R.I.P. Gene Colan

C’est avec une très grande tristesse que nous venons d’apprendre la disparition de Gene Colan qui s’est éteint ce jeudi 23 juin aux environs de 23h00, à l’âge de 84 ans. Gene Colan était une très grande figure des comics, un immense artiste et un bel humaniste. Je bouleverse évidemment mon programme pour lui dédier ce « Comic Book Hebdo »…


Gene Colan est assurément l’un des très grands artistes du monde des comics. S’il ne fut pas artiste à s’enliser durablement dans un personnage pour s’imposer au public, ses passages sur chacune des séries qu’il explora marquèrent l’esprit de beaucoup de lecteurs et influencèrent nombre d’artistes, forçant aussi le respect de la profession. Même s’il dessinait depuis déjà plus de deux décennies, on peut dire que Gene Colan a réellement pris son ampleur à la fin des années 60, à peu près au même moment que Jim Steranko et Neal Adams : j’affirme sans sourciller que Colan – qu’on cite moins souvent que Steranko et Adams – a été aussi important que ces deux artistes primordiaux pour l’évolution des super-héros, les faisant basculer d’un monde pop à un réalisme sombre et adulte à la charnière des années 70. Colan a apporté non seulement un style, mais avant tout une atmosphère – presque palpable. Dans des cadrages très cinématographiques où il sait mettre en scène l’espace comme personne grâce à son sens du contraste, Colan désoriente le lecteur, fait tanguer les repères visuels, plonge les personnages dans les ténèbres, et, chose incroyable, sait dessiner flou, vaporeux, évanescent. En fait, Colan ne dessine pas, il peint, son trait semblant ne pas s’amenuiser par la taille mais par l’évaporation. C’est un étrange bal, que le style de Colan. Et si ce style mit quelque temps à s’extirper de la stylisation pour arriver à la fluidité sombre, on ne peut que rester coi devant les épisodes somptueux qu’il réalisa pour « Tomb of Dracula » et « Doctor Strange » dans les années 70. Retour sur la carrière de ce grand, de cet immense artiste…

Eugene Colan est né le 1er septembre 1926 dans le Bronx, à New York. Dès l’enfance, il prononça un goût certain pour le dessin. Il étudia l’art à la George Washington High School et à l’Art Students League of New York sous le regard du peintre Kuniashi et de l’illustrateur Frank Riley. Pendant la guerre, il part aux Philippines dans les services spéciaux et travaille pour le journal Malina Times où ses dessins sont remarqués. Il rentre aux États-Unis et fait ses débuts chez Fiction House en 1944, dessinant dans « Wing Comics ». En 1946, Stan Lee embauche Gene Colan à Timely Comics : une rencontre capitale, puisque Colan restera toujours un des artistes historiques de la Maison des Idées, y travaillant des décennies durant.

À partir de 1948, il dessine de nombreux récits courts pour plusieurs titres de Timely Comics, dans des genres aussi différents que le western (« Kid Colt, Outlaw », qu’il revisitera épisodiquement entre 1963 et 1979, « True Western », « Black Rider »), le polar (« Lawbrakers always lose ! », « Amazing Detective » « Crime Can’t Win »), l’histoire (« Ideal »), le mystère (« 7 Dead Men »), la science-fiction (« Marvel Tales », « Amazing Mysteries », « Journey into Unknown Worlds »), et même la romance (« Rangeland Love », « Our Love », « My Love », « Love Romances », « Loveland », « My Own Romance », « Girl Comics »).

En février 1950, c’est lui qui réalise la couverture du n°75 de « Captain America », un numéro où le héros est absent et qui contient des récits d’horreur. En effet, pour surfer sur la vague horrifique qui a de plus en plus de succès, Timely décide de rebaptiser le titre en « Captain America’s Weird Tales » avec une couverture alléchante. Tout ce que l’on peut dire, c’est que Colan signe là l’un de ses premiers chefs-d’œuvre, l’artiste n’ayant alors que 23 ans et nous offrant une vraie et fascinante vision d’horreur que n’aurait pas reniée Eisner ! Mais en juillet 49, c’était déjà une bien étrange couverture de « Captain America » que Colan nous proposait ! On sent déjà chez l’artiste cette étrange noirceur qui le caractérisera plus tard.

