Les amateurs de son œuvre le savent bien : Jacques Tardi est un boulimique de travail qui dessine matin, midi et soir. Or, « Dessins matin, midi et soir », c’est le titre d’un beau petit recueil édité par Oblique Art (structure dirigée par Pierre-Marie Jamet) qui nous propose pas moins de 160 pages rassemblant des illustrations réalisées par le créateur d’« Adèle Blanc-Sec », sélectionnées dans les nombreux carnets qu’il a noircis (voire mis en couleurs) tout au long de sa remarquable carrière d’auteur du 9e art : croquis, études de personnages… et même courtes bandes dessinées iconoclastes inédites.
Lire la suite...Un paresseux pas si paresseux qui veut voir le monde : entretien avec Jean-Luc Cornette…
Jean-Luc Cornette est le scénariste d’un très bel album jeunesse : « Morphée le petit paresseux pas si paresseux », publié en Guyane par l’éditeur régional Plume verte. Il nous en apprend beaucoup sur ce mammifère attachant et sur son écosystème dans un entretien mené tambour battant. Vous y apprendrez notamment comment vous procurer l’album en métropole.
Pacifique mammifère arboricole d’Amérique-du-Sud et d’Amérique centrale, le paresseux passe pratiquement toute sa vie suspendu à l’envers dans les arbres et se déplace avec lenteur.
Il est incapable de sauter et ne voit pas très loin.
Pourtant le jeune Morphée est le vif (!) héros d’une bande dessinée pour la jeunesse écrite par Jean-Luc Cornette, au retour d’un voyage en Guyane, pour le dessin de Caroline Gysen.
Vous pouvez vous procurer l’ouvrage en Guyane ou en le commandant sur la plateforme Ulule.
Nous remercions Jean-Luc Cornette qui a bien voulu répondre à nos questions sur ce bel et original album pour la jeunesse.
BDzoom.com :  Jean-Luc, pouvez-vous vous présenter ainsi que votre dessinatrice ?
Caroline Gysen dessine depuis sa plus tendre enfance. C’est durant ses études à l’Institut Saint-Luc de Liège, qu’elle affirme son désir de faire de la bande dessinée.
Son chemin l’envoie à Bruxelles, projets sous le bras, rencontrer Yvan Delporte, scénariste et ancien rédacteur en chef du magazine Spirou. Il lui ouvre la porte du monde merveilleux de la bande dessinée. Suite à sa rencontre en 2007 avec Jean-Luc Cornette, elle dessine ses premières pages dans le magazine Spirou.
Très vite, un premier album naît de leur collaboration, sous son pseudonyme Karo. L’Écho des Savanes leur offre l’opportunité de publier des histoires courtes sous le titre générique « Athur et Janet : amours floues », lesquelles seront compilées dans un second album aux éditions Glénat en 2009. Ensuite, elle développe son site internet, et se consacre à  l’illustration.
En 2017 Caroline décide de renouer avec la bande dessinée en coscénarisant et en dessinant avec Maud Millecamps une série de six albums (toujours en cours).
En 2019, Jean-Luc lui propose le projet de « Morphée, le petit paresseux pas si paresseux », publié en Guyane aux éditions Plume verte. Caroline prépare actuellement, un nouveau projet de bande dessinée pour les enfants.
Jean-Luc Cornette est un auteur de bande dessinée belge. Il a publié une cinquantaine de bandes dessinées pour les enfants et pour les adultes. Auteur complet, il est plus connu pour ses scénarios. Il a adapté le roman « La Perle » de John Steinbeck aux éditions Futuropolis et a aussi écrit des récits retraçant la vue des peintres Frida Kahlo et Gustav Klimt. Amoureux des voyages, il a eu l’occasion de se rendre en Guyane plusieurs fois. Avec d’autres auteurs de bande dessinée, il a animé des ateliers au sein des villages amérindiens Wayana situés le long du fleuve Maroni, à la frontière du Suriname et au cÅ“ur du Parc Amazonien Français. La flore et la faune y sont extraordinaires et bouleversantes. Et il est tombé amoureux des paresseux.
BDzoom.com : Pourquoi une BD sur le paresseux en Guyane ?
