Les amateurs de son œuvre le savent bien : Jacques Tardi est un boulimique de travail qui dessine matin, midi et soir. Or, « Dessins matin, midi et soir », c’est le titre d’un beau petit recueil édité par Oblique Art (structure dirigée par Pierre-Marie Jamet) qui nous propose pas moins de 160 pages rassemblant des illustrations réalisées par le créateur d’« Adèle Blanc-Sec », sélectionnées dans les nombreux carnets qu’il a noircis (voire mis en couleurs) tout au long de sa remarquable carrière d’auteur du 9e art : croquis, études de personnages… et même courtes bandes dessinées iconoclastes inédites.
Lire la suite...Au Soudan avec Jean-Denis Pendanx…
En 2016, sur invitation de l’UNICEF, Jean-Denis Pendanx séjourne une quinzaine de jours au sud du Soudan, dans le camp des « déplacés » de Bentiu pour y animer des ateliers graphiques. Ce camp rassemble des populations que la guerre civile a obligé à se déplacer pour survivre, soit près de 130 000 personnes. Parmi elles, une famille retrouve sa petite fille de 6 ans, Nialony pour laquelle les déboires ne sont pas terminés…
Le Soudan a été longtemps en guerre, mais, en 2011, le Soudan du Sud acquière son indépendance. C’était trop bien, sans doute ! Alors, en 2013, le président en exercice et son ancien vice-président ne trouvent rien de mieux que de s’affronter et de relancer la guerre : une guerre civile, fratricide, folle par définition, qui oppose – à travers ces deux individus deux ethnies – les Dinka et les Nuer. Depuis 2018, une trêve s’est heureusement installée…
Ce genre de conflit affole les populations, disperse les familles et des enfants se retrouvent séparés de leurs parents. C’est le cas de Nialony qui finit par les retrouver, notamment son frère, Georges, nettement plus vieux qu’elle. Ce dernier fait découvrir le camp à sa petite sœur : un camp où l’on manque de tout et où il faut encore se battre pour s’en sortir. Georges a heureusement pour lui des talents artistiques.
Georges et Nialony ont bel et bien existé. Jean-Denis Pendanx les a bien connus et en a fait des frère et sœur dans son récit. L’auteur sait comme nul autre faire partager les émotions de ces personnages, notamment Nialony qui dialogue avec ce grand oiseau mythique : le marabout. Si la beauté des paysages est indéniable, l’auteur n’élude pas les difficultés de la vie quotidienne dans un camp immense où l’eau notamment est un problème !
Pendanx évoque aussi l’assaut de groupes armés qui viennent la nuit kidnapper dans le camp des gamins, pour en faire des enfants soldats et le sort dramatique ainsi réservé aux deux personnages… Nul besoin d’en dire davantage pour affirmer l’excellence du travail, la sincérité du propos et l’humanisme des enjeux (par exemple, les 0,80 € du prix de chaque album reversé à l’UNICEF). À noter en fin d’album, un cahier graphique, photographique et documentaire signé Perrine Corcuff : responsable de la protection de l’enfance pour le bureau UNICEF au Soudan du Sud.
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« L’Å’il du marabout » par Jean-Denis Pendanx
Éditions Maghen (26 €) – EAN : 9782356741530
Parution 7 février /2024