« Marée blanche » : la pêche « stupéfiante » de Gaël Séjourné !

Pour son premier scénario — qu’il illustre lui-même —, Gaël Séjourné (« La Peau de l’autre » avec Serge Le Tendre, « À la vie à la mort ! » avec Rodolphe, « L’Appel des origines » ou « Tatanka » avec Joël Callède et « Lance Crow Dog » avec Serge Perrotin) s’inspire avec bonheur d’un fait divers qui a eu lieu pendant la Coupe du monde, en juillet 2018 : l’équipage d’un chalutier de l’île d’Oléron, époustouflé, remonte dans ses filets des ballots hermétiques contenant 40 kilos de cocaïne… Ce polar noir — mais rempli d’humour et qui part bien en vrille — est curieusement tout à fait d’actualité, puisque cela a recommencé fin février, où des paquets de stupéfiants, attachés à des bouées de sauvetage, ont échoué sur les plages normandes du Cotentin.

Théo, Laurent, Paul et Jordan, les quatre copains pêcheurs qui étaient à bord de ce petit bateau de pêche baptisé Fargo, se sont alors partagé équitablement leur trouvaille, tout en jurant de n’en parler à personne. Ce paquet de pognon leur brûle évidemment les doigts — le plus jeune de ces compagnons de fortune s’en met même déjà plein les narines —, mais il risque bien d’être associé à un paquet d’emmerdes. Toutefois, vu leurs situations précaires (avec les traites des maisons et du rafiot, ou les pensions alimentaires), ils ne peuvent quand même pas se résoudre à rejeter ce trésor compromettant à la mer… Il ne reste donc plus qu’à trouver des contacts pour écouler la coke et la convertir en monnaie sonnante et trébuchante… et surtout à être très discrets, en évitant notamment les flics. 

Bien entendu, dans cette station balnéaire, où tout le monde se connaît, rien ne va se passer comme ils l’auraient souhaité. Tout va déraper… et la pêche miraculeuse s’avérera être un cadeau empoisonné qui ruinera la vie de nos amis marins. 

Même s’il est, certes, un peu prévisible (on sent, d’emblée, que cela va mal finir pour nos quatre matelots), le scénario, bourré de références, est cependant efficace et très divertissant. De plus, les dialogues — qui contrebalancent la dramatisation du récit, à l’instar du style de dessin — sont régulièrement ponctués de blagues à deux balles ou de très mauvais jeux de mots qui raviront les amateurs.

En effet, en utilisant un trait semi-réaliste fort bien maîtrisé, et en accumulant les astuces visuelles, Gaël Séjourné — qui, contrairement à ce que l’on pourrait croire, était à ses débuts plutôt doué pour le dessin humoristique, avant qu’il ne se tourne vers une bande dessinée plus descriptive, à l’instar de toutes celles qu’il a publiées jusque-là — (1) croque avec talent, dans cette « stupéfiante » « Marée blanche », une attachante bande de bras cassés qui auraient certainement, comme chacun, espéré une vie meilleure.

Gilles RATIER

(1) Sur Gaël Séjourné, voir sur BDzoom.com : « La Peau de l’autre » : Serge Le Tendre toujours au top !, « Lance Crow Dog » sauvé par les édinautes !, « L’Appel des origines » T2 (« Nairobi ») par Séjourné et Callède, « L’Appel des origines » T1…

« Marée blanche » par Gaël Séjourné

Éditions Delcourt (15,95 €) — EAN : 978-2-413-04581-6

Parution 26 avril 2023

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Une réponse à « Marée blanche » : la pêche « stupéfiante » de Gaël Séjourné !

  1. BARRE dit :

    Ha! Ha! Des blagues à deux balles, et des mauvais jeux de mots, c’est pour moi ça ! Cet ouvrage m’intéresse, je vais me le procurer, en même temps que mon paquet de farine hebdomadaire

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