Depuis 2021, chaque année, Tiburce Oger rassemble une belle équipe de dessinateurs et dessinatrices pour évoquer l’Ouest américain à travers des personnages authentiques – le Far West, donc – et l’exploitation de ces territoires par des individus qui oubliaient, bien souvent, qu’ils n’étaient que des colonisateurs assoiffés de richesses…
Lire la suite...Un programme qui ne peut vous laisser indifférent : délaisser les écrans pour redécouvrir les jeux au naturel…
En France, les jeunes d’aujourd’hui passent plus de deux fois plus de temps devant un écran qu’à faire du sport. C’est un véritable enjeu de santé publique auxquels les grands-parents de Daniel sont confrontés personnellement. Plein de ressources, ils innovent pour faire découvrir la forêt et la montagne avoisinantes à un jeune citadin bougon car sans connexion. Pour savoir comment ils ont opéré, il vous faut lire le rafraichissant « Game au vert ».
Les vacances commencent mal pour Daniel. Ses deux mamans continuent, elles, de travailler et ne peuvent le laisser seul à la maison. Elles décident donc de l’emmener pour 15 jours chez ses grands-parents.
C’est la première fois que le jeune garçon doit vivre deux semaines loin de la ville et de sa connexion haut débit : impossible pour lui de jouer en ligne avec ses amis. C’est la fin de son monde. Il n’est pas content et le montre ostensiblement.
Ses grands-parents essayent pourtant de l’intéresser à la vie dans la forêt voisine ou à des jeux de société à l’ancienne. Rien n’y fait, Daniel s’enferme dans son refus. Il ne veut même pas jouer avec la vive Selva : la voisine venue le décoincer un peu.
Comme par magie, un soir entre chien et loup, une mystérieuse femme-louve frappe à la porte. Son message est clair : « La forêt est un lieu plein de magie et ses habitants savent tout ce qui s’y passe. Nous te surveillons, Daniel, depuis ton arrivée. Nous avons bien senti ton ennui. Et nous détestons l’ennui. Nous avons donc pensé à te proposer une aventure, un jeu… de quoi te débarrasser de ce nuage de mauvaise humeur qui flotte au-dessus de ta tête. Si tu te décides de participer, nous t’apprendrons certains des secrets les mieux gardés de cette forêt. »
La Louve apporte ainsi un premier défi que Daniel doit relever le lendemain puis, elle quitte la maison pour retrouver sa meute selon son grand-père.
À chaque chalenge, Daniel explore de plus en plus profondément la montagne voisine.
Pour relever les défis, il est aidé par sa famille mais aussi par Selva avec qui il sympathise vraiment. Ils vont cueillir des fruits des bois : mûres, fraises, myrtilles, – que c’est bon à déguster en plein air -, avant d’apprendre à faire des ricochets, à fabriquer un cerf-volant ou se baigner dans l’eau fraiche d’un lac d’altitude.
Il en oublie ses fichus écrans. Son addiction aux jeux en ligne semble être guérie, tant les découvertes de la nature et de l’amitié sont bien plus fortes que les émotions factices vécues par écrans interposés.
Que voilà une bande dessinée bien construite, fraiche et amusante, dans l’air du temps tout en restant sincère, loin de tout effet de mode. C’est un grave problème de société qui est traité ici avec humour : plus des deux tiers des 11-17 ans ont un risque sanitaire élevé en raison de leur sédentarité.
Les écrans de toutes sortes, de moins en moins la télévision et de plus en plus les jeux en ligne, sont responsables de cet état de fait. Les auteurs espagnols situent leur intrigue dans un avenir proche pour présenter le mode de vie rural complétement oublié par les jeunes citadins. Les jeunes lecteurs pourront ainsi facilement s’identifier à un garçon candide qui découvre les joies simples de cueillir, puis manger, des fraises des bois, de se baigner dans un lac de montagne ou simplement de randonner jusqu’à un sommet voisin. Combien de nos pré-adolescents urbains de 2022 connaissent ces joies simples ?
Ne vous laissez pas rebuter par le côté un peu caricatural des personnages, ils sont tous très expressifs, profondément vivants. Inspiré de l’univers du cartoon, le dessin dynamique d’Esteban Hernández ajoute une note d’humour à un récit qui n’en manque pas.
Laissez vous séduire par cette histoire familiale bon enfant dans laquelle un jeune urbain découvre émerveillé les joies simples qu’offre la nature. Dites vous que si lui passait trop de temps devant ses écrans, vous-même n’êtes pas exemple de reproche : n’êtes vous pas en ce moment devant votre écran ?
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Laurent LESSOUS (l@bd)
« Game au vert » par Esteban Hernández et Damián
Éditions Bamboo (15,90 €) – EAN : 978-2-8189-8856-5
Parution 30 mars 2022