Durant les années 50, et alors que Timely devient Atlas, Colan dessine dans de nombreux et divers genres au sein de l’équipe en place : SF (« Venus », « Mystic », « Strange Tales », « World of Fantasy », « World of Mystery »), western (« The Gunhawk », « Hopalong Cassidy », « Outlaw Fighters », « Gunsmoke Western », « Quick-Trigger Western », « 2-Gun Western », « Frontier Western », « Western Gunfighters », « Six-Gun Western »), guerre (« War Comics », « Battle », « War Combat », « Battlefield », « Combat », « War Adventures », « War Action » « Marines in Battle », « Navy Action », « Battle Ground », « Marines in Action », « Navy Combat », « Commando Adventures », « Tales of the Marines », « G.I. Tales », « Navy Tales », « Marines at War »), mystère (« Astonishing », « Mystery Tales », « Strange Stories of Suspense », « Adventure into Mystery »), polar (« Spy Cases », « Police Action », « Crime Fighters », « Tales of Justice »), horreur (« Adventures into Terror », « Uncanny Tales », « Spellbound », « Menace », « Strange Tales of the Unusual »), et même l’humour (« Riot », « Wild »).

Mais il travaillera aussi pour EC Comics, par exemple dans « Two-Fisted Tales » en 1952. À partir de cette même année, il dessinera également plusieurs titres de guerre chez DC Comics : « All-American Men of War », « Our Army at War », ou « Star Spangled War Stories ».

Nous sommes à l’aube des années 60, et la révolution Marvel va bientôt avoir lieu. Parmi les titres charnières entre Atlas et Marvel, Colan contribue par exemple à « Journey into Mystery » avec différents récits courts (entre 1952 et 1962). En août 1965, dans « Tales to Astonish », le Sub-Mariner va remplacer Giant-Man, scénarisé par Stan Lee et dessiné par Gene Colan (qui travaillera sur le titre de manière régulière jusqu’au n°86 de décembre 66). En janvier 1966, il reprend le personnage d’Iron Man scénarisé par Lee dans « Tales of Suspense » #73. Il le dessinera jusqu’en mai 1968, lorsqu’Iron Man aura son propre titre, le quittant dès la fin du n°1. On retrouvera néanmoins Colan dans les deux premiers « Iron Man Annual » en 1970 et 1971.

Lorsqu’il entame ces premières grandes séries super-héroïques chez Marvel, Colan utilise alors le pseudonyme d’Adam Austin, car il dessinait alors pas mal chez DC à l’époque. En effet, au début des années 60 il avait dessiné pour le concurrent historique dans « My Greatest Adventure », puis entre juin 1964 et juin 1967 dans des titres de romance (« Secret Hearts », « Girl’s Romances », « Falling in Love », « Heart Throbs », « Young Love »). En 1968, il dessinera un numéro de « Blackhawk ».

En 64-65, il dessine aussi « Combat » et « Burke’s Law » pour l’éditeur Dell, continuant de dessiner pour Marvel dans divers titres non super-héroïques comme « Rawhide Kid » ou « Teen-Age Romance ». Mais les choses vont vraiment décoller avec un certain super-héros aveugle…

En septembre 66, Gene Colan aborde un super-héros dont les caractéristiques semblent avoir été créées pour le style noir et parfois vaporeux du dessinateur… j’ai nommé Daredevil. Stan Lee est aux manettes, et Colan va progressivement réussir à libérer son style en explorant le monde extrasensoriel et obscur de ce personnage. Il va insuffler à cette série une force rarement rencontrée ailleurs, sublimant la dynamique des corps et plongeant ses personnages dans des ambiances terribles. Il le dessinera assez régulièrement jusqu’en 1973, puis de manière épisodique jusqu’en 1979. À noter qu’en décembre 75, dans le n°1 du titre polymorphe « Marvel Adventure », Gene Colan se frottera encore à Daredevil, avec Stan Lee au scénario pour six numéros spéciaux qui paraîtront jusqu’en octobre 76.

