Un roman (bio)graphique sur Romy Schneider, cela devait arriver tôt ou tard, et notamment dans la collection 9 1/2 de l’éditeur, dédiée au cinéma… Le choix des auteurs s’est porté sur ses débuts, y compris son enfance — vite évoquée — avec la guerre en fond, et son entrée timide dans le cinéma, jusqu’aux premiers rôles. On croisera naturellement Alain Delon, presqu’inconnu alors que Romy est déjà célèbre après « Sissi » : la relation amoureuse et professionnelle avec le jeune acteur français est fondatrice, essentielle pour les deux. Un album à la mise en images sensible, juste, sans effets appuyés, mais aux couleurs très choisies selon les moments narrés. Un trait doux et bienveillant : connaissant sa fin tragique, ce n’est que justice.
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Pour le plaisir des collectionneurs (notamment pour les Français qui n’avaient alors pas connaissance de ce périodique publié principalement en Belgique), plusieurs petites structures du plat pays, au but principalement patrimonial, éditent en albums des séries souvent oubliées, signées des plus grands noms de la BD franco-belge alors débutants, qui ont été proposées entre 1945 et 1956 dans les Héroïc-Albums. Après les éditions de L’Élan (avec les « Félix » ou les histoires réalistes de Maurice Tillieux, et bientôt les « Ginger » de Jidéhem), suivies par BD Must (avec les « Dave O’Flynn » de Tibet, puis « Le Chat » de Greg), c’est au tour des éditions Hibou de se mettre sur les rangs avec les BD dessinées par Fred Funcken : six à sept tomes sont prévus et le premier (consacré au mousse Jannic) vient d’être imprimé à seulement 450 exemplaires numérotés et accompagnés d’un ex-libris réservé à cette première édition !
Ces cinq récits d’aventures maritimes autour du monde en 11 ou 12 planches chacun, publiés entre 1953 et 1954 dans les Héroïc-Albums, sont tous précédés de leur bande-annonce et d’un trop court dossier introductif de six pages réalisé par Jacques Pessis.
Ce dernier s’attarde surtout sur la jeunesse de Fred Funcken et sur ses débuts « héroïques »chez Guy Depière, dans Bimbo, Jeep ou Blondine, où il accumulait les créations en signant d’une multitude de pseudonymes à consonance anglophone. (1)
Une fois toutes les BD de Fred Funcken dans les Héroïc-Albums rééditées, Marc Impatient (le responsable des éditions Hibou) prévoit, d’ailleurs, d’enchaîner avec ces bandes qu’il dessinait sous d’autres noms dans Bimbo et consort.
Comme ce très intéressant volume — ne serait-ce que pour mieux comprendre les prémices du 9e art en Belgique — n’est guère avare en explications sur l’origine de la série « Jannic », BDzoom.com va essayer de prendre le relais dans ce court article, en se basant, notamment, sur les écrits très documentés de Thierry Martens dans « L’Aventure des Héroïc-Albums », édité chez L’Âge d’or, en 2011.
En fait, Fred Funcken se sentait de plus en plus exploité par Guy Depière : patron de la revue Bimbo dont notre auteur assurait près de la moitié des récits dessinés.
Il finit par le quitter en lui laissant pas mal de matériel, lequel sera distillé jusqu’au début de 1948, alors que ce journal disparaîtra peu après : en février 1949.
Engagé comme maquettiste et dessinateur publicitaire à la succursale belge de Havas, c’est en 1947 qu’il livre un western à son ami Fernand Cheneval, qui avait également travaillé pour Bimbo et avait donc créé les Héroïc-Albums deux ans plus tôt.
Un peu plus tard (à partir de 1950), Cheneval reprend, en les restaurant, certains épisodes d’un autre western de Bimbo où Funcken utilisait l’alias Dick John’s avec Marcel Moniquet : « Tommy Tuller ».
Ce sera ensuite « Big Travel » (en 1951), « Robin Moderne » (en 1952) ou « L’Écumeur des océans » (en 1954) que Funcken signait François Parisot : séries publiées auparavant dans Bimbo que Cheneval retouche aussi pour l’occasion.
Dans les Héroïc-Albums, Fred Funcken propose les péripéties humoristiques d’Yves et Cocluche (adaptation d’une bande laissée à Bimbo avant son départ, dessinée dans un style ligne claire) et celles, exotiques, du mousse breton du XVIIe siècle Jannic où il revient avec plus de bonheur au réalisme et à l’aventure historique (en 1953) ; puis, ce sera celles des aviateurs Clem et Shorty qu’il signe parfois Léo Lyon (en 1954).
À noter que celles-ci seront au sommaire du tome 2 des récits publiés dans les Héroïc-Albums à paraître chez Hibou, en compagnie de la nouvelle version de « L’Écumeur des océans » : « J’ai pensé à Funcken au moment où il y avait place pour un collaborateur régulier. Funcken travaillait alors dans le studio de publicité d’un grand magasin : L’Innovation. Je lui ai téléphoné à son travail et il a saisi immédiatement l’offre. Il n’était pas à sa place dans ce métier qui ne convenait pas à son tempérament et pour lequel il n’avait pas eu de formation particulière… Il est venu chez moi avec une secrétaire de direction qui allait devenir sa seconde femme et collaboratrice : Liliane. Cela leur a assuré des rentrées dans l’indépendance et leur a permis de prendre pied à Tintin. » (2)
À propos du journal Tintin, sachez aussi que les éditions Hibou ont compilés les nombreux courts récits didactiques que le couple y a réalisés dans 14 volumes — d’une trentaine de pages — de leur collection Les Meilleurs Récits de… : dont les n° 58 et 59 qui sont parus respectivement en octobre et décembre 2021.
Les tomes 4 et 10, épuisés depuis longtemps et qui étaient à l’époque en noir et blanc, vont bientôt être réédités en couleurs.
Gilles RATIER
(1) Pour en savoir beaucoup plus sur Fred Funcken, voir Les Funcken : les héraults du journal Tintin,Disparition de Fred Funcken et Liliane rejoint Fred….
(2) Extraits d’une lettre de Fernand Cheneval à Dany Evrard, en 1987.
« Héroïc-Albums T1 : Jannic » par Fred Funcken
Éditions Hibou (26 €) — EAN : 9 782 383 630 210
Merci, Gilles, pour ce coup de pouce à Fred et Liliane Funcken.
Il faut noter que Hibou accomplit un travail de fond sur les Funcken depuis longtemps : Flamberge au vent, Jack Diamond, Lieutenant Burton, Luc et Laplume, Le cimetière des baleines, Terres interdites…
Quant aux Meilleurs récits de…, deux albums étaient sortis chez… Loup, avant que la structure Hibou prenne le relais pour quatorze volumes, à suivre !
Que nous manque-t-il encore, outre le Chevalier blanc chez BD-Must et Harald au Lombard ? Une belle intégrale Capitan ? et un Doc Silver, le plus étonnant des westerns !