Au cœur de la très sombre Bucarest !

Christophe Bec signe avec « Sector 5 » un scénario très noir, très sombre (et « pour public averti », comme il est dit en quatrième de couverture) dont le personnage central n’est pas l’inspecteur Ferentari, comme on pourrait le croire de prime abord, mais la ville de Bucarest : et plus particulièrement ce secteur 5 que connait bien le scénariste. Un quartier « bien loin des parcours touristiques de la capitale », comme il le précise et qui compte six secteurs.…

On s’attend, en effet, à un polar… et c’en est un : dynamique, violent, sanglant, au fil d’une intrigue menée de main de maitre par Bec et par son enquêteur Marian Ferentari. C’est un anti-héros par excellence, mal dans sa peau, ténébreux, teigneux, têtu… Lui, que ses collègues surnomment Le Cafard, doit trouver le ou les meurtriers qui ont assassiné, de façon on ne peut plus sadique, un avocat, un chef de chantier et un chauffeur de taxi.

Cette série d’assassinats, souvent très glauques, sont l’occasion pour le scénariste de brosser un portrait inattendu de Bucarest. L’auteur prévient, dès la préface, qu’il est frappé par « tous les clichés erronés sur ce pays », vantant tout d’abord les qualités de son peuple « accueillant, joyeux et chaleureux », rappelant qu’il est latin et non pas slave.

En contrepartie, cependant, il y a « omniprésence de la corruption, de la mafia et de l’industrie du sexe », notamment dans les bas-fonds de la capitale roumaine et son fameux secteur 5. Christophe Bec peut se targuer d’offrir à la fois un très bon thriller et un reportage fort documenté sur la ville, ses inégalités sociales, le rejet par une bonne partie de la population de toute règle, la corruption de sa police et jusqu’au plus haut niveau de l’État, l’importance de la pègre et des trafics de drogue.

Ce sont surtout les travailleuses du sexe qui sont au cœur du récit : leurs conditions de vie, leurs méthodes et notamment leurs vidéos qui défilent sur Internet dans le monde entier. Un commerce fructueux pour ces camgirls dont les studios fleurissent un peu partout dans la ville et dont les activités plus ou moins interactives sur le Net leur permettent de bien gagner leur vie.

Embarquement donc pour un thriller violent sans concession et pour une ville qui révèle ici sa face cachée, le tout dessiné de façon très réaliste par Christian Pacurariu, dessinateur… roumain. Que demander de plus ?!

Didier QUELLA-GUYOT

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« Sector 5 » par Christian Pacurariu et Christophe Bec

Éditions Soleil (19, 50 €) – EAN : 9782302090552

Parution 12 février 2025

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