BDZoom > Actualités > Le métier le plus dangereux du monde n’est pas celui qu’on croit…

Le métier le plus dangereux du monde n’est pas celui qu’on croit…

28/05/2023
Par Laurent Lessous

Après l’excellente série jeunesse « Frnck » et sa reprise remarquée de la série « Spirou » (avec « Le Triomphe de Zorglub »), Olivier Bocquet revient avec le scénario surprenant et astucieux du « Métier le plus dangereux du monde ». Plaisir double, car cette nouvelle série démarre par deux albums qui racontent concomitamment l’histoire d’un frère et d’une sœur qui veulent devenir des super-héros : un métier bien plus dangereux qu’ils ne le croient…

18 avril 1938, les calculs des scientifiques sont formels, c’est la date de la destruction de toute vie animale et végétale par la faute d’une comète d’une taille gigantesque qui viendra ce jour là percuter la Terre.

Or, le jour de la fin du monde a été repoussé, car la comète a explosé au contact de l’atmosphère et ses débris forment un anneau, comme celui de Saturne, autour de la planète bleue.

Des débris, des petites pierres vertes, se déposent régulièrement sur le sol terrestre. On s’est vite aperçu que ceux, animaux ou humains, qui touchent un fragment de comète disposent de pouvoirs surnaturels comme cette poule sibérienne lumineuse, ce chat géant ou plus intéressant ; une infirmière capable de faire repousser les membres amputés de ses patients.

Commence alors la chasse à ces pierres astrales magiques : ces super pépites ou super nuggets en anglais.

« Le Métier le plus dangereux du monde T1 : Ziad » page 4.

Presque un siècle plus tard, les super-héros et super-vilains sont légion. Ils se livrent une concurrence féroce, notamment sur les réseaux sociaux, car ils ont besoin d’être populaires pour que l’on fasse appel à eux ; d’autant que leurs pouvoirs sont parfois utiles, mais aussi souvent farfelus. C’est dans ce monde proche du nôtre que vit une famille d’origine maghrébine, bien intégrée dans une ville européenne. Le père tient un restaurant populaire de kebab, sa femme, voilée quand elle sort, s’occupe d’une petite fratrie : Ziad et Louna. Le frère et la sœur sont très différents, par bien des aspects.

Le rondouillard Ziad se rêvait joueur de football professionnel, mais il ne rentre en cours de match que quand il est le dernier remplaçant valide. Son dernier match a marqué la fin de ses espoirs : il est rentré en jeu, a driblé toute l’équipe adverse pour marquer un superbe but ; oui, superbe, mais contre son camp.

Dans le kebab familial, la survenue d’un super-héros qui vient pour déguster la spécialité paternelle lui donne l’idée de devenir, lui-aussi, un justicier implacable. Ses débuts sont lamentables : il essaye maladroitement de se coudre un costume moulant, puis se fait embobiner par le vendeur d’une boutique d’équipements pour super-héros. Il achète des pilules qui doivent le rendre invisible, mais se retrouve tout nu devant les clients en train d’essayer de voler la caisse du restaurant de son père.

La honte absolue qu’il ressent est atténuée par l’intervention d’une super héroïne mystérieuse qui le prend comme garde-du-corps…

Entrée d'un super-héros dans le kebab du père de Ziad...

Dans le même temps, Louna (sa sœur svelte et dynamique) avoue à ses parents qu’elle s’ennuie. Ils lui proposent alors des activités extra-scolaires. Elle refuse les ateliers couture, tricot ou art floral pour s’inscrire, au grand désespoir de son père, à un club de boxe.

C’est près d’un ring qu’elle trouve un tract d’un groupe de super-héros recherchant des boxeurs. Une excellente occasion, pour elle, de devenir une super-héroïne : son rêve de toujours.

Du rêve à la réalité, il y a un super-gouffre car le groupe qu’elle intègre n’est composé que d’une autre jeune fille sans pouvoir, sans gadgets, sans super-animal et sans talent particulier.

Cela n’empêche pas ce duo, finalement bien assorti, de se retrouver au théâtre de l’Odéon pour la cérémonie des Golden Powers qui récompensent les meilleurs super-héros.

Et là, surprise, Louna croise son frère en tenue super héroïque, alors qu’une mystérieuse porte apparait sur scène ouvrant sur des dangers bien réels.

On peut commencer la lecture de cette prometteuse série jeunesse par n’importe lequel des deux albums : « Ziad » qui conte la quête du petit frère ou « Louna » centré sur celle de sa sœur. Évidemment, dans chaque volume il y a des échos des événements vécus par l’autre membre de la fratrie qui ignore tout de la vie pré-super-héroïque de son voisin de chambre.

Le scénario d’Olivier Bocquet est subtil : il mêle, à des quotidiens ordinaires bien caractérisés (famille immigrée intégrée socialement, jeune fille bourgeoise en quête d’aventures…), une vision toute personnelle du monde des super-héros aux pouvoirs insignifiants ou, au contraire, qu’ils ont du mal à maîtriser.

À cette trame très proche de héros très humains, s’ajoute des mystères surnaturels qui ne sont ici qu’abordés à la marge : des portes étranges qui donnent sur d’autres mondes et d’où peuvent apparaitre des dangers bien réels, que redoutent les plus avertis des superhéros.

Nous en saurons davantage dans les prochains épisodes de la série.

« Le Métier le plus dangereux du monde T1 : Louna » page 17.

Un mot enfin sur le dessin expressif et tonique du Toscan Fabio Lai. Il est dans la lignée des meilleurs albums pour la jeunesse des éditions Dupuis : lisible, souple et inventif. Nous avions remarqué son travail en tant que collaborateur de Delaf sur les dessins des « Nombrils » (à partir du tome et des « Vacheries des Nombrils » (à partir du tome 2). Confirmation de tout le bien que l’on pense de cette série jeunesse qui sort du lot et dont le prochain volume est annoncé début 2024.