Vivant depuis 25 ans avec Tanie — qui est aveugle d’un œil et qui, en conséquence, doit se démener tous les jours pour s’adapter de son mieux aux charges du quotidien —, le dessinateur et scénariste Marc Cuadrado a repris ses crayons pour nous expliquer comment sa courageuse femme fait face à sa déficience visuelle. Pour l’occasion, cet adepte du style gros nez — « Norma » chez Casterman et « Parker & Badger » chez Dupuis ou « Je veux une Harley » pour Frank Margerin chez Fluide glacial et Dargaud (1) — renoue avec la discipline graphique qu’il avait abandonnée depuis une dizaine d’années : passant à autre trait, plus semi-réaliste, où sa plume se fait alors tendre et émouvante… même s’il insuffle toujours sa lumineuse touche d’humour personnelle !
Lire la suite...L’essence d’une bonne histoire, avec Bruno Bazile !

Elle s’appelle Louison : Louison Bobard. Évidemment, c’est un pseudo, ce que découvre son collègue journaliste : Yves-Portat Remington. Lui, ce n’est pas un pseudo ! Tous les deux sont les héros de la nouvelle série concoctée par Bruno Bazile, et ça démarre au printemps 1967, sur les chapeaux de roue, et même, « à tombeau ouvert »…
Ce jour-là, Yves-Portat Remington enterre en effet Jean-Pascal : son chien bien-aimé. Il en est si terriblement affecté que son journal le dessaisit de la « Page Canine » qu’il animait, pour lui confier la rubrique mécanique pour laquelle l’intéressé reconnait… ne pas être intéressé du tout ! S’il apprécie les modèles anglais, il ignore tout des tout-terrains qu’on lui demande de commenter !
Et, pire, il va devoir cohabiter dans le bureau de Louison : une fan de cyclisme ! Autant dire que ça ne démarre pas vraiment sur les chapeaux de roue. Yves-Portat est, à la fois, démonté et très remonté ! Devoir se « trimbaler ce gros boulet de Louison Bobard : charmant ! » Et, quelque part, le gros boulet, c’est plutôt lui, pour Louison ; laquelle est collectionneuse des petits cadeaux offerts par les stations-services. C’est très à la mode dans les années 1960 /1970 !
C’est alors qu’apparaissent, un peu partout en ville, par voie d’affichage, de mystérieux ronds rouges. Alors qu’Yves-Portat est à la recherche du véhicule qui a buté son chien, Louison est plutôt à la recherche de porte-clefs et autres fantaisies « pétrolières », notamment chez Calteix. Ils vont cependant tous les deux être invités par leur journal à enquêter sur ces étranges affiches qui annoncent que : « Les ronds rouges arrivent à grands pas. »
Bruno Bazile est un passionné de l’œuvre de Tillieux : il lui a consacré un « M’sieur Maurice et la Dauphine jaune » (Treize Étrange, 2013) où chaque histoire s’inspirant de la vie de l’auteur tentait d’expliquer comment certaines histoires de la série « Gil Jourdan » lui étaient venues… On n’est donc pas étonné de retrouver des jeux de mots, des réparties mémorables et, surtout, cette ambiance années soixante, avec ces décors familiers des bords de route, ces véhicules d’un autre temps… Là encore, il faut redécouvrir les histoires de voiture populaires racontées par Dugomier et dessinées par Bazile dans les deux tomes publiés du « Garage de Paris » (chez Glénat en 2014 et 2016).
Il faut se rappeler aussi que l’auteur, dans son « Hoedic » (voir notre chronique ici-même), on retrouve certes les années soixante-dix, mais surtout les années du choc pétrolier et celles des plages souillées par ce même pétrole. Avoir un père qui travaillait à la raffinerie, ça laisse des traces et des thèmes… Et des ronds rouges !
Didier QUELLA-GUYOT
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« Une histoire vécue par Louison Bobard T1 : Ronds rouges ! » par Bruno Bazile
Éditions du Tiroir (15 €) – EAN : 97822931251126
Parution 4 avril 2024