Depuis 2021, chaque année, Tiburce Oger rassemble une belle équipe de dessinateurs et dessinatrices pour évoquer l’Ouest américain à travers des personnages authentiques – le Far West, donc – et l’exploitation de ces territoires par des individus qui oubliaient, bien souvent, qu’ils n’étaient que des colonisateurs assoiffés de richesses…
Lire la suite...T’as peur de quoi toi ? Trappeurs de rien ?…
Il existe des séries qui grandissent avec leurs lecteurs. Nous entendons par là qu’elles les accompagnent quand ils prennent de l’âge et deviennent de plus en plus exigeants. Ainsi la série « Trappeurs de rien » qui s’adressait dans ses premiers volumes à des primo-lecteurs de moins de cinq ans a pris de la consistance, tant par le nombre de pages que pour l’intrigue. Le cinquième volume est un petit bijou de western neigeux qui ravira les enfants déjà bon lecteurs du début du primaire.
C’est en 2016 que nous avons fait connaissance avec la petite bande d’amis de la série « Trappeurs de rien ». Du temps des cow-boys et de la conquête de l’Ouest, trois jeunes camarades découvrent les charmes du grand Nord. Il y a Croquette, le plus sûr de lui que Georgie et Mike, ses fidèles compagnons, prennent pour le plus grand trappeur de tous les temps.
C’est certes loin d’être le cas mais cela leur donne de l’assurance pour découvrir les paysages du Nord des États-Unis et du Canada. Ils découvrent ainsi enchantés une flore et une faune exceptionnelles en débutant par une chasse inachevée au grand Caribou.
Par la suite, cet improbable trio affronte un grizzli avant de rencontrer un vieil amérindien dans le tome 2 : « Le Vieux Fou ». Ils partent en pleine nature à la recherche de Coco leur perroquet apprivoisé dans « Coco a disparu ». Enfin dans un tome 4 dont le titre évoque une chanson de Brassens, « La Chasse aux papillons », ils trouvent une jeune fille endormie dans le chalet du papy de Croquette qu’ils occupent depuis quatre volumes.
Dans le tome 5, « La Mine des anciens », ils quittent les montagnes sauvages pour affronter les dangers de la ville. Croquette, Georgie et Mike arrivent ainsi tout crottés à Gadoue City, une ville-champignon mal famée. Après s’être rapidement débarbouillés dans un abreuvoir, ils aident un sympathique estropié qui ne peut traverser la rue boueuse dans son appareil de fortune.
Au saloon, le vieux loup cul-de-jatte leur apprend qu’il a travaillé avec le grand-père de Croquette dans une mine d’or. Pour satisfaire leur curiosité, il décide de les amener visiter cette mine dans laquelle un effondrement l’a privé de ses deux jambes. Au fond d’une sombre galerie, ils mettront à jour le trafic organisé par les frères Labaffe ; Biff, Bob et Bud qui tiennent la ville d’une main de fer.
Évolution intéressante que celle des albums de la série « Trappeurs de rien ». Les premiers volumes s’adressent à un tout jeune public de la fin de la maternelle à qui on lit une histoire ou aux primo-lecteurs de la fin de l’école maternelle.
Ce bel album, au format à l’italienne de plus de 60 pages marque la fin d’un cycle. L’intrigue y est plus complexe, il y a plus de textes pour des lecteurs déjà confirmés du début du primaire. Les petits qui ont découvert Croquette et ses amis il y a quatre ans dans ses premières aventures peuvent ainsi les retrouver avec joie et intérêt dans un album qui se lit indépendamment des tout premiers.
Olivier Pog a construit ici un beau et intelligent récit jeunesse avec des réminiscences de western spaghetti : la ville boueuse, les méchants du saloon, … Il délaisse les paysages ruraux pour mieux plonger ses héros dans les affres d’une ville peu amène ou au fin fond des galeries d’une mine abandonnée avec une belle course poursuite en charriots sur rails comme il se doit. Le scénariste développe des thèmes classiques comme la solidarité, l’entraide, le courage, l’empathie envers autrui mais aussi l’inclusion avec un personnage handicapé, moteur de l’intrigue.
Les personnages zoomorphes : Croquette est un oiseau, Georgie un crocodile à lunettes et Mike un chien, donnent une allure de fable à ce western enfantin à suspens et à la belle morale.
D’une grande maitrise, le trait rond et doux de Thomas Priou crée des ambiances différentes mais toujours chaleureuses que ce soit en ville, dans les montagnes ou au fond de la mine. Aidé par les couleurs de Christian Lerolle, ses belles et grandes cases, souvent allongées, facilitent l’appropriation d’un récit dense par de jeunes lecteurs.
Nul doute que nous et de jeunes lecteurs de plus en plus matures accompagnerons encore longtemps les héros de « Trappeurs de rien » vers des aventures de plus en plus complexes mais toujours marquées par la bienveillance et un humour bon enfant.
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Laurent LESSOUS (l@bd)
« Trappeurs de rien T5 : La Mine des anciens » par Thomas Priou et Pog
Éditions de la Gouttière (13,70 €) – EAN : 979-10-92111-99-6
Â
13.70 euros pour un format à l’italienne de 64 pages heu …. c’est quoi qui justifie un prix pareil alors que les autres albums sont à 10.70 ?
