Des femmes blanches offertes aux Cheyennes…

En 1998, l’écrivain Jim Fergus (né de mère française et de père américain) lance une série de romans intitulée « Mille Femmes blanches » créée sur la base d’une anecdote : en 1874, le chef indien Little Wolf aurait demandé au président Grant mille femmes blanches pour les marier à mille de ses guerriers cheyennes et favoriser ainsi l’intégration de son peuple dans la civilisation blanche…

Anecdote, car rien ne prouve que cela fut le cas, mais Jim Fergus en tira un pitch spectaculaire. Ce sont en effet des femmes de milieux très divers qui auraient accepté le marché : des prisonnières et des aliénées, mais aussi des femmes endettées ou terriblement seules. Une centaine, semble-t-il, dont May Dodd. Sa famille l’a faite internée dans un institut spécialisé dans les troubles psychologiques : bref, un asile psychiatrique. May n’est pourtant pas folle, mais elle a épousé un homme déconsidéré par ses parents et, malgré ses deux enfants, ils la font séquestrer !

Ce premier album évoque la vie de femme cloitrée, malmenée, violentée, pendant deux années et qui n’a plus qu’une seule idée en tête : sortir de sa prison, de son enfer. La proposition d’y échapper en acceptant une vie indienne est une planche de salut. La seule !  On la découvre ainsi partant en train avec de d’autres passagères originaires de la région de Chicago, surveillées par des militaires.

La route est longue pour ces femmes. May Dodd prend des notes, écrit peu à peu son journal intime, celui d’une femme courageuse, lucide, déterminée. Un train « en route pour la gloire » ? Rien n’est moins sûr ! Via Fort Laramie puis Fort Sidney, dans le Nebraska, les femmes échangent, se découvrent, se font des illusions, se créent des espoirs, selon les tempéraments. Certaines abandonneront.

Ce premier volet s’arrête avant la rencontre avec les Indiens dont on sait, par le roman, qu’elles prendront conscience de leurs rites, de leurs drames, des violences tribales autant que de leur résistance face à la colonisation blanche dont elles sont un des rouages puisqu’elles doivent épouser des Cheyennes et leur offrir des enfants. La dessinatrice Anaïs Bernabé et le coloriste Hugo Poupelin réalisent là un travail de belle tenue, chaleureux et prenant, dont on attend la suite avec intérêt.

Didier QUELLA-GUYOT

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« Mille Femmes blanches T1 : Un train pour la gloire » par Anaïs Bernabé et Lylian

Éditions Dargaud (14, 50 €) – EAN : 9782505113171

Parution 6 septembre 2024

 

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