Apparue pour la première fois dans le mensuel Tchô ! en 2003, Lou est devenue un best-seller de l’édition, avec plus de trois millions d’albums vendus, une série d’animation, un long métrage, des traductions dans le monde entier… Un tel succès méritait bien cet ouvrage anniversaire, qui nous propose — en plus de 300 pages — de revenir sur l’histoire de l’héroïne qui a grandi avec ses lecteurs. Tout en ouvrant généreusement ses carnets de croquis, Julien Neel évoque — au cours d’un long entretien — son propre destin, lié depuis 20 ans à celui de la petite fille blonde devenue grande.
Lire la suite...« Salade grecque » par Yves Montagne
Anna et Alex composent un jeune couple de touristes. Anna est cependant plus voyageuse que son conjoint, le genre râleur, fainéant et, en un mot, casse-pied hors-classe ! Au pied de l’Acropole, il fait partie des types à la fois mal chaussés et levés du pied gauche ! Ses visites se limitent à relever ce qui ne va pas et à provoquer les gens qu’il ne connait pas par des remarques déplacées. Gringalet comme il l’est, il pourrait s’abstenir mais il a la goule plus rapidement ouverte que le cerveau…
Un voyage avec un homme aussi charmant est une vraie sinécure. Même en voyage organisé en Grèce (quelle drôle d’idée, si jeunes, d’étriquer ainsi leur liberté dans un pays aussi facile à vivre !), tout se ramène à ses problèmes. S’il est pénible au premier degré, l’homme est forcément drôle au second, car c’est un aimant à problèmes. Il a, bien entendu, l’art, d’attirer des gens aussi conviviaux et fêtards que lui : une vieille fille randonneuse de Mayenne de poids, une famille catholique alsacienne sans humour, un couple de beaufs au mari costaud et violent… Bref, une jolie brochette de cas qui, mixés en salade grecque, savent faire oublier la vie quotidienne… et même les vacances !
Certes, on songe aux « Bronzés » ou aux « Randonneurs« , mais on peut faire comme Alex et bouder son plaisir par principe ! Or, il y a dans cet album des moments fort granguignolesques sur des décors éminemment pittoresques, dessinés avec précision alors que les personnages sont, eux, très caricaturaux. Rejoignez-les sans complexe à Batsi, sur l’île d’Andros, dans les Cyclades, avec ses monastères et ses paysages verdoyants.
Il faut indiquer que ce titre est finalement le tome 2 d’une série commencée en juin 2009, avec « Les Vacanciers » T1 (« Cuba tourista« ). Les héros sont les mêmes mais, curieusement, « Salade grecque » est annoncé comme un one-shot. Pourtant, c’est l’occasion de refaire en leur compagnie, la virée cubaine qu’ils proposaient. Le couple débarque alors à La Havane pour deux semaines de vacances. Autant Anna est ravie de ce quelle découvre, autant Alex est déçu, agacé, d’autant qu’il est très jaloux du succès rencontré auprès des hommes par son amie. Dès la douane, tout tourne mal pour lui. À l’hôtel, dans les taxis ou les cafés, rien ne s’arrange…
Cuba ou Grèce : des destinations touristiques idéales ? Tout dépend, on le sait bien, des bons voyageurs que nous sommes, confrontés aux touristes pénibles, qu’ils sont tous ! Le portait charge de ces mêmes vacanciers inadaptés laisse, du coup, peu de place à l’évocation de populations autochtones (qu’on aimerait plus présente) mais ces tranches de vie estivale, pleines de rebondissements, ne manquent pas d’atouts pour séduire et, surtout, pour distraire.
Alors, bons voyages !
Didier QUELLA-GUYOT (L@BD et blog)
« Salade grecque » par Yves Montagne
Éditions Vents d’Ouest (9,95 €)
Merci Didier pour le compte-rendu que vous venez de faire de mon album dès le jour de sa sortie. J’apprécie. Oui bien sûr, il y a certainement un côté « Bronzés » ou « Randonneurs » dans cette histoire de vacances en groupe et Faustine Bollaert sur Europe 1 m’avait surpris en me parlant de « Un gars Une fille » à propos des rapports entre Anna et Alex dans mon précédent album, avant de me rendre compte qu’elle avait bien sûr raison. Je ne m’en étais pas rendu compte lors de l’écriture mais je ne contesterai sûrement pas ces références humoristiques dans lesquelles beaucoup peuvent se retrouver, même s’il n’y a rien de volontairement influencé dans le scénario.
Je poursuis modestement un double but : parler avec humour des rapports humains dans un contexte de vacances (et en particulier des difficultés manifestes d’Alex à nouer des relations amicales avec ses congénères) et faire découvrir, ou retrouver pour celles et ceux qui y sont déjà allés, les belles ambiances et la beauté des sites du pays visité. Vous avez noté le soin que j’ai apporté à la réalisation des décors, ils sont tous authentiques et je ne doute pas que ceux qui les connaissent auront du plaisir à les retrouver tels qu’ils les ont découverts dans la réalité. Ma coloriste, Isabelle Lebeau, a beaucoup travaillé en ce sens, et avec talent.
Vous trouvez qu’il s’agit d’une drôle d’idée pour un jeune couple de partir en voyage organisé ? N’oublions pas que ce voyage n’est pas celui qu’ils avaient choisi au départ, puisqu’ils envisageaient plutôt de partir en randonnée avec de jeunes couples de leur âge. Anna n’était sans doute pas contre l’idée de faire faire un peu de sport à son fainéant de copain, avec l’espoir qu’il se fasse quelques amis parmi leurs compagnons de route. Selon moi, Alex n’est pas franchement le mauvais gars, on voit qu’Anna et lui s’entendent plutôt bien lorsqu’ils sont seuls et il a une sorte d’humour second degré que malheureusement tout le monde n’est pas à même de capter (mais qu’Anna apprécie sans doute plus qu’elle ne voudrait bien le reconnaître). Pourquoi Anna resterait-elle avec lui s’il n’avait dans la vie de tous les jours des tas de qualités appréciables, malheureusement difficiles à discerner dans ce contexte inhabituel ? En tout cas, moi j’ai plutôt de la tendresse pour ce personnage, sans doute plus maladroit que franchement pénible, et qui me ressemble peut-être un peu…
Vous notez le peu de place laissé à l’évocation des populations autochtones. Vous avez sans doute raison, je l’avoue, mais j’étais plus intéressé dans cet album par les relations entre les différents membres du groupe et avec leur pauvre guide Stavros, qui a parfois bien du mérite avec une telle brochette à gérer. Et vous aurez peut-être remarqué, si vous l’avez déjà pratiqué, que ce genre de voyage organisé ne pousse pas forcément à la rencontre avec les locaux. On se déplace d’un endroit à l’autre, on est pris en charge et on reste entre français, sans avoir vraiment besoin d’aller vers les gens du coin dont par ailleurs on ne parle pas forcément la langue. « Salade Grecque » est de toutes façons un portrait à charge un peu caricatural du français moyen en pays étranger. J’espère que tous ces petits travers franco-français feront sourire mes lecteurs et qu’ils prendront du plaisir à se balader avec Anna, Alex et moi dans ce magnifique pays aujourd’hui en grande difficulté.
Le plus grand service à rendre à la Grèce aujourd’hui est de s’y rendre en masse pour les vacances, histoire de soutenir l’économie du pays. En n’oubliant pas bien sûr de se procurer « Salade Grecque » avant son départ pour se mettre dans l’ambiance ! (Ah Ah Ah).
Bonne lecture à tous.
Yves MONTAGNE.