En décembre 1967, dans « Marvel Super Heroes » #12, apparaît Captain Mar-Vell, un personnage créé par Lee et Colan. Cette première mouture du guerrier kree se transformera plusieurs fois au fil des décennies, mais cette première version Marvel de Colan reste graphiquement très ancrée dans l’inconscient des fans. Rappelons qu’en mars 68, dans le deuxième épisode paru dans « Marvel Super Heroes » #13, il dessinera Carol Danvers, la future Miss Marvel. Il dessinera ensuite les premiers épisodes lorsque Captain Marvel aura son propre titre, mais malheureusement il quittera assez vite la série.

En septembre 1968, Colan débarque dans « Doctor Strange » #172. Il le dessinera jusqu’au n°183 de novembre 1969. Durant cette période, Roy Thomas demandera à Colan de revisiter le costume du Docteur Strange et de lui faire porter un masque. Colan ne retrouvera Docteur Strange que cinq ans plus tard…

Janvier 69 : il dessine une nouvelle équipe discrète mais emblématique : les Gardiens de la galaxie, scénarisé par Arnold Drake. En février 69, avec Roy Thomas puis Gerry Conway au scénario, il reprend « The Sub-Mariner » pour quelques numéros épars jusqu’en 1972. Au printemps 69, il dessine trois épisodes des Vengeurs (il retrouvera l’équipe pour quelques épisodes au début des années 80).

Autre jalon important, en août 69 il reprend « Captain America » à partir du n°116 avec Stan Lee au scénario. Le mois d’après, dans « Captain America » #117, apparaît Le Faucon, un personnage créé par Lee et Colan et qui deviendra important dans la vie de Cap (au point que le titre se transformera en « Captain America and the Falcon » à partir du n°134, en février 1971). Colan quittera la série au n°137 en mai 71, mais il participera au « Captain America Annual » #2 en janvier 72 (le même mois sortira « The Sub-Mariner Annual » #2 où il apparaît aussi au générique).

Dans les années 1970, Colan participe à plusieurs titres hybrides où différents héros se côtoient ou se succèdent : « Amazing Adventures » (sous-titré à cette époque « The Inhumans and the Black Widow »), « Astonishing Tales », « Marvel Spotlight », « Marvel Team-Up », « Jungle Action » « The Mighty World of Marvel ». En 72-73, sous l’égide de Stan Lee, il fait partie des dessinateurs qui officient sur le titre à l’eau de rose « My Love ».

Mais c’est l’horreur qui fait un grand retour en force dans le monde des comics dans les années 70. Morbius et autre Loup-Garou vont débarquer dans les comics, Marvel va relancer d’anciens titres horrifiques de la période Atlas et en créer d’autres auxquels participera Colan : « Journey into Mystery », « Chamber of Chills » ou « Beware ! ». Pareillement, Colan va participer à des revues éditées par Marvel allant vers la fantasy ou l’horreur, comme « Savage Tales », « Tales of the Zombie », « Monsters Unleashed ! », « The Haunt of Horror », ou « Unknown Worlds of Science Fiction ».

Arrive alors ce que beaucoup considèrent – à juste titre – comme le chef-d’œuvre de Colan : « Tomb of Dracula », dont le n°1 sort en avril 1972. Outre le renouveau de l’horreur, deux éléments importants vont contribuer à l’émergence de cette œuvre : le Comics Code a été révisé en raison de l’évolution des mœurs, et Stan Lee devient éditeur de Marvel tandis que Roy Thomas le remplace au poste de rédacteur en chef. Les temps changent, et Marvel accède petit à petit à la maturité. Si c’est Stan Lee qui désire en tout premier reprendre le personnage de Dracula en comics, c’est bien Roy Thomas qui élabore le scénario du premier épisode avant que Gerry Conway reprenne le flambeau jusqu’au n°6. Ce n’est que dans « Tomb of Dracula » #7 de mars 1973 que s’installera l’équipe mythique : Marv Wolfman au scénario, Gene Colan au dessin, et Tom Palmer à l’encrage. Une tuerie absolue ! Le trio magnifique travaillera ensemble sur la série jusqu’au n°70 paru en août 1979. Wolfman et Colan créeront des personnages emblématiques, comme les chasseurs de vampires Rachel Van Helsing, et surtout Blade. En 74, ils créeront Lilith, la fille de Dracula, dans « Giant-Size Chillers »#1 (qui deviendra « Giant-Size Dracula » au n°2). Le succès de cette série ne fut pas étranger à l’avènement d’une nouvelle revue d’horreur made in Marvel en juin 73 : « Dracula Lives ! » (à laquelle Colan participera plusieurs fois).


