Depuis « Le Démon de midi », on a tous compris que Noémie, l’héroïne de Florence Cestac (1), n’est autre que le double de papier de son autrice. Or, toutes les deux amorcent, aujourd’hui, une période de l’existence que l’on associe souvent à une finitude un peu déprimante, même si, comme le disait Benoîte Groult, « La vieillesse est si longue qu’il ne faut pas commencer trop tôt. » Avec son incorrigible façon de voir la vie en rose, Noémie/Florence nous démontre, avec cet album irrésistible qu’est « Le Démon de mamie : ou la sénescence enchantée », que vieux peut rimer aussi avec joyeux, et que ce n’est pas forcément sinistre de prendre de l’âge…
Lire la suite...Avec Florence Cestac, vous saurez tout, tout, tout sur la vie de senior !
Depuis « Le Démon de midi », on a tous compris que Noémie, l’héroïne de Florence Cestac (1), n’est autre que le double de papier de son autrice. Or, toutes les deux amorcent, aujourd’hui, une période de l’existence que l’on associe souvent à une finitude un peu déprimante, même si, comme le disait Benoîte Groult, « La vieillesse est si longue qu’il ne faut pas commencer trop tôt. » Avec son incorrigible façon de voir la vie en rose, Noémie/Florence nous démontre, avec cet album irrésistible qu’est « Le Démon de mamie : ou la sénescence enchantée », que vieux peut rimer aussi avec joyeux, et que ce n’est pas forcément sinistre de prendre de l’âge…
Une fois de plus, la créatrice d’Harry Mickson remet son gros nez rouge de clown pour nous faire rire et nous émouvoir en adaptant en images et en bulles quelques anecdotes tirées de son propre vécu, surtout depuis qu’elle a atteint ce qu’on appelle le grand âge : car on ne raconte bien que ce que l’on connaît !
Ainsi, tout en nous expliquant comment être une grand-mère active et épanouie avec autant de finesse que d’autodérision, elle nous liste la plupart des petites joies et des gros tracas liés à la vieillesse : les petits-enfants qu’il faut garder, les parents qui perdent la boule en EHPAD, les vicissitudes de la vie de couple — devenue souvent monotone — ou du célibat, notamment pour ceux qui sont addicts aux sites de rencontres pour seniors…, car les personnes âgées peuvent aussi avoir une sexualité satisfaisante, même si le corps commence à lâcher par petits morceaux.
De son trait rond qu’elle qualifie elle-même de « patatoïde », celle qui fut la première femme honorée du Grand Prix de la ville d’Angoulême illustre, avec toute la virtuosité et tout le dynamisme qu’on lui connaît, le quotidien dans les clubs Tamalou et Chicouf : les Tamalou, dixit Florence, « c’est ceux qui ont toujours mal quelque part », et les Chicouf, « ce sont ceux qui adorent quand les petits enfants arrivent [chic !], mais aussi quand ils s’en vont [ouf !], parce qu’il ne faut pas que ça dure trop longtemps… »
Celle qui fut par ailleurs libraire et éditrice envoie donc valser, avec audace et humour, quelques clichés, et aborde également, sans aucun tabou, des sujets universels comme l’injustice entre les femmes et les hommes, la société de consommation… ou encore des situations graves : tels que les attentats de Charlie Hebdo dix ans après, les deuils de ses proches, les renoncements successifs, le choix de pouvoir mourir dignement… et pas seulement pour les riches !
Enfin, si à la fin du « Démon de mamie », Noémie dit au revoir aux lecteurs, ce n’est pas le cas de notre « vénérable » autrice à la gouaille et la sincérité sans pareil qui a bien d’autres projets, alternant comme à son habitude un livre solo et un ouvrage avec un scénariste. D’ailleurs, le prochain sera un album, certainement aussi burlesque et fantasque que les précédents, sur la cuisine : et elle est même en train d’y travailler avec un « vieux » copain d’enfance qui en a fait son métier… On a hâte de découvrir ça…
(1) Sur Florence Cestac, voir, par exemple, sur BDzoom.com : Quand Florence Cestac raconte le passage à l’Éducation nationale d’Albert Algoud, c’est évidemment loin d’être triste et conventionnel…, « Ginette » : un essai transformé de BD érotique par m’dame Cestac !, Les souvenirs de famille de Florence Cestac : un bonheur de lecture !, La belle rentrée de Florence Cestac, « Un amour exemplaire » par Florence Cestac et Daniel Pennac, « Le Démon du soir ou la ménopause héroïque » par Florence Cestac, « Des salopes et des anges »…
« Le Démon de mamie : ou la sénescence enchantée » par Florence Cestac
Éditions Dargaud (17 €) — EAN : 9 782 205 212 280