Les amateurs de son œuvre le savent bien : Jacques Tardi est un boulimique de travail qui dessine matin, midi et soir. Or, « Dessins matin, midi et soir », c’est le titre d’un beau petit recueil édité par Oblique Art (structure dirigée par Pierre-Marie Jamet) qui nous propose pas moins de 160 pages rassemblant des illustrations réalisées par le créateur d’« Adèle Blanc-Sec », sélectionnées dans les nombreux carnets qu’il a noircis (voire mis en couleurs) tout au long de sa remarquable carrière d’auteur du 9e art : croquis, études de personnages… et même courtes bandes dessinées iconoclastes inédites.
Lire la suite...« La Faute aux Chinois » par F. Ravard et A. Ducoudray
Avec cette comédie jubilatoire, l’ancien journaliste Aurélien Ducoudray confirme, avec seulement deux albums (le premier, « Championzé » sur des dessins d’Eddy Vaccaro, est également paru chez Futuropolis, en 2010) qu’il est un scénariste avec lequel il va falloir compter !
Un jour, Louis Mounier, ouvrier assez zélé et habituellement plutôt tranquille (il travaille dans un abattoir de province), prend la défense de Suzanne, la secrétaire du DRH qui subit les grivoiseries de ses collègues. De fil en aiguille, ils vont commencer à se fréquenter… Mais la présence systématique de Jean-Claude, le frère de Suzanne qui est une espèce de gros lourdaud travaillant au service contentieux et qui trempe dans des combines pas très catholiques, gâche un peu le tableau idyllique : une vie plus où moins à trois s’installe, ils se marient et ils ont un enfant prématuré qui a de grandes difficultés à se nourrir… Et voilà qu’on commence à parler de plus en plus de la délocalisation de l’usine et que le couple se retrouve en pleine crise affective. Or, c’est le moment que choisit Jean-Claude pour proposer, à Louis, d’arrondir ses fins de mois : en devenant homme de main ! Une ascension sociale qui va alors se faire dans le sang de poulets, mais aussi dans celui des êtres humains…
Ce récit social, à l’humour très noir, est certainement très réussi parce que les personnages sont tous pittoresques à souhait et que leur psychologie est très approfondie, mais aussi parce que le dessin de François Ravard (« Le Portrait » avec Loïc Dauvillier chez Carabas, en 2005, et « Hamlet 1977 » avec Harry R. Vaughn chez Casterman, en 2010) est à la hauteur du propos et de la narration : vivant, simple et efficace ! D’autant plus que colorisation au brou de noix choisie, tendance sépia, donne une impression générale de documentaire vieillot tout à fait adéquate et bienvenue : à découvrir sans plus attendre !!!
Gilles RATIER
«La Faute aux Chinois» par François Ravard et Aurélien Ducoudray
Éditions Futuropolis (21 €)