Sa contribution au panthéon des personnages significatifs de Marvel va continuer, puisqu’il retrouve « Doctor Strange » en février 1975 dans le n°6 (la série avait récemment été relancée au n°1). Dans ce n°6, il y crée avec le scénariste Steve Englehart le personnage de Mother Earth, celle dont on découvrira bien plus tard qu’elle n’est autre que la propre mère de Thor. Colan dessinera « Doctor Strange » régulièrement jusqu’en 1977, puis épisodiquement jusqu’en 1981. À noter qu’Englehart s’alliera au scénariste de « Tomb of Dracula » pour un cross-over qui paraîtra dans « Docteur Strange » #14 et « Tomb of Dracula » #44 en mai 76. Un signe certain que Colan est alors le dessinateur de séries importantes, étranges, à part. Une sorte d’âge d’or pour ce dessinateur unique. Car outre Dracula et Docteur Strange, n’oublions pas que Colan continue à dessiner parfois Daredevil.

En juillet 1976, Marv Wolfman propose à Colan de se pencher sur un personnage bien différent de Dracula… puisqu’il s’agit d’Howard the Duck ! Gene Colan le dessinera du n°4 au n°31 qui parut en mai 79. Cette série sera l’occasion pour Colan d’explorer une nouvelle veine où humour et angoisse se complètent étrangement.

Il n’oublie pas le genre qui semble être fait pour lui : l’horreur, l’étrange, le mystère. En juin 76, il dessine un numéro de « The Son of Satan », et en 1977, dans « Classics Comics », il met en images « The Pit and the Pendulum » de Poe et « Frankenstein » de Shelley. Dans la fin des années 70, il réalise aussi l’adaptation en comics des films « Les Dents de la mer 2 » ou « Meteor ».

Il fit aussi un passage remarqué dans « The Savage Sword of Conan » en 1978, encré par Pablo Marcos. La splash page ci-dessous vous montre combien Colan s’investit sans problème dans l’univers de ce personnage…

À partir du début des années 80, il travaillera pour Eclipse (« Detectives Inc. » avec Marshall Rogers), mais aussi à nouveau beaucoup pour DC Comics. Entre 82 et 86, il officiera sur « Batman », réalisant des crayonnés et des couvertures, mais aussi « World’s Finest Comics », « Wonder Woman », « Legion of Super-Heroes », « The New Teen Titans », « The Fury of Firestorm », « Phantom Zone »…

Mais chez DC, ce ne sont pas les super-héros qui vont donner à Colan les nouveaux espaces dont il a envie. Il va profiter que DC soit en passe de se révolutionner pour profiter de nouveaux espaces de création. Ainsi, après avoir dessiné pour « Night Force » (où il retrouve Marv Wolfman), il va se tourner vers le polar dans une mini-série en 4 numéros scénarisée par Don McGregor : « Nathaniel Dusk ». Une nouvelle mini-série en 4 numéros de ce détective privé sortira l ?année suivante. « Nathaniel Dusk » est un jalon important, enfonçant encore le clou de la liberté de trait de Colan puisqu’il publie ses planches sans les encrer, le crayonné étant juste mis en couleurs. Cette liberté de création affichée était novatrice à l’époque, et l’on peut même dire que Colan fut l’initiateur moderne de ce qu’on appelle le finish pencil, technique qu’on retrouvera ensuite de plus en plus chez des artistes comme Ashley Wood ou Michael Zulli.

Toujours en 1984, c’est vers une science-fiction plus « pure » qu’il va aller, dans la maxi-série en 12 épisodes « Jemm, Son of Saturn », scénarisé par Greg Potter et encré par Klaus Janson. En 85, on le retrouve aussi dans l’adaptation en comic d’un chef-d’œuvre de la littérature SF : « Nightwings » de Robert Silverberg.

