Charlotte mensuel n° 1 : Charlie mensuel renaît de ses cendres !

Après avoir redonné vie avec succès aux fameux Cahiers de la bande dessinée, Vincent Bernière ressuscite un autre mythe des années 1970 (quand triomphait la bande dessinée adulte) : Charlie mensuel. Le nouveau bébé ne manque pas de gueule avec ses 150 pages de BD décalées et son dos carré, comparé au mensuel des éditions du Square fait de bric et de broc — avec l’enthousiasme de l’époque — par les promoteurs de l’humour bête et méchant du Professeur Choron.

« The Peanuts » de Charles M. Schulz.

Tout comme Charlie Brown, Charlotte a vraiment existé : c’est aussi dans les fameux « Peanuts » de Charles M. Schulz qu’on la rencontre. Existence éphémère, en 1955, le temps de dix strips traduits dans ce premier numéro. Le dessinateur tuera — d’un coup de hache — la trop bavarde Charlotte Brown le 5 janvier 1955, après avoir consulté les lecteurs via un référendum.

Chris Ware.

« Snake » de Jordi Bernet et Enrique Sánchez Abuli.

Sous une couverture inédite de Chris Ware, ce premier numéro de Charlotte réunit une vingtaine de dessinateurs, pour la plupart issus de la génération « romans graphiques».

Bien que le magazine se proclame celui « de toutes les BD », le lecteur pointilleux cherchera longtemps les pages dédiées aux dessinateurs classiques.

Exceptées trois pages de Georges Pichard cuvée 1982 et une reprise d’un épisode du western érotique « Snake » de Jordi Bernet et Enrique Sánchez Abuli, réalisé pour L’Écho des savanes version Albin Michel en 1998, juste avant d’arrêter leur célèbre « Torpedo » (1).

Bandes dessinées de création, rééditions et traductions composent un sommaire où les récits complets destinés à rester inédits dominent.

Quelques signatures fameuses du roman graphique (Michaël Sanlaville, Bastien Vivès, Florent Ruppert, Winshluss, Morgan Navarro, Pierre Van Hove, Maadiar …) entourent une copieuse équipe d’auteurs étrangers, de diverses origines.

Morgan Navarro.

Chris Ware, Andrea Pazienza, Joe Matt, Noah Van Sciver, Seosie, Berliac, Michiyo Matsumoto… proposent quelques inédits, mais surtout des traductions d’histoires anciennes. À noter : une planche de Florence Cestac, et une autre de Louis Paillard, dont le héros est Michel Houellebecq. Un cahier de douze pages dédiées au rédactionnel présente les passions — parfois curieuses — des rédacteurs : Bernard Joubert, Axelle Le Dauphin, Laurent Lefebvre, Vincent Bernière, Lionel Garcia, Hervé Di Rosa, Nicolas Tellop, Vladimir Lecointre, Yves Frémion…

Andrea Pazienza.

Gérard Lauzier, Johnny Ryan, Glen Baxter… seront aux sommaires des prochains numéros et la présence d’« Hägar Dünor » y est également annoncée. Dix numéros par an, dont deux doubles, sont prévus par l’éditeur Les Bons Pères de famille.

Pierre Van Hove.

Financé par un millier de contributeurs du site Kickstarter, ce premier numéro de 180 pages ne manque pas d’atouts pour intéresser un nouveau lectorat ayant découvert la bande dessinée par le biais des romans graphiques. Une formule plus proche de celle du Charlie mensuel des éditions du Square — lancée en février 1969 — que de celle du Charlie relancé par Dargaud en 1982. Les lecteurs qui apprécient « Blake et Mortimer », « Alix », « Thorgal », « Les Tuniques bleues »… et autres classiques du neuvième art peuvent passer leur chemin. À moins d’être curieux et de profiter de l’occasion pour découvrir les nouvelles tendances d’une bande dessinée aux multiples facettes.

L'une des rubriques de Charlotte mensuel.

Vincent Bernière.

Vincent Bernière, né en 1969, se passionne depuis toujours pour la bande dessinée. Journaliste à Beaux Arts magazine,il réalise plusieurs numéros hors-série de cette revue aux thèmes divers : « Uderzo », « Le Secret de la potion magique », « Sexe et BD », « Les Secrets du créateur de Tintin », « La Bande dessinée de science-fiction »… Après avoir créé les éditions Revival, il reprend avec succès en 2017 les Cahiers de la bande dessinée, tout en concevant la nouvelle formule de Métal hurlant (désormais revenu dans le giron des Humanoïdes associés). On lui doit aussi la création de la collection Outsider aux éditions Delcourt.

Notons qu’en parallèle, sous la marque Charlotte éditions, l’éditeur proposera deux premiers albums en noir et blanc le 16 octobre prochain : « Les Derniers Jours de Pompeo » de l’Italien Andrea Pazienza (124 pages, 12,90 €) et « La Vérité sur l’affaire Vivès » par Bastien Vivès lui-même (142 pages, 13,90 €).

Bonne chance et longue vie à Charlotte mensuel !

Henri FILIPPINI

(1) Voir sur BDzoom.comJordi Bernet : l’international !.

Charlotte mensuel n° 1 (26 septembre)

180 pages en couleurs et en noir et blanc (13,90 €)

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