Dans le cinquième volume de ses aventures, « Le Grimoire d’Elfie T5 : Les Reflets de Walpurgis », la jeune Elfie découvre le marais poitevin (entre La Rochelle et Niort) et des festivités réservées aux magiciens et sorcières depuis le temps de la mystérieuse fée Mélusine. Une nouvelle enquête pour la jeune adolescente, avec l’apport non négligeable de son grimoire magique, à l’issue de laquelle elle en aura appris beaucoup sur les dangers contemporains qui guettent cette zone humide remarquable et sa propre famille.
Lire la suite...UNE DELEGATION DE 44 AUTEURS CHEZ DUPUIS
Ce matin, 20 mars, une délégation de 44 auteurs s’est déplacée pour se rendre à Marcinelle aux éditions Dupuis afin de réagir aux différents problèmes qui secouent la maison d’éditions belge.
Adam Benoit Bekaert Bercovici Borrini Bruno Gazzotti Carine de Brab Charles Berberian Christian Darasse Christian Durieux Clarke Cynthia (Studio Cerise) Dan Verlinden Denis Lapière Dominique David Edmond Baudoin Emmanuel Guibert Emmanuel Moynot Fabien Vehlmannn Falzar Frank Legall Giancarlo (Studio Cerise) Gibrat Guilhem (= Gilhem Bec) Janry Jean-Claude Denis JP Stassen Lambil Magda Marc Hardi Marco Paulo Marianne Duvivier Max Cabane Midam Olivier Neuray Olivier Wozniak Peral Philippe Berthet Philippe Dupuy Philippe Tome Sergio Salma Stedo Sylvain Thierry Robin Vincent Mathy
Il est également sur Auteursdupuis si vous avez envie de réagir…
Araceli Cancino
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Cher(e)s Ami(e)s,
Beaucoup d’entre vous, dans un entretien personnel, connaissent évidemment mon opinion sur la crise que traverse aujourd’hui Dupuis. Mais jusqu’alors je ne me suis pas exprimé publiquement. Voici donc.
Commençons par une lapalissade : depuis plus de dix-sept ans que j’y sévis, j’aime Dupuis, profondément, pour ce que qu’il a été, pour ce qu’il est aujourd’hui, et pour ce que j’aimerais qu’il soit demain : une maison d’édition, et non pas un catalogue qu’on exploite comme un (riche) filon. Il faut avoir pour une maison d’édition les yeux de Chimène et pas ceux d’Harpagon. Dans une maison d’édition, il y a d’abord des personnes : les auteurs d’abord, les éditeurs, et tout le personnel qui va de la finance au commercial, en passant par l’informatique, la logistique, le marketing, etc. Ce sont les relations entre ces personnes qui font la maison d’édition, des relations de confiance mutuelle, confiance qui repose sur la création des uns et les compétences des autres, dans un esprit de profond respect. Des relations tout simplement humaines. La relation contractuelle et financière, indispensable, vient en second. Mais cette relation financière entre les auteurs et l’éditeur doivent aussi reposer sur un respect mutuel, et les auteurs, comme l’éditeur, doivent gagner leur vie correctement.
Tout au long de son histoire, et jusqu’à il y a quelques mois, malgré certains errements, des erreurs commises et des années moins fastes que d’autres, Dupuis a finalement toujours été une maison différente des autres ? je ne dis pas meilleure, je dis différente. Jalouse de son indépendance éditoriale, de son fonctionnement interne, de sa relation privilégiée avec les auteurs. Et depuis vingt ans, Dupuis est une maison solide, saine, qui s’est toujours développée sur fonds propres, peu endettée, dynamique et sereine.
Ce dynamisme et cette sérénité sont aujourd’hui mis à mal par le nouvel actionnaire, Média Participations. L’autonomie éditoriale, promotionnelle et commerciale de Dupuis est battue en brèche par une série d’actions qui, considérées ensemble, forment une véritable entreprise de démantèlement de Dupuis, de sa singularité, de son accrochage historique à Marcinelle, de son identité, ou de son âme comme vous voulez.
Voici quelques exemples pour étayer mon propos.
