« U.C.C. Dolorès : les Sables de Tishala » : un monde en fin de vie…

Quel plaisir de retrouver la rousse et pétillante Mony — jeune none parcourant l’espace et devenue l’héritière d’un étonnant vaisseau spatial : l’U.C.C. Dolorès. Avec ce cinquième album réalisé en solo, mais avec la complicité de son épouse Lyse, Didier Tarquin s’impose comme un auteur talentueux à part entière dans le domaine déjà bien encombré de l’heroic fantasy. Inutile de mentionner en couverture au lecteur qu’il s’agit du dessinateur de « Lanfeust de Troy ». Didier Tarquin est, désormais, assez grand pour voler de ses propres ailes.

Quelques années ont passé depuis leurs aventures précédentes. Mony, sa fille Lune et l’aventurier Shaël sont coincés depuis de longs mois sur la planète Tishla : la quatrième du système Dögö. Jadis baptisée Tishla la Verte, elle est devenue un monde à l’agonie, rongé par la pollution, victime des forages de la puissante Ligue des marchands. Un monde invivable où règnent les vents de sable et les pluies acides. Pour que l’U.C.C. Dolorès, dévorée par la corrosion, puisse reprendre l’air, il leur faudrait un million de dolbars qu’ils ne possèdent pas. Mony compte utiliser ses talents de tireuse d’élite pour obtenir cette fortune en monnaie minérale. Elle loue ses services au capitaine Sharkis (un redoutable mercenaire), rejoint par les frères Louguy de Bastanar, les sans-visages d’Estellos et les mercenaires de Century. Cette troupe aux instincts sauvages se lance dans une dangereuse partie de chasse au-delà des territoires interdits. Ils affronteront — parmi bien d’autres dangers — la bande des invisibles et les Örkös : baptisés les racleurs de carcasses.

Là où seuls les plus résistants survivent, Mony est avant tout une mère qui lutte pour sauver sa fille à la santé fragile.

Premier volet d’un diptyque qui s’annonce prometteur, cet album de 64 pages est riche en créatures inquiétantes, en décors insolites sortis de l’imagination d’un dessinateur au meilleur de son art.

À l’aventure pure s’ajoute un vibrant plaidoyer contre les ravages de la pollution. Découvert avec « Lanfeust des étoiles » — dont le succès doit beaucoup à son dessin —, Didier Tarquin fait preuve d’une imagination débordante,tout au long d’un scénario haletant, conçu avec le concours de son épouse.

On attend avec impatience « Les Yeux du sans-peur » : second volet de ce récit.

Né en 1967 à Toulon, Didier Tarquin est habité très jeune par une passion pour le dessin. Il débute sa carrière en 1990 chez Soleil — au sein du Gottferdom studio —, après avoir étudié le dessin aux Arts plastiques d’Aix-en-Provence. Il dessine « Les Maléfices d’Orient » (avec Mourad : un prénom dissimulant un certain Boudjellal) en 1990,puis « Röq » (deux tomes avec Béatrice Avossa), avant de lancer « Lanfeust de Troy » avec Christophe Arleston dès 1994. Scénariste, il écrit « Les Ailes du Phaéton » pour Serge Fino (les trois premiers tomes de la série), « Krashmonsters » pour Adrien Floc’h en 2002, « S.P.E.E.D. Angels » pour Tony Valente (deux tomes)…

Lyse Tarquin commence sa carrière en réalisant des couleurs pour Lanfeust mag, puis celles de divers ouvrages dont « L’Encyclopédie anarchique du monde de Troy » en 1999. Elle fonde avec Didier Tarquin le studio Crazytoons qui réalise les couleurs pour « Gnomes de Troy », « Lanfeust Odyssey », « Nocturnes rouges » (le premier tome), « Paradis perdu », « Ythaq »… Aujourd’hui, elle participe au scénario et à la mise en couleurs d’« U.C.C. Dolorès ».

Henri FILIPPINI

« U.C.C. Dolorès T5 : Les Sables de Tishala » par Lyse et Didier Tarquin

Éditions Glénat (15,95 €) — EAN : 978-2-3440-5573-1

Parution 4 octobre 2023

Galerie