« Grand Petit Homme » : un charmant conte poétique signé Zanzim !

Désormais privé de son regretté scénariste et ami Hubert, le dessinateur Zanzim nous revient en auteur complet, quatre ans après le succès public et critique de leur « Peau d’homme » (1), avec un roman graphique aussi drôle que tendre et profondément humaniste. Il nous narre l’histoire tragico-comique de Stanislas : un petit – 1,57 m — vendeur de chaussures introverti, complexé et fétichiste, rejeté par tous. D’autant plus qu’il n’est également pas très grand dans sa tête, car il se comporte, la plupart du temps, de façon carrément maladive par rapport aux femmes (surtout si elles sont de grandes élégantes !) et que son gabarit va encore diminuer après avoir fait le vœu de devenir « un grand homme », au point de n’être pas plus grand qu’un insecte… : mais, au fait, que signifie être un grand homme ?

Zanzim revient donc, une fois de plus, sur les rapports hommes-femmes — thème inépuisable qu’il avait aussi abordé avec beaucoup d’humour dans « L’Île aux femmes » (2), où il était déjà son propre scénariste — avec ce récit d’un trentenaire parisien qui prend son pied grâce à ceux des autres, car il ne se sent pas à la hauteur des demoiselles qu’il désire. Pourtant, depuis la réserve du magasin de chaussures où il travaille (sa timidité le contraint à ne plus exercer ses talents en public), il se révèle être un expert des petits petons et de leur habillage. Hélas, ses collègues féminins ne le voient que comme un maladroit qui perd tous ses moyens dès qu’une belle cliente entre dans la boutique : ce qui ne l’empêche pas d’admirer secrètement la jolie fleuriste d’en face, Stanislas étant avant tout un grand amoureux des représentantes du sexe opposé.

Il se console souvent de ses angoisses de solitude infinie en caressant une magnifique paire de bottines, à la courbe parfaite et au design impeccable, fabriquée avec son cuir préféré provenant d’une vache indienne sacrée. Ce qu’il ignore, c’est que ce dernier a un pouvoir immense. Ainsi, le jour où il verse une larme sur l’une de ces chaussures, tout en souhaitant devenir un grand homme, la magie opère, mais à l’envers ! Réduit à la taille d’à peine un pouce dans un environnement hostile, Stanislas ressent de fortes émotions : passant de la peur des araignées devenues pour lui monstrueuses à la satisfaction de pouvoir voir sans être vu, n’hésitant pas à regarder sous les jupes des damoiselles qu’il convoitait et réalisant, de cette façon, l’un de ses fantasmes ! Cependant, au fil des pages et des épreuves, notre petit homme, qui va découvrir la bonté et l’amour, va grandir dans sa tête : s’élevant sur le plan humain, sans avoir besoin de prendre quelques centimètres de plus !

Doté d’une très belle sensibilité et égrenant des références cinématographiques liées aux années soixante (époque où se déroule cette BD fort bien narrée), Zanzim déploie graphiquement une luxuriante et élégante esthétique pop, dans ce charmant et poétique conte philosophique teinté, à la fois, d’humour et d’une certaine mélancolie.

Gilles RATIER 

(1) Voir sur BDzoom.com : La quête folle et ardente de l’amour, sans contrefaçon, dans l’ultime scénario d’Hubert… et « Peau d’homme » par Zanzim et Hubert, Grand Prix de la Critique ACBD 2021.

(2) Voir sur BDzoom.com : « L’Île aux femmes » par Zanzim.

Sur Zanzim, voir aussi : Une intégrale émouvante : « Les Yeux verts » d’Hubert et Zanzim…« Ma vie posthume » T1 (« Ne m’enterrez pas trop vite ») par Zanzim et Hubert, « La Sirène des pompiers »

« Grand Petit Homme » par Zanzim

Éditions Glénat (25 €) — EAN : 9 782 344 052 792

Parution 6 novembre 2024

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