Sur les treize ou quatorze représentants Dupuis en France, cinq sont désormais « mixtes », c’est-à-dire qu’il vendent non seulement les livres édités par Dupuis, mais aussi ceux publiés par Dargaud, Kana, Le Lombard, Blake et Mortimer, Lucky Comics. Il n’y a plus de chef de ventes Dupuis, mais des chefs régionaux mixtes. C’est peut-être une bonne chose (même si j’en doute), mais cette décision a été prise unilatéralement, sans que le directeur général de Dupuis ait même été consulté. Cela revient à dire que la politique commerciale est assumée de fait par le directeur de la diffusion, entité autonome au sein de Média, et non par la direction générale de chacune des maisons du Groupe. Le directeur du Marketing Dupuis , installé à Paris, loin des éditeurs et du directeur général, basés à Marcinelle, est toujours payé par Dargaud, et dépend, dans les faits, du même directeur de la diffusion. À plusieurs reprises, j’en atteste, le directeur de la diffusion est intervenu avec insistance auprès de moi pour me faire changer d’avis sur mes choix concernant les formats et les couvertures de certains albums. Donner un avis est une chose, qui pourrait même être profitable, mais l’insistance réitérée est une ingérence inacceptable dans mes prérogatives d’éditeur. Le directeur de la diffusion dépend directement de Claude de Saint-Vincent. Ce même Claude de Saint-Vincent a convoqué, en janvier 2006, un comité éditorial regroupant les différents directeurs généraux et éditoriaux de Dargaud, Dupuis et Le Lombard. À l’ordre du jour de ce comité : un échange de points de vue sur chacune de nos politiques éditoriales et, surtout, l’analyse de contrats d’auteurs communs à nos trois maisons.
J’ai répondu personnellement à Claude de Saint-Vincent que ce comité éditorial et son ordre du jour étaient en contradiction totale avec l’indépendance éditoriale de Dupuis et d’ailleurs de chacune des autres maisons. La politique contractuelle et financière est indissociable de l’indépendance éditoriale. J’ajoutais même que si les auteurs apprenaient la tenue d’une telle réunion, ils pourraient légitimement penser que nous nous mettions d’accord pour leur tondre la laine sur le dos. Enfin, je concluais en lui disant que j’assisterai à cette réunion puisqu’il m’y conviait, mais pour affirmer haut et fort mon désaccord. Claude de Saint-Vincent ne m’a jamais répondu, mais a fait savoir à Dimitri que compte tenu de ma « susceptibilité » il annulait purement et simplement ladite réunion. En réalité, elle a tout de même eu lieu mais sans Dimitri ni moi. Claude de Saint-Vincent a raison : je suis très susceptible pour tout ce qui touche à l’indépendance éditoriale de Dupuis.
Dans ce contexte, voici les faits tels qu’ils se sont déroulés chronologiquement.
Premier acte.
Après en avoir parlé à plusieurs reprises à Claude de Saint-Vincent, administrateur délégué de Dupuis, à Vincent Montagne, principal actionnaire et Maître Jonet, président du conseil d’administration du Groupe Média Participations, Dimitri Kennes écrit une lettre détaillée aux trois personnes susnommées, ainsi qu’à l’ensemble des administrateurs de Média. Dans cette lettre :
- Il demande un certain nombre de garanties pour asseoir définitivement, AU SEIN DE MÉDIA PARTICIPATIONS, l’autonomie de Dupuis en ce qui concerne le marketing, le commercial, les droits dérivés. Si ces garanties sont clairement affirmées, et que la confiance de l’actionnaire lui est confirmée, il indique dans quels termes il poursuivrait sa mission comme directeur général de Dupuis.
- Si ce point 1 est refusé, il propose à l’actionnaire un MBO (Management Buy out ), c’est-à-dire le rachat à Média de Dupuis par ses cadres, toujours pour garantir l’indépendance éditoriale et commerciale de la Maison.
- Si les deux points précédents n’agréent pas l’actionnaire, il considère que son contrat le liant à Média est rompu et qu’il est contraint à la démission.
Aucune réponse, aucune amorce même de discussion, ne lui a été proposée. Dimitri en a tiré la seule conclusion qui s’imposait : la démission.
Deuxième acte.
Dans un entretien, j’annonce à Claude de Saint-Vincent qu’il m’est difficile d’assumer mes responsabilités éditoriales dans un tel contexte. Je lui demande comment Dupuis, dont Média est désormais propriétaire, compte accompagner mon départ. Il n’a jamais été question que je démissionne. Claude de Saint-Vincent me répond qu’il ne souhaite pas que je parte, que je suis un pilier de la maison, etc.
Troisième acte.
Les membres du comité de direction, unanimes, établissent un document comprenant une série de questions précises à l’actionnaire, concernant l’autonomie éditoriale et commerciale de Dupuis. Ce document est remis à Claude de Saint-Vincent, qui n’en tient aucun compte. Outrés devant ce qu’ils considèrent comme du mépris, les membres du comité de direction, après de longues discussions, considèrent tous, sauf un qui se désolidarise (et c’est son droit le plus strict), que désormais la seule façon de garantir l’autonomie de Dupuis est de proposer son rachat à l’actionnaire. Nous reprenons contact avec Dimitri qui, dans un premier temps, nous met en garde : un e telle demande, c’est clairement mettre nos postes en péril. Nous insistons et nous lui demandons qu’il participe avec nous à ce chantier.
