Depuis presque 20 ans, l’idée d’une comédie de mœurs romantique sur fond de satire politique où une Première Dame aurait la possibilité d’influencer les affaires publiques de notre pays trottait dans la tête de Didier Tonchet : prolifique créateur de BD humoristiques bien connu (ahhh, « Raymond Calbuth » !) et scénariste toujours inspiré, comme c’est le cas ici (1)… Il nous embarque avec délices dans la jouissive histoire d’une actrice engagée de seconde zone qui va gagner le cœur des Français et d’un président de la République dont la cote de popularité est en chute libre, à un an des élections : le tout mis énergiquement en images, tout au long de 270 pages, par le dessin virevoltant de Jean-Philippe Peyraud (2)…
Lire la suite...Métal hurlant : 50 ans d’une épopée fabuleuse pour un journal immortel…
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L’année 1975 a vu naître deux journaux emblématiques qui offraient le meilleur de ce qu’à l’époque on avait baptisé la « nouvelle BD ». Le magazine Métal hurlant, né en janvier, devançait d’une courte longueur Fluide glacial, apparu en kiosque en avril. L’anniversaire de ces deux naissances placées sous le signe de l’enthousiasme — mais aussi d’une bonne dose d’inconscience ! — est fêté avec une nostalgie bienvenue, en ces temps compliqués où la presse est moribonde. Avant de parler des festivités concoctées par l’équipe de Fluide glacial, place à celle de la « machine à rêver ».
Fin 1974, ils sont quatre, comme les trois mousquetaires, à se lancer dans l’aventure Métal hurlant : Jean-Pierre Dionnet, Philippe Druillet, Mœbius (alias Jean Giraud) et Bernard Farkas.
Bien que le titre soit né de l’imagination débordante de Nikita Mandryka, ce n’est pas sous la bannière de son journal, L’Écho des savanes, que paraît le nouveau trimestriel, mais sous les couleurs d’une maison d’édition créée spécialement pour lui : Les Humanoïdes associés.
L’existence de Métal hurlant ne fut pas un long fleuve tranquille, comme l’évoque Jean-Pierre Dionnet tout au long d’un émouvant entretien signé Christophe Quillien et Lloyd Chéry.
Entre deux histoires, l’énigmatique Otto Maddox revient sur 23 couvertures mythiques, qui permettent aux nouveaux lecteurs de revivre les grandes heures du journal.
Après la publication, toujours en cours, de cinq copieux albums baptisés Opus Humano rééditant les récits incontournables de cinq décennies, ce mois de février voit donc paraître un numéro anniversaire de 288 pages, dont 226 de bandes dessinées.
Des récits complets, la plupart sur le thème de Métal hurlant, signés majoritairement par des auteurs confirmés, côtoient des histoires réalisées par de jeunes pousses : une politique généreuse envers les débutants, depuis toujours pratiquée par les diverses rédactions.
Notons Alain Ayrolles, Aimée de Jongh, Cyrille Pomès, Didier Tronchet, Fred Blanchard, Fred Duval, Frederik Peeters, Guillaume Guerse, Jerry Frissen, Patrice Killofer, Marc Pichelin, Mo/CDM, Jérôme Félix, Paul Gastine, Richard Guérineau, Serge Lehman, Stéphane Créty, Thierry Leprévost… mais aussi Daniel Hansen, Fabrizio Dori, Gaspard Koening, Julia Richard, Manolo Carot, Nikola Pisarev, Toru Terada, Ultra Violette…
Une sacrée affiche !
Le rédactionnel, sans être envahissant, propose de belles rencontres avec Jean-Pierre Dionnet, Étienne Robial, François Schuiten, Ridley Scott… et le duo Justice pour illustrer la note pop-rock.
Un 14e numéro — à ne pas manquer ! — de la nouvelle formule trimestrielle de Métal hurlant animée par Jerry Frissen.
On peut seulement regretter l’absence de longues histoires : sources d’albums dont Les Humanoïdes associés sont désormais privés.
Il existe deux couvertures différentes de ce numéro collector, la première dessinée par Frederik Peeters, la seconde par Laurent Durieux.
Il est conseillé — pour ceux qui souhaitent en savoir plus sur Jean-Pierre Dionnet — de se procurer le récent no 37 de l’excellent Tonnerre de bulles, lequel propose une entretien-fleuve avec l’âme de Métal hurlant réalisé par Raymond Larpin.
On peut suivre,dans ce même numéro, une rencontre avec Doug Headline : le cofondateur de feu les éditions Zenda et l’infatigable adaptateur de l’œuvre de son père, Jean-Patrick Manchette.
Il faut soutenir Tonnerre de bulles, l’un des derniers survivants d’une époque révolue.
« J’ai le bonheur d’être vivant alors que j’ai tout de même commis quelques conneries… » confie Jean-Pierre Dionnet.
Cher Jean-Pierre — lui répond l’auteur de ces lignes —, je me souviens avec émotion des pages d’actualité sur les bandes dessinées américaines que tu m’envoyais, avec une belle régularité, à la fin des années 1960, destinées à Alfred : le fanzine de la Société française de bande dessinée que j’animais.
Les débuts de ta longue histoire d’amour avec la bande dessinée que pendant cinq décennies tu as si bien servie.
Henri FILIPPINI
Métal hurlant n° 14 (19 février 2025)
288 pages en couleurs (22 €) — EAN : 9782731631593
Tonnerre de bulles ! n° 37 (janvier 2025)
100 pages en couleurs (9,50 €) — La Chênaie Longue, 35500 Saint-Aubain-des-Landes (ou chez l’éditeur yannick.bonnant1@gmail.com)