Bonjour Caramel,
L’augmentation du prix me semble modique. Les quatre premiers albums font 32 pages, celui-ci le double, pour un lectorat plus âge, comme il est précisé dans l’article.
Bonne journée,
Laurent
Merci de votre réponse.
Je suis quand même étonné du prix de vente par rapport à sa pagination. Si on met les strips bout à bout (4 bandes par page) on obtient 32 pages. Un album classique c’est 48 pages pour un prix moyen de 10 euros.
Bon aprés c’est la maison d’édition qui fixe le prix, ce sont eux qui décident quelle catégorie de public ils veulent toucher.
C’est dommage (pour les auteurs) parce que la série est intéressante.
Je le lirais en bibliothèque.
Gérant le fonds BD jeunesse d’une grande bibliothèque, je peux te dire que le prix moyen d’une BD qu’on achète est de 11,70 euros, plus que 10…
Et il n’y a pas que le nombre de pages qui compte, le type de reliure, de colorisation sans compter les économies d’échelle que peuvent se permettre Bamboo et Glénat mais que ne peut pas se permettre une petite maison d’édition comme la Gouttière qui mérite d’être soutenue quitte à acheter les livres un peu plus chers !
La Gouttière peut éviter l’album cartonné qui fait considérablement monter le prix de vente.
Une couverture souple comme la collection bd kids est amplement suffissante pour un album jeunesse et le succès est au rendez vous. Vous noterez également les couvertures souples dans les mangas qui cartonnent également.
Il suffit de se souvenir des albums souples de lucky luke et autres séries de Dupuis, d’ailleurs Dargaud fera de même avec les séries du journal Tintin. Cela a permis la diffusion de la bd dans les classes sociales les moins aisées et d’amener le livre dans les foyers où il n’en y avait pas.
Comme je l’ai dit dans mon post précédent c’est la maison d’édition qui choisit sa politique commerciale peu importe sa taille.
Bonjour,
Le livre s’adresse à de très jeunes lecteurs, la couverture cartonnée ne me semble un luxe rédhibitoire car la bande dessinée est destinée à être lue et relue à de nombreuses reprises et manipulée par de petites mains maladroites.
Dans le domaine de la jeunesse, album illustré et bande dessinée, le prix de ce bel album de 64 pages n’est vraiment pas excessif. Le lecteur en grandissant pourra multiplier ses lectures avec des petits formats à couvertures souples aux prix modiques.
Bien cordialement,
Laurent
Je ne saisis pas trop les réponses de Laurent Lessous ? En quoi le public visé joue-t-il sur les coûts de fabrication d’un livre ? Et, au début c’est pour un public adulte, puis plus bas c’est pour un public de très jeunes lecteurs ??… Cela dit pour d’autres commentaires, qu’en 2020 on en soit encore à ne pas comprendre qu’un petit éditeur est toujours proportionnellement plus cher qu’un plus grand – installé – me sidère ? Et, pourtant les petits éditeurs font des efforts considérables, évitent des coûts en faisant des parties par eux-mêmes (maquette notamment) et en se calant sur le standard élevé de la Bande Dessinée européenne qui plus encore que le relié / broché est la quadri(e) ! Il est fini le grand écart des années 70 avec des petits livres en noir et blanc face aux BD standards en couleurs et reliées… Comparer un album grand format classique avec un demi format à l’italienne est complètement décalé : si on compare les restos ou que sais-je de cette faço, les comparatifs ne mènent à rien. Un Gaston demi-format Dupuis (pas le plus petit éditeur)est à 10,95 euros / 64 pages : comparons ce qui est comparable ! Les films sont amortis depuis des décennies, tout comme la numérisation de ceux-ci du fait de leurs multiples déclinaisons notamment albums classiques ; tirages promos ou pubs ; intégrales et surtout les mêmes livres par Marsu pour Le Soir avant que Dupuis ne reprennent l’idée pour la diffusion en librairie ! Personnellement ce sont les Gaston similaires (sauf le dos : pardon ! ) que je trouve chers à seulement 20% de différence et par rapport à un album grand format de la même série… Il n’y a mêmeeu aucun boulot de maquette (recherche) pour lespetits Gaston : ce sont celles créées il y 60 ans !!!!!!…
La collection X de Futuro comme le catalogue Futuro était relativement chère, mais là quand on voit les prix de grands éditeurs comme Actes sud ou autres en romans graphqiues, il ne faut pas exagérer pour 64 pages couleurs et relié ! Au fait : un demi format en coûte pas la moitié du prix d’un grand format en fabrication, c’est même parfois assez cher en façonnage pour diverses raisons…
Bonjour,
Tout d’abord merci de vos commentaires sur notre site. Pour vous répondre, je signalais simplement, en réponse à Caramel, qu’un ouvrage destiné à de jeunes lecteurs, souvent maladroits, a besoin d’une couverture solide.
Ce qui justifie un prix supérieur à des livres à couverture souple, souvent destinés à un public ado-adulte.
Cela dit, une excellente BD jeunesse sera lue de nombreuse fois, bien plus selon les statistiques que des romans, et investissement sera ainsi vite rentabilisé.
Bien cordialement,
Laurent