Touchante et très réussie adaptation BD d’un best-seller de Martin Winckler où les soignants sont vraiment à l’écoute des patients !

Après avoir fait de Martin Winckler l’un des principaux personnages de sa précédente BD autobiographique — où elle narrait son propre avortement — (1), Aude Mermilliod adapte avec brio « Le Chœur des femmes » paru aux éditions P.O.L. en 2009 : le roman-fleuve à succès de ce célèbre romancier, essayiste et médecin féministe — mais aussi amateur éclairé du 9e art ! — qu’elle lisait alors qu’elle allait subir une interruption de grossesse.

Aude Mermilliod réussit d’emblée à installer une véritable ambiance intimiste, rendant forme et corps à ce défilé de femmes qui ont toutes leur histoire à raconter : ce qui permet une certaine proximité entre le discours de l’auteur et le ressenti des lecteurs. Si on ne peut pas vraiment qualifier son trait de virtuose, il est cependant fort agréable à l’œil et, surtout, très sensible : au point de rendre les protagonistes tout à fait touchants ; notamment le personnage de la brillante interne Jean [prénom canadien qui se prononce Djinn], laquelle va complètement se transformer au contact du docteur Karma. Par ailleurs, comme la jeune bédéaste maîtrise parfaitement la narration graphique, en en extrayant les fragments les plus significatifs, elle donne une lisibilité exemplaire à ce plaidoyer contre les idées reçues qui prône une pratique du soin différente et une nécessaire transmission entre les générations, mais également entre les médecins et leurs patientes.Major de sa promotion, Jean Atwood est en cinquième année d’internat. Cette fille au physique intersexué se destine à la chirurgie : d’ailleurs, en dehors du bloc opératoire, rien ne l’intéresse. Pourtant, contre son gré, elle doit faire un stage en gynécologie obstétrique sous les ordres d’un spécialiste réputé qui est aussi adulé de ses patientes que des infirmières : le peu conventionnel docteur Franz Karma.

N’ayant aucune envie de passer son temps à écouter les plaintes de bonnes femmes à propos de leur pilule ou de leurs seins douloureux, elle n’apprécie donc guère cette affectation dans une unité dédiée à la médecine des femmes. D’autant plus que, dès le premier jour, elle constate que les consultations sont interminables, car les patientes qu’ils reçoivent blablatent pendant des heures, sans même que Karma ne les auscultent.

Conscient de l’exaspération de sa collègue débutante, mais ayant besoin d’une interne impliquée, le praticien lui propose une semaine d’essai de cohabitation où elle notera tout ce qu’elle fera, en le suivant comme son ombre et en faisant ce qu’il lui demande. Au bout de ce laps de temps, si elle pense que leurs différences sont vraiment irréconciliables, il la laissera partir en validant quand même son semestre ; sinon elle pourra évidemment rester. Engoncée pour le moment dans le carcan de son apprentissage académique, Jean est loin de se douter que ces sept jours vont changer sa vie.

 Gilles RATIER

 (1)   Voir : Martin Winckler héros d’un émouvant roman graphique sur l’IVG….

 « Le ChÅ“ur des femmes » par Aude Mermilliod, d’après Martin Winckler

Éditions Le Lombard (22,50 €) — EAN : 978-2803677139

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