Quatrième acte.
Nous faisons part de tout cela (MBO) à Vincent Montagne et à Maître Jonet, en présence de Claude de Saint-Vincent et de François Pernot, administrateur délégué de Média Participations. Refus de Média, sans autre proposition concrète. Ou l’on se soumet ou l’on se démet.
Cinquième acte.
Licenciement sec, sans préavis ni indemnité, d’Alain Flamion, directeur de l’informatique et de la Distribution, et de votre serviteur pour faute grave, sans que nous sachions encore quelle est la nature de la faute.
Que faire maintenant ?
Le mépris souverain qu’a manifesté Média à votre égard, vous les auteurs qui avez manifesté votre soutien à Dimitri et à moi-même, en vous répondant par mon licenciement ; le même mépris affiché par Média aux membres du comité de direction en ne répondant pas sur le fond, et en menaçant de licenciement ceux qui « n’adhèrent pas au projet » Média (« D’autres départs ne sont pas exclus », François Pernot dans Le Soir, daté 18-19 mars 2006), est la seule attitude actuelle de l’actionnaire. Quel est son projet ? Nous ne le connaissons pas. Nous, nous en avons un. Et qui est de poursuivre la politique que nous menons au moins depuis vingt mois, dans la confiance réciproque que nous avons les uns des autres. Et avec les résultats que l’on sait. Pour dénouer la crise, il n’y a qu’une seule solution : négocier. Sur la base de notre projet (autonomie éditoriale et commerciale, pour l’essentiel). Et cette négociation doit se faire avec Dimitri, garant de la politique menée depuis vingt mois, et qui a toute notre confiance. En ce qui me concerne, et je crois pouvoir dire qu’il en est de même pour les autres membres du comité de direction, toute autre solution n’aurait pas mon agrément.
J’ai été long, trop long sans doute. Mais je voulais être précis et clair. J’espère y avoir réussi.
Quoi qu’il en soit, sachez que votre soutien me touche, que vos marques d’affection m’émeuvent, et que je serai toujours à vos côtés.
Claude Gendrot
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Chers jeunes et moins jeunes confrères,
Comme dans tous les conflits, nous nous trouvons face au syndrome de Rashomon. En d’autres termes, les différents acteurs de la crise interprètent et racontent différemment les scènes et les conversations auxquelles ils ont participé. Parfois de bonne foi, d’ailleurs. Mais la question n’est plus, me semble-t-il, de savoir qui a eu tort et qui a eu raison au cours des dernières semaines écoulées. Ni de déterminer qui est le gentil David et qui est le méchant Goliath. La question est de savoir comment sortir de l’impasse. (Je vous rappelle tout de même, vous qui avez lu la bible, que le gentil David, devenu roi, a envoyé le mari de Bethsabée se faire tuer au front pour pouvoir se taper tranquillement sa femme. Comme quoi, en tout ange peut se cacher un démon. Mais ne nous égarons pas).
Le blocage actuel vient de ce que les cadres de Dupuis, Gendrot et Flamion en tête, ont dit à Media: la seule solution que nous accepterons, c’est le MBO proposé par Dimitri Kennes. J’en déduis donc, par syllogisme, que soutenir les cadres de Dupuis, c’est soutenir le projet de MBO. Alors, au lieu de se demander si les auteurs doivent faire la grève des planches pendant une semaine ou quinze jours, ne serait-il pas bon de s’informer sur ce qu’implique en pratique ce fameux « management buy out »?
Ne comptez pas sur moi pour vous l’expliquer, je ne connais pas ce mécanisme. Tout ce que je sais, c’est qu’il faudrait réunir 102 millions d’euros pour racheter la société à Media, en supposant que ce dernier finisse par l’accepter, ce qui est moins que probable. C’est à dire 4.115.000.000 <http://4.115.000.000> d’anciens francs belges, ou 670.000.000 d’anciens francs français. Waow! Où trouver ce gros paquet d’argent?
