille raconte comment avec sa famille elle a quitté la misère pour découvrir l’Europe… et l’horreur ! Au bout de trois pages, on se dit qu’Arleston a pondu un flomb, qu’il s’est trompé de série (c’est vrai, tant d’albums pour un seul homme ! le surmenage, qui sait ?). Mais non, c’est bien un Loden qu’on a dans les mains et, très vite, on lui retrouve ce qui fait le charme de la série (vingtième album, tout de même !) : la gouaille, la dérision, et une enquête aux petits oignons (mais « breizhés », ici !). N’oublions pas justement les jeux de mots des titres qu’on aimerait finalement plus fréquents à l’intérieur, par gourmandise. N’oublions pas non plus le savoureux Tonton, Louis-Ulysse Loco (une sorte d’Haddock !), et sa Marlène, inspectrice de police. Au bilan, on assiste à une virée bretonnante et joviale, pointant du doigt un sujet bien sérieux : le trafic esclavagiste lié à l’immigration clandestine.
Dans un tout autre genre, rappelons que le précédent tome,  » Spéculoos à la plancha « , trainait du côté d’Angoulême (because, vol des planches du dernier  » Lanfeust  » dans la chambre d’hôtel de Tarquin) et de Bruxelles, bref dans les capitales de la BD. Voyage et BD ne pouvaient y faire plus beau ménage !

Puisqu’on parle d’Arleston et de voyage, profitons-en pour évoquer,  » Voyage aux ombres « , une autre de ses nouveautés, cosignée avec Audrey Alwett. Au cÅ“ur de cet album qui se passe dans l’asiatique Darshan (juste en face d’Eckmüll, vous savez bien), un personnage attachant : la jeune Dyssëry qui n’a qu’une ambition : faire du théâtre. Sa famille, elle, veut la marier. Alors, pour échapper à sa nuit de noces, elle se donne la mort et passe ainsi dans le Val des Ombres, un univers peuplé des créatures des plus variées : goules, zombies, succubes, vampire… Un sacré voyage et un one-shot haut en aventures et en personnages en tous genres ! Mais la part du plaisir vient en grande partie de l’extraordinaire réalisation graphique de Virginie Augustin qui se surpasse et donne à ce récit orientalisant une puissance étonnante. C’est à la fois sec, efficace, vivant et les 60 pages de cet album nourri de mondes légendaires joliment mis en scène sont un régal pour les yeux.

En face d’Eckmüll, disions-nous ? C’est au pied du vrai phare d’Eckmühl que se retrouvent les héros du Loden (page 15). La boucle est bouclée !

Alors, bons voyages…

Didier QUELLA-GUYOT (L@BD et blog)

 » Léo Loden  » T 20 (« Langoustines breizhées ») par Serge Carrère, Christophe Arleston et Loïc Nicoloff
Éditions Soleil (9,95 €)

 » Voyage aux ombres  » par Virginie Augustin, Christophe Arleston et Audrey Alwett
Éditions Soleil (13,50 €)

Galerie

Une réponse à « Léo Loden » T 20 (« Langoustines breizhées »)

  1. Jeff dit :

    Je ne connaissais pas cette BD mais je trouve le dessin très chouette ça me fait un penser à ceux de Gaston Lagaffe dans un autre univers !

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