Dix ans après la parution de « Résurrection », la première partie d’un diptyque accouché dans la douleur, voici enfin « Révélations » : conclusion du dernier récit du regretté Philippe Tome, décédé alors qu’il travaillait sur les dernières pages de son scénario. Les éditions Dupuis proposent, enfin, l’intégralité de cette aventure magistralement dessinée par Dan Verlinden, digne successeur de ses deux prédécesseurs : Luc Warnant et Bruno Gazzotti.
Lire la suite...Les extraterrestres ne sont pas forcément verts et belliqueux…
Envahir la terre, c’est le credo de la plupart des extraterrestres, à en croire la littérature de science-fiction. Néanmoins, ce n’est pas un projet qui se prépare à la légère. Alors, aussi étrange que cela puisse paraître, Otori, une jeune fille exubérante et bien étrange, a été envoyée seule pour réaliser cette tâche. Alliée à un Terrien qui ne rêve que d’une vie banale, elle va vivre des aventures extraordinaires : la conquête de la Terre peut débuter.
Koichi a vraiment vu des soucoupes volantes quand il était petit. Pourtant, quand une dizaine d’années plus tard, une jeune fille vêtue d’un masque effrayant le poursuit, en se faisant passer pour une extraterrestre, il a du mal à la croire. Elle est venue pour lui réclamer son cœur qu’elle lui aurait transmis à la suite d’un incident survenu il y a dix ans. Apparemment, il lui doit la vie, bien qu’il ne comprenne pas trop son projet de conquête de la Terre. Lui, son rêve c’est de succéder à son grand-père et devenir un bon barista dans la brûlerie familiale. Quelle ne fut pas sa stupeur lorsqu’un alien dévora son aïeul ! Heureusement, Otori veillait dans l’ombre ; mais avant d’agir, elle lui fit promettre de l’aider dans son plan d’invasion.
Il est indéniable qu’Otori, sous ses airs de jeune fille modèle, est bien une extraterrestre ayant un plan de conquête de la Terre. Du moins, ses actions extraordinaires, son mode de vie, et ses pouvoirs vont dans ce sens. Koichi, de son côté, est un jeune Terrien devenu malgré lui son allié, à la suite de l’implantation du cœur de la jeune fille à la place du sien, détruit, sans que l’on sache comment, il y a dix ans, lorsqu’il a aperçu ses premières soucoupes volantes. Ce binôme bien étrange marche à merveille. Le lecteur découvre, en même temps que le jeune homme, l’étendue des pouvoirs de la jeune envahisseuse. Il ne comprend pas vraiment son plan ni ses motivations, mais elle n’est apparemment pas plus informée de ce qu’elle doit faire pour accomplir sa mission. C’est comme ça que, page après page, on suit leur vie d’adolescents aux discussions et aux préoccupations bien étranges.
Entre tranche de vie et science-fiction, ce récit ne ressemble en rien aux autres conquêtes, souvent violentes et anxiogènes. La base de l’histoire avec les extraterrestres est omniprésente, mais ne représente finalement qu’une infime partie de l’action. La vie de lycée, les repas, l’apprentissage d’un métier, la lecture… bref, les événements de tous les jours sont vraiment mis en avant. Avec ces petits moments du quotidien, on sent que le temps passe et que cette menace venue d’ailleurs, qui n’existe pas au début, s’immisce de plus en plus dans l’histoire. Mais cela reste bon enfant et si un film en était tiré, on pourrait presque lire au générique : aucun extraterrestre n’a été maltraité durant le tournage !
Encore non publié en français, Maiko Ogawa est une mangaka ayant une dizaine d’années de carrière derrière elle. Son dessin, assez classique, est clair et agréable. Les décors sont peu présents et servent à situer l’action pour ensuite s’effacer et laisser place aux expressions des personnages.
Avec leurs visages ronds, ils sont enfantins et craquants, mais terriblement expressifs ! Sa force réside dans la palette de sentiments qu’elle exprime sans avoir besoin de mettre de mots dessus. Cela donne des planches à la mise en page plaisante et une histoire facile et divertissante, même si de nombreux mystères restent à découvrir.
Les couvertures de la série sont à l’image de l’histoire : énigmatiques. Elles se rapportent pourtant bien à un chapitre du volume en question. Les couleurs sont particulièrement bien choisies avec un fond sombre, sur lequel ressort toujours l’héroïne habillée de violet ; la couleur des rois, des conquérants. N’oubliez pas de regarder sous la jaquette : des crayonnés, ainsi que d’autres petites scènes amusantes, s’y cachent.
Destinée à un public assez jeune, cette histoire très étrange se lit facilement. Ses personnages sont attachants et c’est parfois hilarant, parfois doux-amer, parfois tranquille, parfois explosif. Au Japon, la série est terminée en 15 volumes.
Gwenaël JACQUET
« Le Jour où j’ai décidé d’envahir la Terre » par Maiko Ogawa
Éditions Ototo (6,99 €) – EAN : 9782377173198
HITORIBOCCHI NO CHIKYU SHINRYAKU ©2012 Maiko OGAWA