Une intégrale émouvante : « Les Yeux verts » d’Hubert et Zanzim…

Il y a un peu plus de 20 ans, les éditions Carabas donnaient leur chance à deux jeunes auteurs avec « La Politesse des monstres » : premier tome de la série « Les Yeux verts », écrite par Hubert et dessinée par Zanzim. Pour ce dernier, il s’agissait d’un premier album, et du second pour Hubert, lequel avait déjà scénarisé « Joachim Overbeck » : le premier tome de la série « Le Legs de l’alchimiste ». Deux ans après, le talentueux duo revenait pour « Capitale des enfers » ; un troisième tome fut initié, mais le projet tourna court. C’est maintenant aux éditions Glénat de nous offrir la reprise de ces deux tomes, accompagnée du travail préparatoire de cette mythique troisième partie.

 « La Politesse des monstres » commence à Londres en 1793 au sein de la noblesse exilée contre-révolutionnaire. Le cardinal de Blèze et la baronne de Morrengie recrutent le jeune vicomte Narcisse de Rougemont : il est choisi — en raison de son esprit rationnel et éclairé — pour une mission dangereuse dans cette France en pleine effervescence politique. Narcisse de Rougemont doit ramener en Angleterre le père Anselme : un prêtre réfractaire censé posséder de mystérieux et puissants Yeux verts.

Malheureusement, le père Anselme ne possède pas le mystérieux artefact magique. Dénoncé à la police, le prêtre est abattu et, pendant l’altercation, Narcisse s’enfuit et se réfugie dans un château délabré. Il y est reçu par une accueillante créature mi-lionne mi-femme, au regard émeraude. L’ambiance change radicalement lorsque Narcisse découvre une harpie aveugle, sœur de son hôtesse. Les deux créatures s’échangent à tour de rôle les globes oculaires qui s’avèrent être les fameux Yeux verts. Le jeune vicomte est rendu aveugle lors d’une énième rixe entre les deux chimères, mais — les sœurs s’étant entretuées — Narcisse s’approprie les yeux magiques. S’il retrouve la vue et le chemin de Londres, Narcisse acquiert aussi d’intrigants pouvoirs.

C’est un cauchemar, réveillant Narcisse, qui lance l’intrigue de « Capitale des enfers ». Impliquant sa mère, ce mauvais rêve s’avère prémonitoire puisqu’il reçoit peu de temps après une missive l’informant que Madame de Rougemont — arrêtée — est détenue à la Conciergerie dans l’attente d’un procès. Narcisse part aussitôt pour la France, où il va tenter de la sauver avec l’aide d’un ancien professeur devenu un ami.

Cette expédition française est suivie de près par un curieux personnage nommé Mister Smith — un yorkshire parlant ! —, comparse de la baronne de Morrengie et du cardinal de Blèze : lequels ne désespèrent toujours pas de s’approprier les Yeux verts.

Plongés en pleine Terreur, nous croiserons Fouché et Robespierre, mais aussi de nouvelles créatures comme des goules parisiennes, plutôt heureuses du contexte répressif, et un curieux individu immortel ayant déjà rencontré les pouvoirs des Yeux verts et à même d’aider Narcisse à les maîtriser.

Mister Smith.

« Complots et Maléfices » fut un des titres de travail envisagés pour le troisième album de la série. C’est celui qui a été ici gardé pour présenter les différents éléments produits avant l’abandon de ce projet. En plus de recherches graphiques de Zanzim, ce dossier présente les 14 planches finalisées par celui-ci, planches entièrement réalisées à la peinture, comme l’intégralité des deux albums précédents. La suite de l’histoire est présentée au travers du travail d’Hubert : sous la forme du scénario story-boardé, puis de sa version écrite. Nous retrouvons dans cette partie d’anciennes connaissances de Narcisse de Rougemont et découvrons les motivations du groupuscule l’ayant manipulé depuis le début de ces péripéties.

Story-board par Hubert.

« Les Yeux verts » est l’élément fondateur du fructueux compagnonnage d’Hubert et Zanzim : « Ma Vie posthume » (1), « La Sirène des pompiers » et « Peau d’homme » (2). Il est intéressant de découvrir ou de redécouvrir les débuts de ces deux auteurs. L’émotion est intacte à la lecture de cette série, et elle est plus forte encore avec l’ajout de cette troisième partie concluant « Les Yeux verts ». La présente édition a aussi la particularité d’être imprimée sur un papier mat qui apporte une nouvelle dimension aux planches de Zanzim. Ce choix de papier — ainsi qu’un dos toilé — donne à ce livre un côté précieux, comme si nous avions entre les mains un ouvrage ancien, contemporain de son histoire : un écrin digne de cette histoire fantastique.

Crayonnés de l’intégrale Glénat et des couvertures pour Carabas par Zanzim.

Brigh BARBER

(1) Voir : « Ma vie posthume » T1 (« Ne m’enterrez pas trop vite ») par Zanzim et Hubert.
(2) Voir : La quête folle et ardente de l’amour, sans contrefaçon, dans l’ultime scénario
d’Hubert…
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« Les Yeux verts » par Zanzim et Hubert

Éditions Glénat (20,00 €) — EAN : 978-2-344-05814-5

Parution le 25 octobre

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