Dans le cinquième volume de ses aventures, « Le Grimoire d’Elfie T5 : Les Reflets de Walpurgis », la jeune Elfie découvre le marais poitevin (entre La Rochelle et Niort) et des festivités réservées aux magiciens et sorcières depuis le temps de la mystérieuse fée Mélusine. Une nouvelle enquête pour la jeune adolescente, avec l’apport non négligeable de son grimoire magique, à l’issue de laquelle elle en aura appris beaucoup sur les dangers contemporains qui guettent cette zone humide remarquable et sa propre famille.
Lire la suite...Une incroyable correspondance où Paul Cuvelier se mettait à nu…
En cette pléthorique rentrée éditoriale, du moins en ce qui concerne le 9e art, Les Impressions nouvelles proposent un indispensable ouvrage pour les amateurs des bandes dessinées franco-belges qui étaient autrefois publiées dans l’hebdomadaire Tintin, et notamment de celles réalisées par le si talentueux, mais tellement tourmenté, Paul Cuvelier. Avec la collaboration de Martine Mergeay, l’érudit tintinophile Philippe Goddin a choisi et commenté ici d’étonnantes missives et autres documents de l’illustrateur belge, créateur de la série « Corentin » (qui était déjà au sommaire du premier numéro du « journal pour les jeunes de 7 à 77 ans ») : un éclairage précieux qui porte un tout nouveau regard sur cet immense artiste…
Par exemple, la lettre de sa tante et marraine écrite en septembre 1978, à peine deux mois après le décès de son filleul (Paul Cuvelier n’avait que 54 ans), ou celle plus anecdotique d’Hergé découvrant seulement en 1972 son talent précoce (ses premiers dessins avaient été édités dans Le Petit Vingtième en 1930, alors qu’il n’avait pas encore sept ans) sont très intéressantes. Toutefois, c’est surtout sa longue et magnifique correspondance avec celle qui fut le grand amour de sa vie (une certaine Ta Huynh-Yen, femme brillante et audacieuse) qui nous permet d’entrevoir un aspect méconnu et fascinant de sa personnalité. Manifestement, Paul Cuvelier était un homme éperdu d’amour, qui cherchait désespérément à rassembler les pièces d’un puzzle imaginaire.
Troisième fils d’une famille bourgeoise et cultivée de sept enfants, Paul Cuvelier est né à Lens le 22 novembre 1923 et dessine, donc, depuis qu’il est tout petit. Après avoir terminé́ ses études au collège d’Enghien, il s’inscrit à l’Académie des beaux-arts de Mons, et fréquente l’atelier du peintre Louis Buisseret. Il n’y reste que quelques mois, ses professeurs faisant le constat qu’ils n’avaient rien à lui apprendre.
La rencontre de ce véritable prodige avec Hergé date de 1945, alors qu’il n’avait que 22 ans. Il lui présente un cahier d’aquarelle dont les scènes préfigurent son « Corentin ». Le créateur de « Tintin » l’encourage à s’essayer à la bande dessinée et lui confie le scénario d’une courte histoire qu’il avait imaginée avec Edgar P. Jacobs (« Tom Colby et le canyon mystérieux »), avec une première planche en guise de modèle. Le résultat ne sera édité́ qu’ultérieurement, mais ses dispositions affichées lui permettent d’intégrer l’équipe triée sur le volet qui va créer l’hebdomadaire du Lombard l’année suivante.
Outre « Corentin » qui y sera publié jusqu’en 1974, Cuvelier dessinera dans Tintin quelques récits complets et d’autres séries plus alimentaires dans les années soixante : « Flamme d’argent », « Line » (publiée au départ dans un autre magazine du Lombard qui portait le nom de cette héroïne) ou « Wapi ». On lui doit aussi une bande dessinée adulte fondée sur un scénario du tout jeune Jean Van Hamme, d’inspiration érotique, dans un cadre mythologique : « Epoxy » paraîtra au mois de mai 1968, chez l’éditeur Losfeld. Ce sera, pour ce grand dessinateur — qui a consacré sa vie à la quête d’un idéal de beauté́ —, l’occasion rêvée de célébrer la grâce et la sensualité́, ainsi que de concrétiser ses songes et ses hantises. (1)
Artiste au plein sens du terme, Paul Cuvelier le fut assurément, car il était toujours en perpétuelle recherche, réceptif à toute émotion. En conséquence, il était souvent tourmenté et plus insatisfait qu’heureux, mais c’était pour autant un créateur fécond et un inlassable chasseur de somptuosités. Et c’est ce qu’on ressent immédiatement à la lecture de ces lettres et aux notes complémentaires présentées dans ce formidable ouvrage embelli par de nombreuses illustrations inédites ou peu connues.
« Le Mystère Paul Cuvelier » est le troisième livre que Philippe Goddin, par ailleurs éminent spécialiste d’Hergé, consacre à Paul Cuvelier, après les remarquables « L’Aventure artistique » en 1981 et « Corentin et les chemins du merveilleux » en 1984. Son grand mérite est d’être parvenu, une fois de plus, à réconcilier ce qui fut toujours perçu par l’artiste lui-même comme inconciliable : l’art et la BD.
Gilles RATIER
(1) Voir : « Epoxy » de Paul Cuvelier et Jean Van Hamme.
« Le Mystère Paul Cuvelier » par Philippe Godin et Martine Mergeay
Éditions Les Impressions nouvelles (29 €) — EAN : 9 782 390 700 746
Parution 31 août 2023
J’ai bien fait de commander ce livre, il m’a l’air magnifique. J’avais peur que ce soit une réédition des précédents.
Merci pour cet article.
(J’ai gagné du galon)
Quel illustrateur que ce Cuvelier !
L’artiste qui a impressionné Hergé, c’est vous dire le niveau !
J’avoue que même si ces lettres sont bien écrites, je suis parfois un peu mal à l’aise de rentrer dans l’intimité des 2 jeunes gens, de lire leurs lettres qui leur sont très personnelles et qui ont pas grand chose à voir avec la bd ( du moins, fin des années 40).
Je suis plus intéressé par les lettres entre Hergé et Cuvelier.