Avant de réapparaître chez Marvel, Colan va opérer une transition en douceur avec la curieuse série « Silverblade » à laquelle il participe sur les 12 premiers numéros en 1987. En 88, il retrouve donc le monde des super-héros Marvel, lorgnant tout d’abord vers les X-Men puisqu’on le voit dans « Marvel Comics Presents », un titre se consacrant alors successivement à différents membres ou factions de cette équipe : Colossus, Cyclope, Havok, X-Factor, Excalibur, et enfin Wolverine qu’il retrouvera sur ce titre en 92 après avoir fait deux incursions dans la nouvelle série régulière du mutant canadien en 89 en 90.

À partir de 1989, on le retrouve dans différents titres Marvel, apparaissant avec parcimonie et éclectisme. Il réalise une couverture de « The Incredible Hulk », puis participe à trois « Iron Man Annual », à des numéros de « Marvel Fanfare », « Marvel Age », « Doctor Strange », « Midnight Sons Unlimited ».

Colan amorce la charnière entre les années 80 et 90 en s’ouvrant aussi à d’autres éditeurs, travaillant pour Disney (« Goofy Adventures »), Archie (« Ninja Turtles »), Harris Comics (« Creepy »)… Et si Marvel lui propose toujours de participer à des numéros spéciaux super-héroïques, c’est bien l’image du dessinateur de « Dracula » qui lui colle à la peau, l’empêchant de quitter totalement le genre horrifique. Durant les années 90, Marvel l’invita donc à dessiner sur les titres « Clive Barker’s The Harrowers », « Halloween Megazine », « Blade », et provoqua même la rencontre entre Dracula et le Silver Surfer, et derechef avec Docteur Strange. Outre les rééditions chez Epic, Dracula s’invite dans « Requiem for Dracula », « The Savage Return of Dracula », « The Wedding of Dracula », sans parler du « Curse of Dracula » avec Wolfman.

En 1997, Colan dessina « Aliens » et « Predator : Hell and Hot Water » chez Dark Horse. En infatigable passionné, il continua de dessiner comme il le pouvait malgré l’âge et les problèmes de santé. Dans les années 2000, outre les numéros spéciaux ou anniversaires comme « Captain America », « Thunderbolts » ou « Daredevil » où on l’invite régulièrement, on le retrouve chez différents éditeurs avec « Just Imagine Stan Lee : Wonder Woman » (2001), « Buffy the Vampire Slayer » (2001-2002), « Rob Zombies Spookshow » (2003), « Zoom Suit » et « New Thunderbolts » en 2006, « Blade » et « Marvel Zombies » en 2007, « Doctor Voodoo » en 2010… Qui aurait imaginé qu’en 2010, Wolfman et Colan se retrouveraient sur un one-shot de… « Mickey » ? Ou qu’il réaliserait la couverture de l’un des numéros de la nouvelle série de Dave Sim « Glamourpuss » ?

Gene Colan se sentait très engagé dans le combat contre les inégalités, un thème qu’il aimait exprimer dans ses comics. Il fut membre de différents musées et centres d’art, et enseigna à la prestigieuse School of Visual Arts de Manhattan. Il fit aussi de nombreuses conférences sur les comics et l’art dans de très grandes galeries mondiales. Il avait reçu un Eisner Award en 1977 et en 1979, ainsi que la distinction du Hall of Fame en 2005. En 2010, il reçut l’Eisner Award for Best Single Issue pour le fameux « Captain America » #601. Gene Colan souffrait déjà beaucoup de problèmes récurrents aux reins, mais il s’est éteint après s’être retrouvé dans un état critique suite à une fracture de la hanche. Ce printemps, une vente aux enchères de ses œuvres avait eu lieu pour l’aider à payer les soins dont il avait besoin pour ne plus souffrir, mais malheureusement cela n’a pas suffit à résorber le mal… Nous sommes beaucoup à penser à lui en ce moment… Adieu, Gene, et merci pour les infinies émotions et les chefs-d’œuvre que tu nous as offerts…

Cecil McKINLEY

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7 réponses à R.I.P. Gene Colan

  1. Renaud SOYER dit :

    Merci pour ce bel hommage à ce très très grand artiste

  2. Crom dit :

    bel article extrêmement documenté, mais il me semble que Gene Colan avait aussi dessiné Conan non? Savage Sword of Conan? ou je me trompe?

