Dix ans après la parution de « Résurrection », la première partie d’un diptyque accouché dans la douleur, voici enfin « Révélations » : conclusion du dernier récit du regretté Philippe Tome, décédé alors qu’il travaillait sur les dernières pages de son scénario. Les éditions Dupuis proposent, enfin, l’intégralité de cette aventure magistralement dessinée par Dan Verlinden, digne successeur de ses deux prédécesseurs : Luc Warnant et Bruno Gazzotti.
Lire la suite...« Mon infractus (quand j’étais D.J.) » : un récit qui ne manque pas de cœur…
Il y a presque deux ans, Hervé Bourhis fut victime d’un infarctus à son domicile. Dans les premières réactions bienveillantes de son entourage, revenait souvent le fait qu’il tenait là le sujet de son prochain album. Mais, ne voyant pas l’intérêt de produire un nouvel ouvrage du type « Ma maladie et moi », Hervé Bourhis se sert de cet accident pour aborder, sous un nouvel angle, l’un de ses sujets de prédilection : la musique (1). Le mix de ces deux thématiques produit un témoignage sincère et touchant, paru chez Glénat dans la collection 1000 Feuilles.
Durant les premières pages de l’album, Hervé Bourhis parle de son infarctus et de sa période de convalescence, donnant au passage l’explication du choix du terme « infractus » utilisé dans le titre, ainsi que les raisons de la direction (musicale…) prise pour conduire un album de bande dessinée.
Hervé Bourhis lance alors ses souvenirs musicaux, en commençant par sa prime enfance à Tours, avec ses deux premiers 45 tours : « Voulez-vous danser grand-mère » et « Y.M.C.A. », respectivement interprétés par Chantal Goya et le groupe Village People, puis en continuant avec la découverte de « Dig Your Own Hole » des Chemicals Brothers, qu’il imposait lors de ses soirées étudiantes, virées parisiennes pour trouver des pépites drum’n’bass, rencontres avec d’autres passionnés et débuts de D.J.
Par la suite, installé à Bordeaux, Hervé Bourhis est invité par le festival littéraire L’Escale du livre à des battles opposant des équipes composées de disquaires bordelais et de dessinateurs et dessinatrices. Peu de temps après ces premières performances collectives, Hervé Bourhis est convié pour sa première soirée en solo par les propriétaires d’un célèbre bar bordelais : le Wunderbar. Peu à peu, il en vient à animer des soirées à la librairie BD Fugue Café, puis des salons littéraires ou de bandes dessinées, et des festivals musicaux, à travers la France.
Hervé Bourhis participe aussi à de nombreux mix dessinés : le principe étant d’illustrer sur grand écran l’univers musical généré par un D.J. mixant sur scène. Il nous raconte ces moments de partage, d’apprentissage avec les grands D.J. que sont Laurent Laffargue ou Rubin Steiner : ce dernier, qui signe la préface, étant une connaissance d’Hervé Bourhis au lycée à Tours. C’est au fil des platines qu’ils lieront amitié, tout comme avec Martial Stolis, le disquaire du magasin bordelais Total Heaven, compagnon de D.J. sets débridés (il signe la postface).
Au cours de ce récit, revient ponctuellement l’autre « cœur » de l’album : l’infarctus qu’Hervé Bourhis a subi. Il lui permet de revenir sur sa vie, son travail — et les tensions qu’il impose —, les séquelles de son attaque ou ses échanges avec le monde médical.
Le récit se mélange — comme souvent dans le travail d’Hervé Bourhis — avec des anecdotes informatives : par exemple au sujet de Boris Vian, René Goscinny et d’autres célébrités, des souvenirs de rencontres et des ponctuations graphiques constituées de pochettes de disque autour du cœur.
Il s’échappe de la lecture de « Mon infractus (quand j’étais D.J.) » un sentiment d’urgence sereine, qu’Hervé Bourhis nous fait partager tout au long d’un récit virevoltant d’histoires personnelles et d’anecdotes. La nécessité de raconter cet infarctus exsude de la multiplicité graphique et de l’alternance de différentes mises en page dont Hervé Bourhis use : comme une sorte d’emballement enthousiaste face à un nouveau chapitre de sa vie.
Brigh BARBER
(1) Vous pouvez retrouver nos chroniques sur quelques albums musicaux écrits et/ou mis en images par Hervé Bourhis ici : « Le Petit Livre French Pop » dessiné par Hervé Tanquerelle, « Le Petit Livre Black Music » illustré par Brüno, un livre sur le Heavy Metal dans la collection La Petite Bédéthèque des savoirs écrit par Jacques de Pierpont ou encore « Piscine Molitor » dessiné par Christian Cailleaux …
« Mon infractus (quand j’étais D.J.) » par Hervé Bourhis
Éditions Glénat (20 €) — ISBN : 9-782-3440-5968-5
Parution le 3 avril