J’ai eu l’occasion, grâce à mon ami Joub qui a vécu en Guyane durant quelques années, de m’y rendre plusieurs fois. Les deux dernières fois, nous sommes partis en expéditions en pirogue sur le fleuve Maroni à la rencontre des habitants des villages amérindiens qui se situent dans la forêt amazonienne et avons fait des ateliers de dessin et de BD avec les enfants. Cette expérience extraordinaire fera l’objet d’un recueil collectif « Maroni » (avec Emmanuel Lepage, Étienne Davodeau, Aude Mermilliod, Thierry Martin, Jean-Louis Tripp, Olivier Copain, Terreur Graphique, Eric Sagot, Joub, Nicoby et moi-même) en 2022 aux éditions Futuropolis.
Amoureux de la nature et surtout des animaux, j’ai appelé un centre de revalidation de paresseux blessés qui s’appelait Chou Aï mais qui est hélas fermé depuis. On y a été très gentiment reçus et on a pu y côtoyer ces animaux sympathiques et mystérieux durant quelques heures. Par ailleurs, lors de promenade en forêt, il arrive d’en croiser. Mais alors, ils sont au sommet des arbres où ils vivent et donc visibles qu’à une certaine distance. Lorsque j’ai eu l’occasion d’en avoir dans mes bras et que très doucement ils resserraient leurs longs bras autour de moi jusqu’à sentir leurs trois griffes pointer fort dans mon dos et ne plus s’avoir m’en défaire, j’ai vraiment ressenti toute la gentillesse et la fragilité de cet animal qui est très vulnérable à cause de sa lenteur.
Après cela je me suis mis en tête de parler de cet animal particulier en bande dessinée. La très chouette rencontre avec Plume verte, une maison d’édition locale qui publie des livres pour les enfants et dont les sujets sont exclusivement guyanais a rendu ce projet possible. Avec Caroline Gysen, on souhaitait travailler à nouveau ensemble. L’histoire que j’ai écrite lui a plu. Je lui ai fourni des photos, parlé de mes expériences dans la forêt guyanaise, partagé ma passion pour les paresseux et les autres animaux de Guyane.
BDzoom.com : Est-ce un animal sympathique ? Quelles sont ses qualités ?
L’aï (paresseux à trois doigts) semble toujours sourire. C’est bien entendu un animal sauvage qui n’a, en temps normal, pas d’interaction avec les hommes. Beaucoup sont hélas blessés écrasés sur les routes qu’ils mettent du temps à traverser. Certains s’aventurent en ville, dans des jardins ou des maisons. Ils peuvent être stressés mais ne sont pas agressifs. Un humain peut un prendre un sur une route pour aller le déposer plus loin sur un tronc d’arbre par exemple.
Leur lenteur leur donne une impression de quiétude. Parmi ses nombreuses qualités, il y a celle de digérer très lentement aussi. Il a un estomac compartimenté qui sert digérer la cellulose des feuilles qu’il mange et à en annihiler la toxicité. Il descend de son arbre une fois par semaine pour aller faire ses besoins. Et il cherche une rivière ou une marre car il aime faire ça dans l’eau.
BDzoom.com : Comment se procurer l’album en Guyane ou en métropole ?
Les éditions Plume verte ne sont diffusées qu’en Guyane. C’était quelque chose qu’on savait au départ. Mais en montrant les pages autour de nous, ici à Bruxelles, beaucoup de gens nous ont dit qu’ils auraient bien aimé l’avoir. Alors on a cherché un coéditeur en Belgique ou en France Métropolitaine. On en avait trouvé un, mais ça n’a finalement pas pu se faire. On a donc opté pour une campagne de crowdfunding afin de financer l’achat et la livraison d’un certain nombre d’albums en Belgique et en France métropolitaine. C’est une initiative de Caroline et moi. Ça ne remplace évidemment pas une diffusion en librairie, mais ça permet à qui veut d’avoir son exemplaire. Il faut juste le commander sur le site et s’y prendre impérativement avant le 23 janvier. Pour commander l’album cliquez ici.
BDzoom.com : Un dernier mot sur l’album, à quel public est-il destiné ?
C’est un album pour les jeunes enfants. On a choisi un ton qui mélange l’aventure et l’humour et c’est très mignon. Et on y découvre pas mal des animaux de Guyane dans leur élément.
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Laurent LESSOUSÂ (l@bd)
« Morphée le petit paresseux pas si paresseux » par Caroline Gysen et Jean-Luc Cornette
Éditions Plume verte (9, 50 € en Guyane ou commande sur Ulule) – EAN : 978-2-35386-026-5