« Les Ogres-Dieux » : l’ultime opus de la fabuleuse saga dark fantasy d’Hubert et Bertrand Gatignol !

Après le formidable « Peau d’homme » publié en juin — plébiscité par le public et nominé pour tous les prix importants que le 9e art remet en fin ou début d’année (Prix de la Critique de l’ACBD, Prix des libraires de bande dessinée, sélection officielle du FIBD d’Angoulême…) —, voici l’un des autres derniers livres que nous a laissé l’excellent scénariste Hubert (1) avant de disparaître tragiquement en février.

Les contes cruels aux interactions psychologiques et la défense de la normalité en sexualité – notamment pour les personnes du même sexe – étaient la marque de fabrique de ce scénariste brillant et sensible (« Miss Pas Touche », « Beauté », « Monsieur désire ? », « Le Boiseleur », « Ma vie posthume », « Le Legs de l’alchimiste »… [2] et, donc, « Peau d’homme » et « Les Ogres-Dieux »), par ailleurs expert en colorisations sensuelles pour Yoann, Olivier Schwartz, David B., Virginie Augustin, Gwen de Bonneval, Jason, Tronchet, Francis Porcel, Sean Phillips… et même pour Paul Gillon : excusez du peu !Qui qu’il en soit, les quatre volumes des gothiques et mythologiques « Ogres-Dieux » forment, quant à eux, une entité autant flamboyante qu’originale, car composée de bandes dessinées — bien entendu ! —, mais également de nouvelles littéraires détaillant la destinée des personnages secondaires, illustrées par le toujours aussi dynamique trait noir et blanc, puissant et expressionniste, du talentueux Bertrand Gatignol.Dans ce quatrième récit, on découvre le destin de Bragante, la première-née : une vie de combats aux ambitions insatisfaites, qui se tisse autour de la notion de transmission. Âgée et affaiblie, elle décide de raconter à sa petite-fille comment son statut d’aînée de tous les enfants du fondateur la chargera de l’éducation des derniers-nés, mais ne la protégera pas du plus vaillant d’entre eux à qui son cruel et impitoyable père l’a promis : le géniteur ne pensant qu’à étendre son empire et sa famille. Ressentant très tôt l’angoisse de donner la vie, elle voue heureusement une passion éclairante aux livres ; mais cela ne l’empêchera pas de finir par devenir une reine qui sombrera dans l’aveuglement…Sorte de « Game of Thrones » en bandes dessinées, « Les Ogres-Dieux » se révèle être une saga de fantasy vraiment particulière, riche et magnifique !

Gilles RATIER

(1)   Voir Hubert : disparition d’un esthète….

(2)   Voir aussi, parmi nos récentes chroniques sur BDzoom.com : La quête folle et ardente de l’amour, sans contrefaçon, dans l’ultime scénario d’Hubert…, « Le Boiseleur » : une belle réflexion écologique…, « Les Ogres-dieux T3 : Le Grand Homme » par Bertrand Gatignol et Hubert, « Monsieur désire ? » par Virginie Augustin et Hubert, « Les Ogres-dieux T2 : Demi-Sang » par Bertrand Gatignol et Hubert, « Petit, les Ogres-Dieux » par Bertrand Gatignol et Hubert, « Le Temple du passé » par Étienne Le Roux et Hubert, « Ma vie posthume » T1 (« Ne m’enterrez pas trop vite ») par Zanzim et Hubert, « Beauté » T1 par Kerascoët et Hubert ou Hubert et Tanquerelle, auteurs du Legs de l’alchimiste.

« Les Ogres-dieux T4 : Première Née » par Bertrand Gatignol et Hubert

Éditions Soleil (26 €) — EAN : 9 782 302 090 262

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