    • Anonyme dit :

      Aargh! Non, vous ne vous trompez pas. C’était dans le n°33 de « The Savage Sword of Conan » daté de septembre 1978. Scénarisé par Roy Thomas et encré par Pablo Marcos, Colan y dessina l’histoire « The Curse of the Monolith« . J’ai essayé d’être quasi-exhaustif dans cet hommage qui contient déjà beaucoup de références et de titres (mission impossible dans ce format), mais ce titre est l’un de ceux qui m’ont échappé. Lorsque c’est comme ça, il se trouve toujours un fan pour venir vous dire: « Hé, coco, et ça alors? ». Loin de s’offusquer, il faut alors se réjouir de constater que les vrais fous amoureux ne disparaissent pas, toujours à la recherche de nouvelles œuvres, d’informations, de dialogue pour continuer à développer leur passion. Donc, bravo à vous pour cette remarque tout sauf superflue puisqu’elle met en avant une série importante où Colan ne fit que passer – mais comme d’habitude, ce fut un passage brillantissime comme vous le démontre l’image que j’ai rajoutée dans l’article sous l’ajout du titre dont vous parlez. Eh oui, on est comme ça, à BDZoom, on ne recule devant rien pour vous faire plaisir. Bien à vous,
      Cecil McKinley

  3. Bernard Dato dit :

    Gene Colan, ou une caméra à l’épaule.

    Très bel hommage, documenté et passionné.

    La disparition d’un artiste qui a alimenté nos rêves d’enfant, d’adolescent et d’adulte, même si on ne le connaissait pas personnellement, nous cueille toujours à froid, nous sidère et nous attriste (tant la lecture et la relecture de son œuvre nous l’a fait apparaître comme intime)…

    Les contre-plongées cadrées très serrées que Gene COLAN multipliait dans ses découpages donnaient une impression inédite de « caméra à l’épaule » qui embarquait le lecteur au cœur de l’action. Il était, avec KIRBY et Neal ADAMS, un des grands novateurs formels de sa génération. Son Daredevil, dont la noirceur graphique avait préparé la noirceur dramatique du Daredevil de MILLER, mériterait une réédition intégrale.

    Bernard Dato

    • Cecil McKinley dit :

      Bonjour, merci pour votre message.
      Je suis d’accord avec vous sur le côté « caméra à l’épaule » de Colan, bien sûr! Il a amené une dynamique dans le découpage et les cadrages qui ont ouvert la voie aux auteurs de l’Âge de Bronze. Je suis aussi d’accord avec vous en ce qui concerne le DD de Miller : à vrai dire, en rédigeant cet article, j’ai même failli écrire que sans le « Daredevil » de Colan, celui de Miller n’aurait pas été le même… La récente édition de l’intégrale « Iron Man » nous permet de relire les épisodes qu’il dessina pour la série, mais c’est vrai que son « Daredevil » mériterait vraiment d’être édité, ce serait génial… J’en profite pour souhaiter dans la foulée qu’un éditeur se lance enfin dans la publication d’une intégrale de « Tomb of Dracula« ! Mais ça…

      • Gérard dit :

        Bonjour, moi aussi je suis très triste de cette disparition. J’ai découvert Daredevil dans Strange, j’avais dans les 12 ans. J’adorais ça parce que on avait l’impression de lire quelque chose d’adulte grâce a ce style à la fois sombre & réaliste. J’aimais particulièrement les épisodes encrés par Syd Shore… Jamais vu quelque chose de comparable depuis il me semble…

        • Cecil McKinley dit :

          Bonjour, d’accord avec vous: Colan est incomparable, c’était un artiste au style unique, reconnaissable entre tous. Espérons qu’un jour son Daredevil soit réédité en Intégrales…
          Bien à vous,
          Cecil McKinley

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