Dix ans après la parution de « Résurrection », la première partie d’un diptyque accouché dans la douleur, voici enfin « Révélations » : conclusion du dernier récit du regretté Philippe Tome, décédé alors qu’il travaillait sur les dernières pages de son scénario. Les éditions Dupuis proposent, enfin, l’intégralité de cette aventure magistralement dessinée par Dan Verlinden, digne successeur de ses deux prédécesseurs : Luc Warnant et Bruno Gazzotti.
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Edition : Delcourt collection : Sang froid
Dessinateur et Scénariste : Etienne Davodeau
Décidément, les Directeurs des Ressources Humaines sont plutôt malmenés par les auteurs du neuvième art en cette année 2000.
Décidément, les DRH (les Directeurs des Ressources Humaines, qu’on appelait encore il y a peu les Chefs du personnel, dans les entreprises, « c’était plus clair ») sont plutôt malmenés par les auteurs du neuvième art en cette année 2000. Après Jacques Tardi et Daniel Pennac, qui nous en avait fait une description plutôt acerbe, dans leur excellent album La débauche (paru aux éditions Gallimard/Futuropolis en janvier dernier), c’est au tour de Davodeau de nous en narrer les « qualités ». Mais, contrairement à Tardi et Pennac, qui avait catalogué le personnage immédiatement et sans appel comme sans états d’âme, Davodeau, comme à son habitude, examine le personnage sous son coté humain, pour montrer que derrière l’image et l’obligation professionnelle se dresse un homme sensible. Ce qui ne l’empêchera pas de faire également mourir « son » DRH, dénommé Samuel Faure, d’une manière bien moins préméditée, mais tout aussi violente que les deux auteurs de La débauche l’avait fait avec « le leur ».
Car les vrais gentils, ceux qui se retrouvent en difficulté dans leur emploi, ce sont Nina et Castor. La première, à cause de sa « grande gueule » (c’est le surnom dont l’ont affublée ses collègues), dont elle abuse, visiblement pour se protéger de la bêtise ambiante. Le second parce qu’il a adopté un comportement troublant, pour se sauver lui-même, en dénonçant ses collègues à sa direction. Mais Castor et Nina ont un besoin vital de travailler. Pour eux, c’est une question de survie, tout simplement Et pour cela ils utilisent les méthodes calquées sur le comportement de ceux qui les exploitent, pour les obliger à céder. Sans grand zèle, ni réelle illusion non plus.. Leur vraie vie est ailleurs, c’est une évidence.
Etienne Davodeau occupe vraiment une place à part dans l’univers du neuvième art. Inlassablement, album après album, l’auteur persiste dans l’analyse du genre humain, dénonçant les abus de pouvoir et manipulations en tout genre, et plaidant pour une meilleure harmonisation des tâches de la vie et des comportements humains. Pour une meilleure démocratie en quelque sorte. Le tout étant cette fois servie par une narration au rythme soutenu, on ne peut que recommander la lecture de ce Davodeau grand cru, à consommer sans modération.
Résumé de l’album : « Nina est surnommée « Grande gueule » par ses collègues techniciennes de surface aux Transports Doublet, et c’est bien ce qui pourrait la pousser vers la porte, dixit la direction. Castor est chauffeur aux Transports Doublet, et il a fait du zèle. Lui, ce sont ses collègues qui pourraient le pousser vers la porte. Le hic, c’est que ni Castor ni Nina ne peuvent envisager un instant de se retrouver à la rue… Ils sont prêts à tout pour l’éviter. Et qui va s’occuper de leurs cas ? Samuel Faure, directeur des ressources humaines. Un métier pas facile.»