Supposons que dans l’enthousiasme, les cadres de Dupuis hypothèquent leur maison pour offrir leur contribution, et que certains auteurs mettent la main à la poche pour participer à l’aventure. Si à eux tous ils rassemblent 115 millions de FB, ce sera déjà un miracle. Restent néanmoins 4 milliards à trouver. Où? Le monde financier n’est pas un jardin d’enfants. Les prêteurs (puisqu’il s’agirait forcément de prêts) doivent y trouver un avantage. Donc, des banques qu’il faudra rembourser (avec intérêts), des entreprises que l’édition de bandes dessinées fait saliver (Hachette? Rizzoli? De gros éditeurs allemands ou espagnols?). Seul Dimitri le sait. Et cet argent, il faudra le rembourser. Rien que les intérêts à 5% représentent déjà 4 millions d’euros par an. Auxquels il faut ajouter le remboursement du capital sur x années. Comment payer cela? Sur les bénéfices de Dupuis, je suppose. Ce qui ne laissera pas grand chose pour les investissements en nouveaux auteurs et la promotion des albums. Et que se pasera-t-il l’année où Dupuis ne fera pas de bénéfice (une année sans grosses nouveautés, ça arrive, ces choses-là)? On ne pourra pas dire comme aux actionnaires, cette année vous n’aurez pas de dividendes. Non, les prêteurs exerceront leur droit sur le gage qui garantit leur prêt, c’est à dire les éditions Dupuis. Et nous nous retrouverons propriété d’un milliardaire indien ou d’un groupe russo-bulgare dont le siège est aux îles Caïmans. Je vous avoue que tout cela me donne un peu le vertige. Que vous alliez soutenir les membres de l’équipe Dupuis que vous aimez (et que j’aime aussi), c’est très sympa. Mais au nom de ciel, renseignez-vous bien sur la cause réelle que vous défendez.
Claude de Saint Vincent, pour qui je n’ai jamais caché avoir de l’estime et de l’affection, est venu dîner à la maison hier soir. Il m’a assuré qu’il était tout prêt à réengager Claude et Alain pour autant que cette option MBO ne soit plus considérée comme le seul volet possible de l’alternative. Il m’a également assuré que l’autonomie de Dupuis n’avait jamais été remise en question (ça, je ne peux pas le confirmer, je n’y étais pas) et qu’elle serait de toute manière garantie à l’avenir. Au sein d’un groupe, évidemment, ce qui implique malgré tout un certain niveau de concertation (concertation ne voulant pas forcément dire arrangements sur le dos des auteurs). Il compte d’ailleurs vous écrire une lettre ce dimanche pour vous expliquer tout cela. Voilà où on en est. Reste à désamorcer la crise et à trouver un nouveau directeur général (rassurez-vous, je ne suis pas candidat). La suite du feuilleton, c’est vous et les gens de Dupuis qui l’écriront.
A plus, et que l’esprit soit avec nous.
Jean Van Hamme
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Chers tous,
Suite à la dernière note de Jean Van Hamme, il me
semble opportun d’apporter quelques précisions.
Je ne vais pas non plus donner ici un cours sur le
« aujourd’hui célèbre » MBO, mais je peux vous dire que
si cette possibilité est avancée, c’est parce qu’elle
est réaliste et compatible avec la pérennité des
Editions Dupuis, tout en maintenant son identité
propre, dans le cadre de sa philosophie éditoriale.
Néanmoins, il est vrai que ce n’est pas une mince
affaire que de structurer le montage, et c’est la
raison pour laquelle nous avons toujours évoqué une
période de 6 mois pour la mener à son terme. Je
précise qu’il n’y a aucun autre grand groupe
là-derrière et vous comprenez bien que je n’ai pas
envie de voir un industriel indien prendre possession
de mon habitation privée…
Quant aux propos de Media se voulant aujourd’hui
rassurant sur l’autonomie de Dupuis, permettez-moi
quand même de rappeler que si je ne suis plus chez
Dupuis, c’est parce que Media a préféré ma démission
aux deux autres choix que j’offrais:
-soit et précisément des garanties sur l’autonomie
(mais Dupuis restant dans Media);
- sinon un MBO comme recours ultime (Dupuis hors de
Media).
Pourquoi n’ont-ils pas choisi la première, à ce
moment-là plutôt que mon départ?
C’est ce refus qui a, je crois, conduit les cadres à
se rabattre sur le MBO. Ils ont exprimé, spontanément
et solidairement un avis, suite à une tentative de
leur part, loupée, d’obtenir de Media des garanties de
cette autonomie dans le contexte actuel. Cet avis est:
« de notre point de vue, la seule possibilité que nous
voyons pour un bel avenir pour Dupuis est d’envisager
cette solution ». Rien n’empêchait Media d’en proposer
d’autres dès ce moment.
A mon sens et en lisant que Media est aujourd’hui prêt
à donner des garanties (si j’en crois le message de
JVH), les deux solutions pourraient être compatibles:
on pourrait arriver à une modification d’actionnariat,
rassurante pour Dupuis (auteurs, personnel et
dirigeants), sans endetter exagérément l’entreprise et
tout en maintenant une participation de Media et
l’application de certaines synergies.
Ceci postule un changement d’attitude de la part de
Media et l’ouverture de négociations.
Dimitri Kiennes
Ps: en remerciant vivement JVH pour son rôle
constructif favorisant la réflexion et le dialogue.