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Une reine et son « palais du péché »…

17/01/2025
Par Didier Quella-Guyot

C’est l’histoire d’un drôle de palace qu’ont décidé de raconter Stéphane Lemardelé et Laurent Busseau, le « Palace of Sin » (le Palais du péché) dont la tenancière était surnommée « Queen Lil ». Celle-ci avait eu l’excellente idée, pour ses affaires, d’inaugurer au début du siècle dernier un bar étonnant à la frontière du Canada et des États-Unis…

On est en 1910 entre Vermont et Québec. Lilian Miner (Queen Lil) ouvre un hôtel de passe, dont la particularité est d’ouvrir sur les deux régions : pas seulement pour accueillir la double clientèle masculine, mais pour jouer de l’interdiction de l’alcool côté États-Unis et autorisation côté canadien. Dix ans plus tard, la prohibition est en effet devenue d’actualité, ce qui ouvre la porte – notamment celle de cet hôtel – à une très lucrative contrebande : cognac et champagne de France y compris.

Sous-titré « Les Femmes de la prohibition », l’album est d’abord l’histoire d’une femme habile en affaires qui a évidemment contre elle et ses prostituées les activistes des « groupes de tempérance » d’inspiration protestante qui s’opposent, évidemment, aux saloons et aux bordels qui plaisent tant à leurs maris !

Malgré les libertés que les auteurs se sont accordées avec les dates, les lieux et les rencontres, comme ils le précisent dès le départ, le tableau ainsi créé donne une bonne vision « de l’ambiance frénétique qui a animé la région au début du XX^e siècle », ce que le dossier historique final signé Laurent Busseau développe avec beaucoup d’intérêt sur dix pages denses et instructives, avec des photographies d’époque.

Si le dessin manque un peu de séduction, principalement à cause des aplats de couleurs, le récit, lui, séduira les amateurs de l’histoire québécoise et ceux que les enjeux sociétaux intéressent. Pour appuyer la couleur locale du récit, les auteurs ont en outre choisi d’utiliser régulièrement du vocabulaire québécois – souvent savoureux, notamment pour les jurons -, qu’un glossaire explicite en fin d’ouvrage.