Dans le cinquième volume de ses aventures, « Le Grimoire d’Elfie T5 : Les Reflets de Walpurgis », la jeune Elfie découvre le marais poitevin (entre La Rochelle et Niort) et des festivités réservées aux magiciens et sorcières depuis le temps de la mystérieuse fée Mélusine. Une nouvelle enquête pour la jeune adolescente, avec l’apport non négligeable de son grimoire magique, à l’issue de laquelle elle en aura appris beaucoup sur les dangers contemporains qui guettent cette zone humide remarquable et sa propre famille.
Lire la suite...Quand la Roumanie réinvente la BD franco-belge : interview de Maria Surducan…
Après avoir conquis ses compatriotes, Maria Surducan, autrice roumaine, voisine de Dracula, débarque aux éditions Les Aventuriers de l’étrange avec plusieurs titres, afin de conquérir le marché francophone.
BDzoom.com : Au XVIIIe siècle, le français était une langue courante dans la haute société roumaine. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Comment se fait-il que tu maîtrises aussi bien la langue de Molière ?
Maria Surducan : En Roumanie, on apprend deux langues étrangères à l’école. D’habitude, le premier c’est l’anglais, et la seconde est soit le français, soit l’allemand ou l’italien.
Mais c’est à la suite de mes lectures extrascolaires que j’ai commencé à aimer et maîtriser le français.
BDzoom.com : Peux-tu nous parler un peu de ton parcours ?
Maria Surducan : J’ai fait le lycée des beaux-arts de Cluj, et puis quatre ans de graphisme à l’université d’art et design de Cluj, et puis deux ans de master. C’était une formation très classique qui comprenait des études de dessin, anatomie, gravure et photographie analogue, mais qui m’a offert une fondation solide.
J’ai commencé à travailler, en 2010, comme illustratrice indépendante, surtout sur des projets de publicités et illustrations de livres ; mais, en même temps, je m’intéressais à la BD. Ma sœur faisait un fanzine BD et, même s’il n’y a pas vraiment une industrie de la BD en Roumanie, il y a une scène underground très intéressante, soutenue par les instituts culturels étrangers. J’ai participé à plusieurs anthologies et j’ai publié mon premier album BD en 2013 (« Prâslea cel Voinic și Merele de Aur »), en roumain, à la suite d’une campagne de crowdfunding.
En 2014, j’ai publié mon premier livre en France (« Foire de nuit ») et j’ai continué à publier en Roumanie, soit comme autrice, soit comme scénariste.
Toujours en France, j’ai publié « Naïade » chez Makaka, avec les dessins d’Anna Benczedi, et après j’ai commencé ma collaboration avec Les Aventuriers de l’étrange, où j’ai publié « Au cœur des Terres ensorcelées », « Le Bal des douze princesses », et avec lesquels on prépare maintenant « Les Vacances de Nor ».
BDzoom.com : Quelles étaient tes lectures durant ta jeunesse ?
Maria Surducan : Le premier livre que j’ai lu toute seule, c’était « Le Petit Prince » de Saint-Exupéry, puis j’ai adoré Jules Verne, Karl May et Terry Pratchett (qui reste mon auteur préféré).
Je suppose que ce que j’aime dans une histoire c’est la subversion des attentes et la magie qui s’intègre à la réalité.
BDzoom.com : Y a-t-il d’autres artistes dans ta famille ?
Maria Surducan : Comme je l’ai déjà précisé, ma sœur Ileana qui est illustratrice, céramiste et bijoutière, fait aussi de la bande dessinée. On a même réalisé ensemble : « Les Vacances de Nor » qui, si tout va bien, sortira en France en juin, chez Les Aventuriers de l’étrange.
BDzoom.com : Quand as-tu découvert la bande dessinée ?
