S’il est un nom de reine qui fait rêver, c’est bien celui de Saba : un nom associé à des contrées lointaines et à des temps immémoriaux. Les textes religieux (Bible, évangiles et Coran) l’ont évoquée et, depuis, bien des auteurs se sont accaparé cette histoire, ces légendes. Le dernier en date est Marek Halter qui, en 2008, en fait un roman très remarqué, roman que Jean-Marie Michaud adapte superbement en bande dessinée…
Lire la suite...Saba, l’éternelle légende…
S’il est un nom de reine qui fait rêver, c’est bien celui de Saba : un nom associé à des contrées lointaines et à des temps immémoriaux. Les textes religieux (Bible, évangiles et Coran) l’ont évoquée et, depuis, bien des auteurs se sont accaparé cette histoire, ces légendes. Le dernier en date est Marek Halter qui, en 2008, en fait un roman très remarqué, roman que Jean-Marie Michaud adapte superbement en bande dessinée…
C’était il y a 3 000 ans. Elle s’appelait Makéda et les adjectifs sont nombreux pour la décrire : elle était noire, belle, riche, cultivée, intelligente, guerrière, et, dit-on, « imposa la paix, neuf siècles avant notre ère, sur le fabuleux royaume de Saba, pays d’or et d’encens ». Mais sa plus belle victoire, semble-t-il, c’est d’avoir défié le roi Salomon, roi de Juda et d’Israël, par un jeu d’énigmes (pour tester son intelligence) et de lui avoir donné un fils, Ménélik, né après son retour à Saba et premier d’une longue lignée de rois africains, des empereurs d’Éthiopie jusqu’à Hailé Sélassié.
Elle fut aussi une étonnante voyageuse, puisqu’elle quitta son royaume d’Abyssinie pour rejoindre Jérusalem et y rencontrer le Roi d’Israël. Il semble, en effet, qu’une huppe douée de parole avait été envoyée par le souverain d’Israël pour convertir au monothéisme cette reine païenne. C’est d’ailleurs avec cette belle huppe que commence le récit de Jean-Marie Michaud.
Le « pays de Saba » représenté par le dessinateur s’inspire amplement des constructions du Yémen, puisque que le royaume d’Abyssinie s’étendait du nord de l’Éthiopie, en Érythrée et jusqu’au Yémen actuel. Les décors mis en scène par le dessinateur sont d’une beauté incroyable : hautes façades terreuses, terrasses à créneaux, fenêtres bordées de blanc, frises à la chaux blanche, telles que tout cela existe encore à Sanaa et dans le reste du pays.
Sur près de 270 pages, Jean-Marie Michaud et son épouse (Sophie Michaud, graphiste et coloriste) déploient un talent incroyable pour représenter ces mondes exotiques et pittoresques, quel que soit d’ailleurs le sujet : femmes savamment maquillées, faune sauvage, déserts inhospitaliers… sans jamais jouer l’économie graphique. L’inventivité est également présente dans la mise en page. Bref, le spectacle est partout, tout le temps.
Côté lecture proprement dite, c’est très riche, très dense : on ne lit pas un tel album distraitement. À noter que Jean-Marie Michaud, passionné par ces récits épiques et légendaires, a notamment adapté, en 2019 chez le même éditeur, le « Mahabharata » de Jean-Claude Carrière : une épopée indienne et romanesque également haute en couleurs.
Didier QUELLA-GUYOT
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« La Reine de Saba » par Jean-Marie Michaud et Marek Halter
Éditions Hozhoni (32 €) – 9782372410823
Parution 10 octobre 2024