Les amateurs de son œuvre le savent bien : Jacques Tardi est un boulimique de travail qui dessine matin, midi et soir. Or, « Dessins matin, midi et soir », c’est le titre d’un beau petit recueil édité par Oblique Art (structure dirigée par Pierre-Marie Jamet) qui nous propose pas moins de 160 pages rassemblant des illustrations réalisées par le créateur d’« Adèle Blanc-Sec », sélectionnées dans les nombreux carnets qu’il a noircis (voire mis en couleurs) tout au long de sa remarquable carrière d’auteur du 9e art : croquis, études de personnages… et même courtes bandes dessinées iconoclastes inédites.
Lire la suite...Harry Dickson : le retour du Sherlock Holmes américain !
À l’origine pâle copie de Sherlock Holmes réalisée par un tâcheron en Allemagne, « Harry Dickson » est devenu un personnage aujourd’hui culte grâce à Jean Ray, qui fut, dans un premier temps, son traducteur. Proposé par deux fois sous forme de bandes dessinées à la fin du siècle dernier, le détective américain revient dans une nouvelle adaptation prometteuse, placée sous la direction scénaristique de Doug Headline.
Angleterre, années 1930. Au sommet d’une tour cylindrique de 100 pieds de hauteur, édifiée selon ses directives, la riche héritière Delphina Cruyshank consacre son temps à l’écriture de romans. Du sommet de la coupole, elle observe, à l’aide d’une puissante lunette, les geôles de la prison voisine de Hammersmith. Après avoir assisté de son nid d’aigle à l’exécution de Baltimore Harmon, assassin d’un banquier, Miss Delphina ne donne plus signe de vie. Harry Dickson et son jeune élève Tom Wills enquêtent sur cette mystérieuse disparition, au moment où le corps de Baltimorte Harmon s’envole lui aussi. D’autres évènements mystérieux surviennent, dont le vol d’un vieux fusil népalais rehaussé de pierres précieuses offert au comte de Warhester, lequel est découvert à son tour assassiné. Harry Dickson, le détective du surnaturel spécialisé dans la traque des forces du mal, vient une fois encore en aide au surintendant Goodfield de Scotland Yard…
Ce premier album bénéficie d’une adaptation respectueuse de l’œuvre originale réalisée par Doug Headline et Luana Vergari. Il s’inspire de « Mysteras » : 103e fascicule des « Sensationnelles Aventures de Harry Dickson ». La mise en images est confiée à Onofrio Caracchio : scénariste et dessinateur italien né en 1961, mais aussi professeur de bande dessinée à l’Académie des beaux-arts de Bologne. Ayant débuté dans les pages de Frigidaire, il est l’auteur de « Pollock Condidential » aux éditions du Chêne et travaille régulièrement sur des séries américaines : « Venom », « Spiderman », « X-Men », « Dark Wolverine »… Son dessin réaliste et classique inspiré par la ligne claire convient parfaitement à ce personnage mythique qui a passionné plusieurs générations de lecteurs.
Traduit dès 1927 par l’éditeur néerlandais Roman-Boek en Kunsthandel — à partir d’une pâle copie de « Sherlock Holmes » publiée anonymement, depuis 1908 en Allemagne, par l’éditeur néerlandais Roman-Boek en Kunsthandel —, le destin d’« Harry Dickson » est confié à Jean Ray qui constate la médiocrité des textes originaux. À partir de 1932, à sa demande, il imagine des aventures inédites inspirées par les couvertures spectaculaires d’origine signées Roloff. 180 fascicules sont publiés jusqu’en 1938, dont plus de 100 sont écrits par Jean Ray : pseudonyme de Raymond Jean-Marie De Kremer (1887-1964) qui signe aussi John Flanders. Jean Ray, maître du fantastique et de l’épouvante, sera sauvé de l’oubli par Henri Vernes [le créateur de « Bob Morane »] qui proposera une première anthologie de son œuvre en 1960, aux éditions Marabout.
La bande dessinée s’empare du personnage avec une version modernisée adaptée par Christian Vanderhaeghe pour le dessinateur au style ligne claire Pascal Zanon, lequel signe (de 1986 à 2015) les dix premiers volumes d’une série de 13, poursuivie jusqu’en 2018 par Renaud aux éditions Dargaud/Art et BD. À la même époque, les éditions Soleil publient une version plus fidèle aux romans d’origine adaptée par Richard D. Nolane pour Olivier Roman : 13 albums sont édités de 1992 à 2014.Â
Cette nouvelle série, publiée chez Dupuis, devrait être proposée à raison d’un album par an.
Un dossier de huit pages consacrées à Jean Ray est proposé en fin d’ouvrage.
Henri FILIPPINIÂ
« Harry Dickson T 1 : Mysteras » par Onofrio Catacchio, Luana Vergari et Doug Headline, d’après Jean Ray
Dupuis (15,95 €) EAN : 979 1 0347 6900 1
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