Sous-titrée « Une Française au pays de la révolution », l’album d’Anna Chronique évoque le séjour de quatre années en Tunisie, en tant qu’enseignante d’histoire au Lycée français : quatre années qui lui permettent non seulement de se passionner pour l’Histoire du pays, mais également pour savourer tout ce que le pays a de différent, d’attachant, le tout non sans humour et sans critiques.
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Sous-titrée « Une Française au pays de la révolution », l’album d’Anna Chronique évoque le séjour de quatre années en Tunisie, en tant qu’enseignante d’histoire au Lycée français : quatre années qui lui permettent non seulement de se passionner pour l’Histoire du pays, mais également pour savourer tout ce que le pays a de différent, d’attachant, le tout non sans humour et sans critiques.
Après quelques années passées dans des collègues, Anna et son mari décident d’aller voir ailleurs. Après avoir imaginé travailler en Chine, puis au Gabon, c’est tout simplement en Tunisie que des postes leur sont proposés. Ce qui ravit certains de leurs proches en sidère d’autres. Qu’importe, direction Tunis : et les préparatifs se font dans la joie et la bonne humeur. Même le chat sera du voyage !
20 heures de traversée plus tard, arrivés sur place, ils déchantent un peu : Ben Ali est encore au pouvoir (on est en août 2009) et son omniprésence fait tâche. Ils comprennent vite qu’il ne sera pas question parler politique ou critiquer le président. La vie quotidienne s’organise tant bien que mal et le couple découvre peu à peu les « codes » : c’est-à-dire les us et coutumes qui permettent non seulement de s’installer, mais de s’intégrer.
Avec beaucoup d’humour, l’autrice évoque les démarches, les formalités et les façons de se comporter, tout en découvrant comment Tunisiens et Tunisiennes vivent entre traditions… et dictature ! Le tout sous l’œil goguenard du chat qui commente, ici et là, à la façon de la coccinelle de Gotlib. Arrive enfin le temps pour Anna de découvrir le pays, la médina, puis Carthage et les luttes entre Romains et Carthaginois, Sidi Bou Saïd…
La vie religieuse est évidemment l’objet d’observations, notamment sur les interdits liés au ramadan et tout ce qui distingue les pratiques des hommes et des femmes. Anna ne cache rien de ce qui distingue « clichés et réalité » dans la vie quotidienne, comme dans la vie professionnelle qu’elle découvre avec la rentrée des classes et une population d’élèves socialement triée sur le volet.
Mais le fait est qu’elle s’acclimate, malgré la censure de la presse, malgré la manipulation des esprits par le clan Ben-Ali, les difficultés économiques d’une bonne partie de la population, la difficulté d’être une femme sur les plages, les problèmes linguistiques… Elle s’acclimate et commence à apprécier, notamment via la découverte de Kairouan, de Tozeur, du désert de Chott El-Jerid ou des maisons troglodytiques de Matmata.
Ces « Chroniques de Tunisie » réalisent finalement un « portrait » du pays très complet : économique, politique, social, historique, touristique, sans négliger la situation des femmes, la place de l’Islam et, pour finir, l’immolation en décembre 2010 d’un jeune Tunisien, à Sidi Bouzid. Cet acte désespéré déclenche d’importantes manifestations : point de départ de la « révolution du jasmin » et des « printemps arabes ». Le tout, dans un graphisme clair qui porte avec bonheur ces pages éclairantes, voulues comme « un hommage à ce pays attachant ».
Didier QUELLA-GUYOT
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« Chroniques de Tunisie » par Anna Chronique
Éditions Dunod Graphic (19, 90 €) – EAN : 9782100863815
Parution 15 janvier 2025