Depuis 2021, chaque année, Tiburce Oger rassemble une belle équipe de dessinateurs et dessinatrices pour évoquer l’Ouest américain à travers des personnages authentiques – le Far West, donc – et l’exploitation de ces territoires par des individus qui oubliaient, bien souvent, qu’ils n’étaient que des colonisateurs assoiffés de richesses…
Lire la suite...Pepe Carvalho : le privé gastronome…
Dans l’histoire de la bande dessinée, les « privés » venus de la littérature policière sont nombreux. De Maigret à Nestor Burma, les héros de polars et les auteurs de BD s’unissent souvent pour le meilleur. C’est le cas avec Pepe Carvalho : le détective amateur de gastronomie imaginé en 1972 par l’écrivain espagnol Manuel Vasquez Montalban.
1977. Concha, la veuve d’Antonio Jaumà , demande à Pepe Carvalho d’enquêter sur la mort de son mari. L’homme a été retrouvé assassiné sans son slip, mais avec une petite culotte de femme dans la poche de son pantalon. Elle ne croit pas aux conclusions de la police qui évoque un crime banal. Elle est persuadée que Petnay, la puissante multinationale qui l’employait comme manager de sa branche espagnole, cherche à ne pas être éclaboussée par une histoire glauque. Le privé se souvient avoir croisé la route de Jaumà , en 1969, alors que le Boeing Las Vegas San Francisco survolait la vallée de la Mort. À l’époque, Pepe Carvalho, sous le couvert d’un représentant de machines à sous, travaillait pour la CIA. Bien que déjà marié, Jaumà se vantait d’aimer les partouzes, les call-girls, les bringues… Pour 2 000 pesetas par jour, plus 100 000 de prime, Pepe débute une enquête qui le conduit auprès des 20 compagnons de la victime : pour beaucoup, anciens militants de la gauche espagnole. Flanqué de Biscooter, son impayable adjoint et fin cuisinier rencontré alors qu’ils étaient en prison, Pepe Carvalho hante les quartiers exotiques de Barcelone, peu après la chute du franquisme.Entre humour grinçant et réalisme social, ce récit mis en images avec élégance flirte avec la caricature, dans le bon sens du terme. Les protagonistes de ce polar, à la fois dur et humain, sont dotés de gueules somptueuses que le lecteur n’est pas prêt d’oublier. Après le régal que fut « Tatouage », il est indispensable de déguster ce second opus. Et question dégustation, Pepe Carvalho est un fin connaisseur !
Écrit en 1977, « La Solitude du manager » est le troisième ouvrage écrit par Manuel Và zquez Montalban (1939-2003) dont le Catalan Pepe Carvalho est le héros. Après une série télévisée en dix épisodes avec Juanjo Puigerbé, Pepe Carvalho revient en librairie, quinze après sa dernière enquête. Publié au Seuil, « Tout fou le camp ! » est écrit par Carlos Zanon.Herman Migoya est né en Espagne en 1971. Cet écrivain engagé et metteur en scène a aussi été le rédacteur en chef du magazine de BD El Vibora (1992-1998), publié par les éditions La Cupula où il a écrit des scénarios pour Man, Ruben… Victime d’un scandale politique en 2003, il écrit une biographie de l’auteur de romans noirs Charles Williams, puis « Rapt à Lima » pour Joan Martin, édité par Sarbacane. Il adapte « Pepe Carvalho » en 2017 pour Norma en Espagne, et pour Dargaud en France.
Né en 1962 à Palma de Majorque, Bartolomé Ségui Nicolau démarre sa carrière dans les magazines espagnols El Vibora et El Jueves. Il est l’auteur de trois albums traduits chez Dargaud et écrits par Felipe H. Cava : « Les Mains obscures de l’oubli », « Les Racines du chaos » et « Les Serpents aveugles ».À noter qu’en plus des 72 pages de ce récit, l’éditeur offre en bonus une histoire en quatre pages publiée le 15 octobre 2017 par La Vanguardia : « Comment Pepe Carvalho retrouve (une fois dehors) Biscooter » évoquant les retrouvailles à l’air libre des deux amis.
Henri FILIPPINI
« Pepe Carvalho T2 : La Solitude du manager » par Bartolomé Segui et Hernan Migoya, d’après Manuel Và zquez Montalbà n
Éditions Dargaud (15 €) — EAN : 978 2 2050 8494 8
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