Les amateurs de son œuvre le savent bien : Jacques Tardi est un boulimique de travail qui dessine matin, midi et soir. Or, « Dessins matin, midi et soir », c’est le titre d’un beau petit recueil édité par Oblique Art (structure dirigée par Pierre-Marie Jamet) qui nous propose pas moins de 160 pages rassemblant des illustrations réalisées par le créateur d’« Adèle Blanc-Sec », sélectionnées dans les nombreux carnets qu’il a noircis (voire mis en couleurs) tout au long de sa remarquable carrière d’auteur du 9e art : croquis, études de personnages… et même courtes bandes dessinées iconoclastes inédites.
Lire la suite...« Total Combat » : deuxième round !
Le sport et la bande dessinée ont souvent flirté, pour le plus grand bien des deux disciplines. L’AMM, sport de combat extrême, sert de toile de fond au diptyque imaginé par Jack Manini. Tour à tour scénariste ou dessinateur, c’est en auteur complet qu’il propose ce récit situé au sein d’une discipline qui renouvelle les arts martiaux mixtes, dont l’origine remonte aux Jeux olympiques grecs.
D’origine brésilienne, Jimmy Pérez est élevé aux États-Unis par son grand-père, depuis son plus jeune âge, après la mort de ses parents (selon lui dans un incendie). Entraîné par Jacob, il pratique, avec son ami Esteban, les arts martiaux mixtes AMM, dont ils sont deux espoirs : un redoutable sport de combat où tous les coups sont permis. Victime d’une méningite à laquelle il échappe miraculeusement après deux mois de coma, il apprend que sa fiancée Jazlyne, la fille de Jacob, en est morte. Accusé par Esteban et Jacob d’en être responsable, Jimmy survit en participant à des combats de rue. Au cours d’une altercation entre son grand-père et son entraîneur, il découvre que, pour le protéger, le vieil homme lui a menti sur ses origines. Désormais, Jimmy est pris en main par son père de sang : l’organisateur de combats Schubert King, lequel a violé sa mère et est donc le père de son demi-frère Jayden. Il gagne alors le Brésil, afin de participer au grand tournoi de Rio : un retour à ses origines, en compagnie de son grand-père, qui se révèle riche en révélations…
Grand admirateur de Bruce Lee et pratiquant la boxe depuis l’âge de 16 ans, Jack Manini sait de quoi il parle lorsqu’il imagine son histoire. Au fil de ses planches mouvementées, il retranscrit avec justesse les affrontements de ses personnages grâce à des cadrages audacieux. Documenté, riche en anecdotes, le scénario est crédible sans être ennuyeux : tout comme le destin du jeune héros, tour à tour fait d’émotion, de violence, de passion. Auteur complet, Jack Manini rend un hommage vibrant au Mixed Martial Art : un sport jugé encore comme brutal par l’Union européenne, et rarement présent dans les médias malgré plus de 50 000 adhérents en France.
Né le 9 juillet 1960, élève de l’École supérieure des arts appliqués, Jack Manini publie son premier ouvrage (« Je swingue ») en 1985, chez Futuropolis. Il est tour à tour scénariste : « La Loi de Kanun », « Catacombes », « K.O. »… pour Michel Chevereau, « Hollywood » pour Marc Malès, « La Fille de l’exposition universelle » pour Étienne Willem…, et dessinateur de « Mycroft Inquisitor » avec Arleston, « Estelle » avec Raymond Maric, « Necromancy » avec Fabien Nury… Également auteur complet de quelques albums (dont le biopic consacré au boxeur poète dada Arthur Cravan), Jack Manini est un auteur à suivre exigeant, au trait nerveux, aux séquences rythmées, mais qui est trop rarement mis en avant par mes confrères chroniqueurs BD.
« Total Combat T2 : Round 2 » par Jack Manini
Éditions Grand Angle (14,90 €) — EAN : 978 2 8189 7990 7
Parution 23 février 2022
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