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Chez Glénat, l’effroi vient bien du Nord !

29/09/2023
Par Gilles Ratier

Depuis sa création, en 1969, les éditions grenobloises de Jacques Glénat alimentent notamment leur catalogue avec des productions dites « populaires », explorant souvent les bandes dessinées étrangères en noir et blanc, alors dédaignées par la concurrence (on pense par exemple aux mangas qu’elles furent parmi les premières à importer en langue française ou encore, hélas avec moins de succès, aux fumetti de leur collègue italien Sergio Bonelli). Aujourd’hui, elles s’intéressent à certains ouvrages scandinaves flirtant avec l’horreur, qui n’ont de nom de romans graphiques que par leur présentation classieuse en albums cartonnés et leur pagination importante. Il ne s’agit pas vraiment d’une collection, mais de titres épars donnant des frissons, en surfant sur des thèmes tels que l’aventure mythologique ou le polar historique, et qui s’apparentent clairement à une littérature appréciée d’un large public. Deux d’entre eux sortent en même temps ces jours-ci… et ils méritent d’attiser votre curiosité : « Alva dans la nuit » et « Meschugge : le labyrinthe du fou »…

Le premier, dû au scénariste danois Aksel Studsgarth (qui est aussi animateur dans le secteur cinématographique) et au dessinateur suédois Daniel Hansen (storyboarder, il travaille désormais à Dubaï comme directeur artistique pour des films produits à Bollywood), mêle avec habilité fantasy, contes nordiques et suspense, dans un thriller fantastique se déroulant à notre époque : et, c’est un exploit, les nombreuses et convaincantes situations horrifiques sont tout à fait cohérentes avec l’intrigue.Orpheline, Alva vit en marge de la société dans les faubourgs d’une ville scandinave où elle commet divers petits cambriolages, avec ses associés Morten et Mini, se servant de ses talents de grimpeuse pour pénétrer par effraction dans les domiciles visés. Un jour, à l’occasion de l’un de ces casses, elle libère par mégarde une sorcière géante cracheuse d’or. Cette dernière tue le propriétaire des lieux qui la retenait captive, ainsi que l’un des compagnons d’Alva que la nécromancienne épargne, ayant reconnu en elle une parenté ancestrale…

Le second est signé Benni Bødker, pour le scénario : l’un des principaux auteurs danois de roman d’horreur pour adolescents, responsable de plus de 100 livres qui croulent sous les récompenses et les traductions.

Quant au dessinateur, Christian Højgaard (qui a travaillé sur les comics US du label Vertigo comme « Starman » ou « The House of Secrets »), il n’est pas inconnu du public francophone.

En effet, il a mis en images les deux premiers tomes de la série « La Meute de l’enfer » scénarisée par Philippe Thirault, à partir de 2010.

Dans la lignée de « Jack l’Éventreur » ou de « L’Aliéniste », ce saisissant polar scandinave nous plonge au cœur d’un ghetto où, en 1905, la misère côtoie le crime pour mieux brouiller les pistes d’un prédateur dont les visions de cauchemar sont annonciatrices des terribles événements à venir.

Une série de meurtres de prostituées ont eu lieu et une jeune dactylo d’origine juive est recrutée par la police pour les aider dans leur enquête… Ce fascinant portrait du Copenhague du début du XX^e siècle, mêlant intrigues politiques et marginalisation, est par ailleurs fort bient illustré : ce qui ne gâche rien !

En résumé, nous sommes donc impatients de lire les prochaines découvertes venues du froid (et donc de l’effroi) que nous concoctent les éditions Glénat.

Gilles RATIER