Dix ans après la parution de « Résurrection », la première partie d’un diptyque accouché dans la douleur, voici enfin « Révélations » : conclusion du dernier récit du regretté Philippe Tome, décédé alors qu’il travaillait sur les dernières pages de son scénario. Les éditions Dupuis proposent, enfin, l’intégralité de cette aventure magistralement dessinée par Dan Verlinden, digne successeur de ses deux prédécesseurs : Luc Warnant et Bruno Gazzotti.
Lire la suite...En route pour la découverte de Pétra !
Sous ce titre alléchant se cache l’histoire qui ne l’est pas moins de « Johann Ludwig Burckhardt et Pétra, la cité perdue » : comme le précise le sous-titre. Pourtant, la célèbre ville nabatéenne qu’il découvre en août 1812, ne représente que quelques pages de l’album ; lequel évoque bien d’autres aventures de ce mémorable aventurier suisse, dessinées excellemment par Alexis Vitrebert.
Tout commence pour le jeune Johann Ludwig Burckhardt, à Londres, où il fait des études, mais crève la faim et se morfond. Il lui faut absolument trouver de quoi vivre, d’autant que ses parents le laissent sans nouvelles et, surtout, sans ressources. Or, à cette époque, les Anglais rêvent de pénétrer plus avant le continent africain, mais c’est dangereux, souvent mortel. Qu’importe ! C’est bien payé, alors Johann Ludwig va se lancer.
En 1809, le voilà à bord d’un bateau qui le mène à Malte, puis à Chypre, direction Alep, en Syrie. C’est le début d’un très long périple. Le jeune Suisse, devenu agent britannique en Orient, fait tout pour observer, s’intégrer, apprendre les langues et il y parvient. Il est doué, courageux, têtu. Bref, il a toutes les qualités pour aller de l’avant et affronter toutes sortes de dangers : ce qu’il raconte au fil de ses pérégrinations, par courrier à Hamilton et Banks qui attendent ses rapports.
Il endosse toutes sortes d’habits, tantôt marchand indien musulman, tantôt bédouin misérable, tantôt explorateur aguerri… : rien ne l’arrête ! Les mois passent, les années, même, et Johann Ludwig continue. Bientôt Damas, puis L’Égypte. Johann Ludwig s’impatiente : il rêve et repart. Mais il doit supporter des guides, quelquefois rétifs, mais plutôt réalistes face aux dangers encourus.
En août 1812, Johann Ludwig est enfin face à l’antique Petra « disparue de la mémoire des hommes depuis les croisades », visite cependant écourtée, après quelques relevés typographiques, car Johann Ludwig fatigue, se blesse et arrive au Caire mal en point ; le temps de se retaper et d’aller sans plus attendre découvrir les temples d’Abu Simbel. En janvier 1814, il est encore plus au sud : Djeddah, puis La Mecque où il est tout simplement le premier Européen à se rendre…
Ce biopic parfaitement mené pourrait n’intéresser que les amateurs de recherches archéologiques ou d’aventuriers increvables, mais il éblouira tous les lecteurs par la beauté du travail signé Alexis Vitrebert, dont ce n’est que le deuxième album. Alexis Vitrebert réalise ici « découpage, mise en scène, dessin et couleur », et sur 150 pages ! Les personnages ont quelque chose de caricatural et d’attachant, là où les décors sont carrément époustouflants. On s’attarde volontiers sur les déserts, les paysages, les ruines ou les villes que les couleurs d’Alexis Vitrebert habillent et éclairent si joliment.
Quand le plaisir de l’aventure se double du plaisir des yeux, il n’y qu’une chose à faire : s’empresser de se laisser partir et porter… d’autant qu’il est bon de souligner que le scénario de Danièle Masse est parfaitement documenté : ce qui ne gâte rien.
Didier QUELLA-GUYOT
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« L’Espion d’Orient » par Alexis Vitrebert et Daniele Masse
Éditions Delcourt (19, 99 €) – EAN : 97822413038207
Parution 17 janvier 2024
Si en effet le graphisme et les couleurs d’Alexis Vitrebert sont tout à fait excellent.es, vous auriez pu citer également me citer en tant que scénariste et initiatrice de cet album.
Cordialement
Danièle Masse
J’ai rajouté un commentaire en ce sens en fin de chronique.