Dix ans après la parution de « Résurrection », la première partie d’un diptyque accouché dans la douleur, voici enfin « Révélations » : conclusion du dernier récit du regretté Philippe Tome, décédé alors qu’il travaillait sur les dernières pages de son scénario. Les éditions Dupuis proposent, enfin, l’intégralité de cette aventure magistralement dessinée par Dan Verlinden, digne successeur de ses deux prédécesseurs : Luc Warnant et Bruno Gazzotti.
Lire la suite...« Monde Mutant : intégrale » : alleluia, la fin du monde sera pour…demain !
Les éditions Delirium frappent à nouveau un grand coup en sortant la réédition en intégrale d’un récit de science-fiction indisponible en français depuis 1991. Cette édition regroupant deux récits auparavant séparés, bénéficie d’une nouvelle traduction et surtout, d’une superbe colorisation, ainsi que des bonus particulièrement intéressants. De quoi définitivement muter.
Dimento est un être frustre, trimballant son corps de jeune homme mutant dans un monde apocalyptique, rongé par les radiations, où l’occupation principale des êtres le peuplant est de trouver à manger…sans être mangé. C’est là qu’un jour, il croise le chemin de Julie, une belle jeune femme blonde, dont on ne sait ce qu’elle fait seule ici… Leur destin va dorénavant être lié.
« Monde Mutant » a été publié en 8 chapitres dans la revue 1984 de Toutain editor (Warren publishing aux USA), entre juin 1978 et septembre 1979. En France, ce sont les éditions Campus et leur revue Ère comprimée qui la traduiront dés son premier numéro, en décembre 1979 et jusqu’à son numéro 4, paru durant l’été 1980. Avant la fin du deuxième chapitre, Corben, sentant le besoin d’être aidé sur cette nouvelle histoire, fait appel à Jan Strnad, avec lequel il a déjà produit « Les Mille et une nuits » (1). Le problème, c’est que le rédacteur en chef de la revue change les dialogues et y incorpore des obscénités. Lorsqu’il s’agit d’éditer la série sous forme de roman graphique, le duo claque alors la porte de Warren et Richard Corben le publie lui-même, en 1982, sous le giron de sa structure Fantagor press. En France, un album sera édité, en 1983 chez Campus éditions. Dans les deux cas, les dialogues ont été revus et pour rendre le récit plus cohérent, huit pages sont rajoutées,
En 1990, le duo s’associe à nouveau, afin de proposer une suite. Ce sera « Fils du monde mutant », écrit cette fois directement pour Fantagor Press, sous forme d’épisodes pensés dés le départ comme un tout. Les deux premiers seront cependant mal imprimés en couleur, et les autres resteront en noir et blanc. Aucun album ne paraîtra aux USA, la France ayant cependant le privilège de connaître un album cartonné chez Comics USA en 1991.
Dans cette suite, se situant une grosse quinzaine d’années plus tard, nous faisons la connaissance avec une demoiselle chevauchant un énorme Grizzli, Hershel et son corbeau, navigant à bord d’un ballon, un vieux chasseur de Grizzli et son jeune fils. Tous vont être mêlés à l’invasion de l’île forteresse (la colonie d’humains, dirigée par Max, l’ex-partenaire de « Julie »), par l’armée de mutants du redoutable Bouillasse.Le temps à passé, la vie est toujours aussi dure (aaah ! Les plantes suçoirs, accueillant sévèrement, la nuit, les visiteurs de la forêt entourant la forteresse), mais nos protagonistes principaux, ceux qui ont du cœur, aspirent à une douceur retrouvée. Cela sera-t-il possible ?
Profitant du lancement d’une campagne participative de Corben studios sur Kickstarter en août 2019, afin d’envisager le financement de ce roman graphique inédit aux USA, avec une recolorisation entièrement effectuée par la propre fille du dessinateur : Beth Corben, sous sa supervision, Laurent Lerner a décidé de s’associer à l’événement. C’est ainsi que, 28 ans après une première version, certes agréable, mais épuisée depuis longtemps, les fans de l’artiste, et de science-fiction en général – et ils sont nombreux – peuvent bénéficier d’un superbe album cartonné présentant l’intégrale de cette histoire vraiment passionnante, si propre à l’univers Corbenien.
Lorsqu’on lit ou relit « Monde mutant », c’est toute une culture post-apocalyptique qui est conviée, ramenant le souvenir des premiers émois de découvertes de cases provenant de la revue Métal hurlant. « Den » avait bouleversé des milliers de lecteurs en 1975, mais retrouver cette ambiance de fin du monde…quelle sensation !
Les sentiments humains sont, comme souvent avec ces deux auteurs, exacerbés, la violence est crue, les coups pleuvent et font mal, et l’humain, ou ce qu’il en reste, est foncièrement mauvais. Même le « père » Colombe, sorte de moine extrémiste, n’offre pas un portrait très positif de l’âme humaine. Imaginez : 1978 !! On était encore loin de « Walking Dead » et, ce qui pourrait peut-être paraître un peu désuet aujourd’hui, pour un jeune lecteur, ne l’est pas. À propos de « Walking Dead », on se plaira à trouver cependant quelques parallèles (un clin d’œil de ses créateurs à « Monde mutant», pourquoi pas ?), dans l’histoire de cette « colonie » devant faire face à une horde de mutants, mais aussi, soyons fous, dans le prénom d’un des leaders : Hershel, présent aussi dans la célèbre série TV.
« Monde mutant » à gardé toute sa violence, toute sa force, et il reste comme une référence dans la culture bédéphile de science-fiction. C’est un incontournable, et en plus, il est beau (huit pages de textes et photos inédites préparatoires plus les introductions originales des deux auteurs, datées 1982, sont joints). Le delirium tremens nous guette.
Franck GUIGUE
« Monde Mutant intégrale » par Richard Corben et Jan Strnad
Éditions Délirium (25 €) – ISBN : 979-10-90916-54-8
(1) « Les Mille et une nuits » de Corben sont parues en français en 1979 chez les Humanoïdes associés)
Bonjour …
une petite incohérence qui n’arrête pas de me titillè ; pourquoi
“ fils du monde mutant ” alors que Dimentia est une fille ¿???¿ !!
“ Fille du monde mutant ” ou “ fille d’un monde mutant ” aurait-été
plus approprié , mais c’est sûrement voulut ainsi par les auteurs .