Maria Surducan : J’avais lu des BD quand j’étais toute petite, mais elles ne m’ont pas trop impressionnée. La révélation de la BD, je l’ai eue à 12 ans, quand j’apprenais le français. L’institut français avait une médiathèque pleine de livres de bande dessinée ; donc, j’ai commencé avec « Les Schtroumpfs », et puis j’ai continué avec « Astérix », « Gaston Lagaffe » et « Le Chat du rabbin ».
BDzoom.com : Quelles sont tes sources d’inspirations ?
Maria Surducan : J’ai été toujours intéressé par les costumes populaires — ceux de la Roumanie au commencement, et puis celles de la région. J’ai un projet, qui s’appelle « Les Voisins », qui explore un peu les costumes des pays se trouvant autour de la Roumanie. J’adore les contes de fées, dont le rôle magico-thérapeutique est incontestable. J’aime utiliser le fantastique comme traduction pour les émotions profondes.
BDzoom.com : Et ton univers ?
Maria Surducan : C’est plutôt difficile pour les poissons de définir l’eau. Mais on m’a dit que c’est un univers magique, parce que j’aime utiliser le fantastique comme traduction pour les émotions profondes.
BDzoom.com : Tu es une autrice complète : scénario, dessins, couleurs. Éprouves-tu le même plaisir dans chacun de ses aspects du métier ?
Maria Surducan : Oui, absolument, surtout parce que je ne les voie pas comme étant trois métiers différents, mais trois aspects du même métier — celui de raconteur. Donc, moi, j’utilise tous les outils que j’ai (la parole, le trait et les couleurs) pour raconter une histoire de mon mieux.
BDzoom.com : Peux-tu nous parler de la bande dessinée roumaine ? Y a-t-il une unité ?
Maria Surducan : Je ne suis pas sûre qu’un peut vraiment parler de la bande dessinée roumaine.
Mais on peut certainement parler des auteurs roumains de BD et des thèmes qu’ils approchent.
Il y a beaucoup d’histoires aux sujets historiques, de la littérature adaptée en BD et un intérêt pour les problèmes sociaux.
BDzoom.com : Quels sont les auteurs de BD que tu lis aujourd’hui ?
Maria Surducan : J’aime bien ce que font Jillian Tamaki, Tom Haugomat, Noelle Stevenson et Isabelle Arsenault.
BDzoom.com : Peut-on vivre de la bande dessinée en Roumanie aujourd’hui ?
Maria Surducan : Là, je ne sais pas comment répondre, parce qu’il y a trop de variables. S’il s’agit de vivre de la BD en publiant en Roumanie, alors, non, parce que cette industrie n’existe pas vraiment ici. S’il s’agit de vivre de la BD en publiant partout dans le monde, mais en habitant en Roumanie, oui, j’imagine que c’est possible — mais je pense aussi que c’est plutôt difficile. S’il s’agit de mon expérience personnelle, je vis à 50 % de l’illustration de livre, à 25 % de l’illustration publicitaire et à 25 % de la bande dessinée.
BDzoom.com : Était-ce une consécration pour toi d’être publiée en France ?
Maria Surducan : Je suis bien trop jeune pour parler de la consécration. Mais j’avoue que j’ai ressenti un sentiment d’accomplissement, et aussi de gratitude — c’est toujours un honneur de savoir qu’il y a des gens qui lisent et qui aiment ce que je fais.
BDzoom.com : Peux-tu nous conseiller d’autres auteurs roumains ?
Maria Surducan : J’adore le travail de Andrei Puică, qui vient de publier « Les Oiseaux lumineux » chez Les Aventuriers de l’étrange. Je peux vous conseiller aussi Xenia Pamfil et Sorina Vazelina.
Julien DEROUET
Les personnes intéressées par la BD roumaine liront avec intérêt deux ouvrages rédigés en français par Dodo Nita : « L’histoire de la bande dessinée roumaine » (1992) et « Le dictionnaire de la BD roumaine » (1995, réédité en 2005), deux ouvrages disponibles à la bédéthèque du CBBD. Dodo Nita avait participé à l’exposition « 75 ans de BD roumaine » présentée au CBBD en 2011-2012.