Les amateurs de son œuvre le savent bien : Jacques Tardi est un boulimique de travail qui dessine matin, midi et soir. Or, « Dessins matin, midi et soir », c’est le titre d’un beau petit recueil édité par Oblique Art (structure dirigée par Pierre-Marie Jamet) qui nous propose pas moins de 160 pages rassemblant des illustrations réalisées par le créateur d’« Adèle Blanc-Sec », sélectionnées dans les nombreux carnets qu’il a noircis (voire mis en couleurs) tout au long de sa remarquable carrière d’auteur du 9e art : croquis, études de personnages… et même courtes bandes dessinées iconoclastes inédites.
Lire la suite...Lax, Prix RTL 2005
L’auteur de L’aigle sans orteils a reçu son trophée lundi 28 novembre des mains de Georges Wolinski, président du jury 2006 du Festival international de la bande dessinée d’Angoulême.
Les autres albums en compétition étaient « Salvatore tome 1 – Transports amoureux », de Nicolas de Crécy (Dupuis), « Le retour à la terre tome 3 – Le vaste monde », de Manu Larcenet et Jean-Yves Ferri (Dargaud, Poisson Pilote), « Le vent dans les sables tome 1 – L’initiation au voyage », de Michel Plessix (Delcourt), « La loi du Kanun – Dette de sang », de Jack Manini et Michel Chevereau (Glénat), « Les passe-murailles, tome 1 ? Le dedans des choses », de Jean-Luc Cornette et Stephane Oiry (Les Humanoïdes Associés), « Quintett tome 1 – Histoire de Dora Mars», de Cyril Bonin et Franck Giroud (Dupuis), « Tigresse Blanche », de Yann et Conrad (Dargaud) et « Période Glaciaire » de Nicolas de Crécy (Futuropolis).
L’aigle sans orteils, de Lax, Aire Libre Dupuis, 12.94€
Le début : Juillet 1907, Amédée est un de ces soldats qui charrient à dos d’homme le matériel nécessaire à la construction de l’observatoire du Pic du Midi. Il va rencontrer Camille, un de ces messieurs de l’observatoire, passionné par le Tour de France, la plus grande épreuve cycliste du monde, comme annoncé à sa création en 1903. Amédée n’est pas long à attraper le virus. Revenu dans son village, au pied du Pic, Amédée enchaîne les portages pour économiser l’argent nécessaire à l’achat de son premier Alcyon. Il prend tous les risques jusqu’au jour où la montagne est la plus forte. Amédée passe une nuit entière dans les monts gelés. Il en sort vivant mais amputé des orteils. Ce n’est que le début de son incroyable odyssée : comment un coureur handicapé, inconnu, (un isolé qui ne peut recevoir de l’aide de personne sous peine de lourdes pénalités) va se hisser de Tour en Tour aux côtés des plus grands …
Notre avis : Amédée n’est pas un héros particulier : c’est un pur passionné. Un de ces « dingues » qui ont fait la légende du Tour. Son handicap ne le stimule pas pour courir : il souhaite juste le surmonter, avec toute la volonté et l’abnégation nécessaire, pour enfin réaliser son rêve de toujours, celui de courir le Tour de France. Le dernier ouvrage de Lax est un chef-d’œuvre. On y trouve l’expression de l’amour du vélo, un hommage aux pionniers inconnus du Tour, une foule de détails historiques sur la création de la réglementation et du début des équipes professionnelles (à l’époque, il était possible – c’était même une sorte de passage obligé – de s’inscrire en « candidat libre » pour se faire remarquer). De l’histoire, de l’émotion, du talent : tels sont les ingrédients de ce récit puissant qui met en scène la vie d’un homme apparemment ordinaire au destin finalement exceptionnel, exceptionnel comme l’est ce livre. LT